Médaille de bronze pour la -78kg, Ouzbékistan et Japon à la fête

Fanny-Estelle Posvite est allée au bout d’elle-même contre la Portugaise Sampaio. Crédit photo : Aurélien Brandenburger / L’Esprit du Judo

C’est le nez pris, avec des maux de tête et une mine très fatiguée que Fanny-Estelle Posvite descendait de son troisième podium de Grand Chelem de la saison, après Osaka et Paris. Battue par Madeleine Malonga en finale à l’AccorHotels Arena, une défaite qui obérait de manière quasi-définitive, nous apprenait-elle, ses chances de sélection olympique, La Limougeaude trouve de manière admirable les ressources pour tenir le choc face à la jeune Portugaise Sampaio et finalement l’emporter aux pénalités pour se parer de bronze. Facile sur son début de journée, Posvite tombait dans le piège tactique de la Cubaine Antomarchi en 1/4 de finale. Une journée mitigée -selon ses termes – pour la Tricolore qui venait uniquement chercher la victoire pour pouvoir encore croire à un destin olympique mais malgré tout satisfaite d’avoir fait abstraction du coup de froid attrapé durant la pause.
En +78kg, les deux engagées du jour, Julia Tolofua et Anne-Fatoumata M’Bairo subissent toutes les deux la loi de Vanessa M’Balla. La première en tableau, battue de manière strictement identique qu’à Paris. Dommage, car l’Orléanaise avait sorti au tour précédent la tête de série brésilienne Marie-Suelen Altheman sur le rythme.
La seconde fait parler son makikomi ce dimanche. C’est d’ailleurs avec son spécial que la Campinoise marque la première durant sa place de troisième contre la Camerounaise avant de se faire contrer deux fois. En tableau, M’Bairo se faisait cueillir d’entrée, en 1/4 de finale, par la légende de la catégorie, la Cubaine Idalys Ortiz, finalement en bronze ce dimanche.
Cédric Olivar, seul masculin tricolore du jour, subit d’entrée le o-uchi-gari de l’Ouzbek Khurramov. Le champion de France des -100kg pourra se consoler en se disant qu’il aura perdu contre le futur vainqueur – surprise – de la catégorie.
Un Grand Chelem d’Allemagne qui se clôt donc avec un total de cinq médailles, toutes féminines, qui placent la France à la quatrième place du classement des nations.

Bobonov éblouissant, Hamada écoeure Aguiar

Davlat Bobonov, magnifique vainqueur en -90kg. Crédit photo : Aurélien Brandenburger / L’Esprit du Judo

Après Naohisa Takato vendredi et Tato Grigalashvili samedi, Davlat Bobonov restera comme le grand bonhomme de cette ultime journée à Düsseldorf. L’Ouzbek, très fusionnel avec Ilias Iliadis, désormais entraîneur en chef de l’équipe nationale, a tout simplement été époustouflant d’insolence technique. Son uchi-mata sukashi en finale contre l’Ukrainien Nabhali est tout simplement parfait…sauf pour les superviseurs qui n’y voient qu’un waza-ari ne rendant absolument pas justice à cette magnifique inspiration tout en sensations. Sans conséquence fâcheuse toutefois puisque l’Ouzbek place sur la séquence suivante un tsuri-komi-goshi.
Auparavant, Bobonov avait balayé tous ses adversaires du jour en moins de deux minutes, sortant d’un tableau ultra-compliqué : eri-seoi nages supersonique contre le jeune Géorgien Lasha Bekauri (dont vous pourrez retrouver l’interview dans notre prochain numéro), kata-ha-jime d’école sur Beka Gviniashvili qui en perdait connaissance, tai-otoshi à la Lee-Won-Hee sur le vice-champion du monde 2018, le Cubain Silva Morales. Finaliste à Osaka, éliminé à Paris par Sherazadishvili sur une ultime pénalité sur le gong (alors qu’il menait waza-ari), Davlat Bobonov est l’homme qui monte, très vite et très fort, dans cette catégorie des -90kg. Sur ce qu’il montre depuis plusieurs semaines, le protégé d’Iladis a le profil d’un médaillé olympique. Voire plus.
Un dimanche qui a décidément souri à l’Ouzbékistan puisque Kurramov s’impose en -100kg, battant aux pénalités le roué Azéri Elmar Gasimov. Chez les +100kg, Guram Tushishvili ne se loupe pas. Attendu, le n°3 mondial, dont c’était la seconde sortie internationale depuis Tokyo après sa victoire à Tashkent fin septembre, se fait parfois peur avec des morote-seoi-nage à la limite de la fausse attaque (il bat le Brésilien Silva en demi-finale aux pénalités avec un arbitrage qui fait pester la pourtant très stoïque Yuko Nakano-Fujii). En finale, le champion du monde 2018 marque dès sa première attaque forte sur son sode qui fait vriller l’Allemand Johannes Frey.

Chez les féminines, nouveau doublé japonais avec la victoire de Shori Hamada et Sarah Asahina. Battue dans la course à la sélection olympique par Akira Sone, cette dernière, judokate de l’entreprise Park 24 se montre intouchable battant nettement Ortiz en demi-finale sur une liaison debout-sol lors de la première séquence de combat.
En -78kg, Shori Hamada fait valoir son ne-waza infernal, épuisant et désespérant la double championne du monde brésilienne Mayra Aguiar en finale après une séquence de plus d’une minute et d’un degré de maîtrise qui a régalé tous les amateurs.
Une victoire en forme de sélection olympique officieuse pour Hamada, vice-championne du monde 2019 et 2e à Osaka, selon les nombreux journalistes japonais sur place.
Avec ses nouveaux titres, les féminines nipponnes cumulent cinq victoires et six médailles lors de ce Grand Chelem. Une seule défaite japonaise pour le groupe de Katsuyuki Masuchi. Et on la doit à Shirine Boukli. Chez les masculins, trois titres, quatre médailles pour cinq engagés. Seul Takanori Nagase passe à travers.
Derrière on retrouve deux pays, l’Ouzbékistan et la Géorgie avec deux titres et le signe que leur groupe masculin est dans le temps pour arriver à bloc à Tokyo.