Makhmadbek Makhmadbekov. Madina Taimazova. Deux noms à retenir. Deux noms, symboles de la nouvelle génération russe émergente victorieuse ce jeudi. Et, encore aujourd’hui, de l’occasion saisie par les jeunes pousses de l’équipe d’Ezio Gamba de se retrouver dans la lumière lors de ce Grand Chelem chipé à la France. Dont d’ailleurs les représentants du jour ont été rapidement hors course.

Blessure pour Axus, Djalo devra s’arracher à Budapest

Cela ressemble à une malédiction. Après Walide Khyar (cheville) et Axel Clerget (commotion) au Masters de Doha, Aurélien Diesse au Grand Chelem de Tel-Aviv (coude), Nicolas Chilard aux championnats d’Europe (ligaments croisés du genou) c’est au tour de Benjamin Axus de se blesser lors de son premier combat, aujourd’hui, contre le Mexicain Cardoso. Selon les premières observations ce serait une entorse du ligament latéral externe du genou droit. Restait donc Guillaume Chaine et Alpha Djalo. Le -73kg et le -81kg s’inclinent l’un au premier tour, l’autre au second (après avoir battu le néo-Serbe Zebeda Rekhvalashvili sur un ippon-seoi-nage à droite) de la même manière : aux pénalités. Chaine, pour une fausse attaque face au Biélorusse Shoka (38e mondial), le second pour la même raison face au Russe Lappinagov (14e mondial). Deux éliminations prématurées, dont celle de Djalo s’avère particulièrement embêtante puisqu’il ne restera au judoka du PSG Judo que les championnats du monde pour marquer les si précieux points pour obtenir son billet pour Tokyo. La situation se tend très clairement, mais rien n’est définitivement perdu.
Seule engagée féminine, Rania Drid, la jeune judokate monégasque (21 ans), cinquième aux Europe juniors 2020, passe aisément l’obstacle camerounais Wezeu Dombeu avec un joli uchi-mata. Mais la marche Martyna Trajdos, médaillée de bronze aux Monde 2019 et aux Europe 2020, était nettement trop haute. Mais comme Mélanie Vieu et Gaëtane Deberdt hier, il s’agissait pour Drid de son premier Grand Chelem et de son épreuve du feu sur le circuit FIJ. Une bonne prise d’expérience donc.

Taimazova et Makhmadbekov, en toute logique

Taimazova et Makhmadbekov donc. Vainqueurs en -70kg et -73kg, ces derniers ont surfé sur l’excellente dynamique initiée hier, en particulier par Murad Chopanov, de la même génération. Des judokas que les observateurs les plus attentifs du judo mondial voient arriver de loin. Deux exemples typiques d’une loi cachée devenue la norme implicite mais de plus en plus puissante du judo mondial depuis plusieurs années, à savoir le lien étroit entre résultats internationaux juniors et seniors.

Madina Taimazova s’arrache en finale contre l’Allemande Giovanna Scoccimarro.
Crédit photo : Gabriela Sabau (FIJ)

Taimazova, 21 ans, a été championne d’Europe 2017 et vice-championne du monde juniors 2019. Cette saison elle est double médaillée de bronze aux Europe seniors (2020 et 2021). Ce jeudi, son fait d’arme majeur est de battre la Japonaise Chizuru Arai en demi-finale sur un ippon-seoi-nage à gauche. Double championne du monde (2017 et 2018), la Nipponne se montre loin de son niveau du début d’olympiade, frôlant la correctionnelle pour le bronze avec un ippon ramené à waza-ari contre elle avant finalement de l’emporter sur un superbe uchi-mata. Une prestation franchement peu convaincante pour Arai pour sa dernière sortie avant les JO, loin de l’autorité montrée par ses compatriotes Funa Tonaki et Uta Abe hier.
Taimazova qui va chercher l’or, battant l’Allemande Giovanna Scoccimarro (23 ans), championne du monde juniors 2017, 8e mondiale sur un harai-goshi au golden score alors que son adversaire est à genou suite à une attaque. Un waza-ari qu’on pourra qualifier de léger pour Taimazova, qui s’affirme par cette victoire, de plus en plus comme une prétendante au podium olympique.

Makhmadbek Makhmadbekov contre son compatriote Ayub Khazhaliev en finale.
Crédit photo : Emanuele Di Felianciantonio (FIJ)

Son compatriote Makhmadbek Makhmadbekov, 21 ans lui aussi, n’a été lui que médaillé européen juniors en 2019 et vice-champion d’Europe -23 ans en 2020. Très à l’aise en ne-waza (il étrangle comme un poulet le très solide Israélien Butbul, tête de série n°1 aujourd’hui), ce jeune Russe aura aussi connu un combat bien particulier en 1/4 de finale, où il rencontra son cousin, Somon Makhmadbekov (champion du monde juniors 2019). En finale, c’est un compatriote qu’il retrouve, Ayub Khazhaliev, 24 ans. Une opposition pour l’or entre le n°7 (à la ranking-list olympique, Khazhaliev) et le n°9 russe (Makhmadbekov) ! Une statisqtique qui laisse songeur sur le réservoir, assez effrayant, du pays des Tsars. Le premier l’emporte sur un contre vers l’arrière après une tentative bien trop molle d’o-uchi-gari. Une première victoire majeure pour Makhmadbekov. Sera-t-il du coup aligné à Budapest pour aller chercher de précieux points afin d’aller chercher un quota et éventuellement challenger Denis Iartcev et Musa Mogushkov pour le ticket de titulaire russe à Tokyo ?
Quoiqu’il en soit la Russie, avec ces deux titres, l’argent de Ayub Khazhaliev et de Alan Khubetsov (-81kg) et le bronze de Valkova (-63kg), le pays organisateur prend la tête du classement, devant le Japon et la France. Déjà douze médailles récoltées pour une Russie, qui, répétons-le, profite à plein de son Grand Chelem.

Dans les deux autres catégories de la journée, le vétéran hongrois Attila Ungvari (32 ans) s’impose sur un ko-uchi-gari qui met Khubetov sur les fesses. Waza-ari au golden score pour le Magyar, 3e à Antalya. Une catégorie qui aura vu Sagi Muki, le champion du monde en titre, sorti dès le premier tour pour une troisième pénalité (garde outrancière) qui laisse sans voix.
En -63kg, la Polonaise Agata Ozdoba-Blach, cinquième aux Europe 2021 et 27 et mondial, dont la dernière mondiale en Grand Chelem remonte à octobre 2017, s’adjuge l’or, battant la Brésilienne Ketleyn Quadros (13e mondiale), sur ko-uchi-makikomi à gauche là aussi en golden score.