Dicko/Sone, combat au sommet.
Crédit photo : Gabi Juan/IJF

Les têtes de série connues avant le tirage au sort, on savait qu’une demi-finale entre Romane Dicko et Akira Sone pouvait avoir lieu. Une rencontre au sommet, entre les deux meilleures +78kg des cinq-six dernières années sur ce dernier Grand Chelem avant les JO !
Une hypothèse un peu folle, alors que ces deux grandes judokas s’étaient évitées depuis Tokyo 2021 et l’épreuve par équipes. Akira Sone menait deux à zéro jusque là contre la championne du monde tricolore 2022. Mais, ce matin, les dynamiques de performance ont parlé ! Dicko restait sur quatre victoires consécutives : les Grands Chelems de Paris et Bakou en 2024 et les championnats d’Europe 2023 de Montpellier. Numéro une mondiale, la Française est inarrêtable depuis sa défaite au premier tour des championnats du monde 2023. De l’autre côté, Akira Sone, championne olympique et du monde en titre, ne termine que cinquième à Tbilissi et septième aux championnats d’Asie où elle se blesse à la cheville en quart de finale.
Après deux victoires faciles contre la Brésilienne Santos et la Mongole Dambadarjaa, la judoka du PSG se retrouvait donc face à son épouvantail. Un duel qui n’a finalement pas eu lieu, tant Dicko a écrasé, au propre comme au figuré, Sone. Un travail au kumikata précis pour à la fois empêcher la Nipponne d’avoir sa main gauche au revers tout en pouvant monter son bras droit loin, un impact physique terrible et un travail technique qui voyait la Française projeter Sone vers l’arrière avec sa jambe droite en barrage. La Japonaise arrivait sur la tranche. Parfaite dans son suivi au sol, la Française immobilisait l’ancienne étudiante d’IPU et Nittai-Dai, jouant parfaitement de sa densité physique pour rendre totalement impuissante la judoka de l’entreprise Park 24. En finale, Dicko innove remarquablement, avec un juji-gatame sur un travail au sol contre la Chinoise Xin Su, n° 3 mondiale et en or à Tashkent.
Teddy Riner avait été époustouflant de domination totale la semaine dernière à Douchanbé. Ce dimanche, la production parfaite de Dicko peut être analysée à la même aune.

Les trois autres Bleus, Francis Damier (FLAM 91) et Marc-François NGayap (Arts martiaux Asnières) en -100kg et Kamzat Saparbaev (Arts martiaux Saint-Gratien) en +100kg ne sortent pas de tableau. Le premier bat le Géorgien Onise Saneblidze qui se blesse au genou et ne peut continuer le combat avant d’être battu par le Japonais Wolf. Le second est battu est par le Danois Mathias Madsen sur un waza-ari ubuesque donné à ce dernier alors que c’est l’Asniérois qui accroche en premier sur l’action. Une décision aberrante, tout comme celle contre Boukli vendredi. L’analyse que nous faisions de l’action et du waza-ari de Tinbayeva à six secondes de la fin semble d’ailleurs corroboré par le visionnage de l’action avec la caméra située côté coach (à visionner sur JudoTV).

Ce dimanche, c’est le Japon qui fait sa loi après la Russie vendredi et l’Europe hier. Deux victoires masculines pour le champion olympique en titre des -100kg. Crâne presque rasé, l’ancien capitaine de Tokai remonte en puissance au bon moment. En finale, son uchi-mata contre le talentueux et régulier Suisse Daniel Eich, déjà en argent à Douchanbé le week-end dernier, est du pur bonheur de passionnés.
En +100kg, Tatsuru Saito, une semaine après Riner, bat le Tadjik Temur Rakhimov en finale sur un o-uchi-gari à vingt secondes de la fin. Akira Sone terminera finalement en bronze après un joli ippon-seoi-nage à droite. Les deux dernières victoires du jour vont à la Chinoise Ma Zhenzhao qui prend mille points et se retrouve ce soir quatrième à la ranking-list mondiale.
En -90kg c’est le Biélorusse Yahor Varapayeu qui s’impose à la surprise générale ! Sa dernière et seule médaille en Grand Chelem datait de mars 2018. Il restait sur dix compétitions sans être classé.
En finale, il bat le vice champion olympique Eduard Trippel.

La Russie garde tout de même la tête du classement avec deux titres, une médaille d’argent et trois médailles de bronze. À noter le nouveau d’Elis Startseva en +78kg, une judoka dont il faudra se méfier à Paris début août. Le Japon termine deuxième avec deux titres et quatre médailles de bronze (Haruka Funakubo, Minami Aono, Akira Sone et Sotzro Fujiwara), l’Italie se positionne à la troisième place.

Rendez-vous dans une semaine à Abou Dhabi pour le début des championnats du monde !