Une médaille d’or rassurante pour Agbegnenou

Martyna Trajdos, championne d’Europe, expulsée par Clarisse Agbegnenou en finale des -63 kg / © Officiel IJF

Cette année, Clarisse Agbegnenou a été battue par deux Européennes, et deux fois lors d’une événement majeur, au championnat continental par l’Allemande Martyna Trajdos, au championnat mondial par la Slovène Tina Trstenjak. À chaque fois, elle a donné le sentiment qu’elle était confrontée à une difficulté nouvelle face à des schémas technico-tactiques conçues dans la perspective de lui poser des problèmes. L’Allemande Trajdos avait ainsi bien joué le coup à la garde au championnat d’Europe. C’était donc une double satisfaction pour la Française aujourd’hui : emporter l’or de ce Grand Chelem alors qu’elle n’avait pas pu participer à celui de Paris, mais aussi battre en finale, et dans les grandes largeurs, cette Allemande attirée régulièrement par la plus haute marche du podium. Elle a laissé l’Allemande installer sa main gauche en premier et s’est très lucidement concentrée sur la seconde saisie, gênant beaucoup de cette façon son adversaire, qu’elle a rapidement sortie sur un grand o-soto-gari.
Dès le premier tour, elle avait eu droit à un vrai test avec l’Autrichienne Drexler, 16e mondiale, et à un gros bras de fer à gérer ensuite avec la néo-Britannique (ex-Israélienne) Alice Schlesinger, une adepte de la garde haute qu’elle a fini par dominer dans une phase au sol, où elle semble se sentir de plus en plus à l’aise. Encore une satisfaction en quart de finale avec une domination tranquille de sa grande rivale 2013-2014, l’Israélienne Yarden Gerbi, qu’elle mettait d’entrée sur la nuque par ura-nage, puis une seconde fois sur le même mouvement pour yuko, avant de gérer sans pression jusqu’au bout. Une belle moisson de points qui conforte sa deuxième place mondiale, un plein de confiance dans le réservoir, le week-end a été bon pour la vice-championne du monde française. Il lui reste avant Rio à retrouver sur sa route la nouvelle n°1 mondiale et championne du monde, la Slovène Tina Trstenjak, pour remettre les pendules à l’heure et le compte sera bon avant Rio.

Il manquait Margaux Pinot

Pas de regain de forme pour la seconde Française engagée dans la catégorie des -63 kg, Anne-Laure Bellard, qui se faisait surprendre par le judo élégant d’une nouvelle venue russe, Ekaterina Valkova (38e mondiale) qui passe aussi au tour suivant la Brésilienne Kattleyn Quadros, avant d’échouer d’une pénalité sur les fausses attaques de la Néerlandaise Van Emden. Pas de Française du tout en -70 kg, où on aurait bien aimé revoir Margaux Pinot après sa belle performance parisienne (3e). Et un seul combattant pour nous chez les masculins : le 26e mondial Guillaume Chaine (-73 kg) qui passe d’une pénalité l’Iranien Vahid Bana… 324e mondial et plus nettement le Monégasque Cédric Bessi, 146e, avant de céder à son tour devant le puissant Israélien Sagi Muki, champion d’Europe en titre. Trop tôt pour obtenir un repêchage.

An Changrim, la deuxième médaille d’or masculine coréenne

On attendait la performance du Coréen An Changrim, il a été à la hauteur des attentes avec quatre ippons en cinq combats, dont un sur Sagi Muki, et un ko-uchi-gari merveilleux en finale sur l’Allemand Igor Wandtke. Le seul à lui résister à ce niveau fut le champion olympique des -66 kg, le Géorgien Lasha Shavdatuashvili – battu d’une pénalité -, qui semble lui aussi bien se replacer avec les Jeux en perspective. En revanche le retour du roi Kim Jae-Bum se fait attendre. Alors qu’il menait tranquillement d’un waza-ari, il est battu par ippon par le très jeune (21 ans) Bulgare Ivaylo Ivanov, remarqué au championnat d’Europe juniors 2013 (3e), qui en profite pour réussir le très bel exploit de gagner son premier Grand Chelem après deux médailles seulement en Open Continental.

Shirazudin Magomedov devant Khasan Khalmurzaev

Ça grince du côté du vieux dragon coréen, et ce n’est pas mieux pour ce qui concerne le champion olympique Mansur Isaev, très loin au classement mondial (59e), et battu au second tour par le Chinois Sai Yinjirigala (42e), qui ne s’est classé que sur un podium cette année, mais tout en haut, en Mongolie en juillet, devenant le premier combattant masculin du judo chinois à gagner un Grand Prix. Les Russes se consolent avec la bonne prestation des deux prétendants en -81 kg, Khasan Khalmurzaev, qui sort le Coréen Lee Seungsu, et surtout Shirazudin Magomedov, excellent contre le Canadien Valois-Fortier avant d’être lui aussi surpris par le jeune Bulgare. Il prend le bronze à son jeune compatriote sur un kata-guruma de démonstration.

Polling, étranglée par Vargas-Koch

En -70 kg, on a revu la Néerlandaise Kim Polling, encore un ton en dessous de sa vista de 2013, et avec un « trou » sur kata-ha-jime, l’étranglement que lui plaçait en finale l’Allemande Vargas-Koch, qui se faisait jusque-là assez copieusement dominer. La n°3 mondiale se replace en dominant la n°1 mondiale, les Jeux se rapprochent, on se reconcentre.

La France deuxième en attendant mieux

Il n’y a pas photo. En l’absence des Japonais, l’Asie est bien défendue par la Corée qui accumule l’or avec ses jeunes champions. Deux pour les garçons en quatre catégorie, une pour les filles. Malgré ses beaux résultats, une médaille d’or chaque jour pour ses féminines, la France reste donc deuxième nation. Mais la dernière partie du tournoi, ce dimanche, pourrait lui être favorable.