De la frustration. Un sentiment qui traversera à coup sûr les pensées de Luka Mkheidze et Daikii Bouba après leur défaite en finale cet après-midi lors à Bakou. Pour le -60kg du PSG Judo, la cause de cette frustration sera à chercher du côté des règles d’arbitrage. Dans un combat équilibré et passionnant face au Russe Ramazan Abdulaev, le champion d’Europe et médaillé d’or à Paris il y a deux semaines se voyait punir par hansokumake pour « diving » suite à une tentative de makikomi. Sur la forme, pas grand chose à dire. Sur le fond, encore une fois, l’action lancée par le médaillé olympique mettait-elle véritablement en danger son intégrité physique ? Cette règle, rédigée sans discernement, devra être mise sur la table après les JO. Reste que Mkheidze réalise encore une journée remarquable de maîtrise sereine. Son adversaire, absolument létal encore un fois avec son sode-guruma et un ne-waza bien au-dessus de la moyenne, marque lui le coup dans son duel avec Ayub Bliev pour la place de titulaire russe à Paris dans cette catégorie. Mille points pour Abdulaev qui va rentrer dans les dix meilleurs mondiaux à la ranking-list olympique. Mkheidze, lui, assure 700 points et va passer troisième. Une excellente séquence pour le Français.
Pour le -66kg, de l’AJA Paris XX, la frustration viendra plutôt d’une occasion laissée à l’Espagnol Alberto Gaitero Martin au sol, un domaine que l’Ibérique apprécie beaucoup et qu’il ne laissa pas passer. Dommage car le Français était indubitablement le plus dominateur debout, avec ses tentatives dangereuses de ko-uchi-gari. L’Espagnol qui dominait inexplicablement aux shidos ne se montra pas dangereux, au contraire du Tricolore qui donnait clairement l’impression d’avoir le combat à son compte. Première médaille en Grand Chelem toutefois pour Bouba qui vient récompenser un bonne dynamique sur les derniers mois. S’il ne fut pas classé à Paris, sa cinquième place à Tokyo début décembre tenait de l’injustice, tant il aurait dû remporter sa demi-finale et s’offrir une finale de prestige face à Hifumi Abe. Une première symbolique que cette médaille d’argent pour lui qui valide son niveau réel dans cette catégorie.
Si les victoires de l’Ouzbek Diyora Keldiyorova, mine de rien deuxième à la ranking-list olympique en -52kg et de la Canadienne Christa Deguchi en -57kg étaient attendues, celle de la jeune Suédoise Tara Babulfath l’était beaucoup moins. Âgée de dix-huit ans (elle est née le 3 janvier 2006), cette -48kg d’un mètre et cinquante-trois centimètres, junior première année vient de s’offrir totu simplement son premier Grand Chelem ! Coachée depuis plusieurs mois par Jane Bridge, notre chroniqueuse devenue responsable de la performance pour le judo suédois, fille d’un lutteur sélectionné aux JO d’Athènes en 2004 et d’une mère également lutteuse – médaillée mondiale -, Tara Babulfath, son physique d’acier et un ne-waza solide. Ce vendredi, la jeune Suédoise réalise une performance maousse costaud puisqu’elle ne bat que des têtes de série : l’Israélienne Tamar Malca (n°6), la Kazakhstanaise Abiba Abuzhakynova (n°2), l’Espagnole Mireia Lapuerta Comas (n°3) et la Serbe Milica Nikolic (n°1) ! Parcours incroyable pour cette combattante à l’endurance de marathonienne, qui pique Nikolic au sol au golden score sur une sortie de jambe basique mais réalisée sans fautes techniques. Septième aux Europe à Montpellier – elle était alors encore cadette -, Tara Babulfath est un nom qu’il va falloir retenir pour les années à venir.