Elle est forfait pour le ce week-end !

Elle avait versé quelques larmes cette semaine. Pour la tribu INSEP c’était à mettre sur le compte de la tension avant le grand tournoi décisif. Mais hier jeudi, au réveil, la jeune championne du monde juniors 2014 (en -52 kg) était encore à cinquante kilos et huit cent grammes. On a déjà vu pire à trente heures d’une pesée, mais pas pour une -48 kg, et surtout pas quand elle est déjà à l’extrême limite de sa descente au poids. Malheureusement la suite a prouvé que c’était le bien le cas. Ce vendredi matin, la jeune Française était encore largement au-dessus de la limite de plusieurs centaines de grammes et n’a pu en perdre qu’une poignée avant la pesée de vendredi soir. 

À 21h33, son nom, inscrit depuis le matin dans un « quart  de la mort » avec la Cubaine Mestre, l’Espagnole Figueroa et la Japonaise Kondo, avait disparu. Amandine Buchard ne fait pas le tournoi de Paris 2016.

Une seule descente au poids depuis novembre 2014

La nouvelle tombe comme un coup sur la tête. Sur celle de cette jeune championne qui ne méritait pas une telle épreuve, à 20 ans, alors qu’elle éclate de forme et de judo, sur celle de l’encadrement français qui voit le sol s’effondrer sous ses pieds et les fermes espoirs de médaille dans cette catégorie s’estomper. Veaux, vaches, cochons, couvées… Sur celle de tous ses supporters, l’ensemble du judo français à vrai dire, qui aime ce talent souriant et n’attend qu’une chose, la voir « performer » dans une catégorie ou dans une autre. 
Mesurant tous les signes avant-coureurs d’une catastrophe à venir, L’Esprit de Judo avait tiré le signal d’alarme il y a quelques mois, à force de ne pas voir Amandine Buchard descendre au poids (la dernière fois, c’était aux championnats du monde d’Astana, pour une défaite au second tour, avant c’était au Grand Prix de Corée… en 2014, pour une ultime médaille d’or). On nous avait alors dit que tout était sous contrôle, que le protocole parfait était mis en place. Ce nouvel échec aujourd’hui sonne le glas de cette belle assurance. Il met un peu en colère aussi, devant l’étendue du gâchis dont nous commencions à cerner les contours. Un gigantesque gâchis même, surtout concernant l’une des combattantes les plus prometteuses de l’histoire du judo français, privée de s’exprimer à son niveau depuis maintenant plus d’un an, et peut-être bien désormais privée de Jeux olympiques. 

« On continue à croire en elle »

La Direction Technique Nationale n’abdique pas et annonce à qui veut l’entendre qu’Amandine Buchard va être gardée « sous pression » pour faire à Düsseldorf dans quinze jours ce qu’elle n’est pas parvenue à faire à Paris : descendre au poids, combattre, gagner, amasser les points qui lui manquent. « On continue à croire en elle » explique le DTN Jean-Claude Senaud… (il faut entendre : croire qu’Amandine Buchard est capable de descendre en -48 kg et de faire les Jeux). On veut bien y croire aussi. On aimerait même beaucoup qu’Amandine puisse aller chercher son Graal. Mais encore une fois on a envie de crier halte au feu. Ces échecs successifs, malgré la volonté générale de la voir passer sous la barre fatidique, posent de plus en plus clairement la question de l’intégrité physique de l’athlète, et celui du futur de sa carrière.

Faire le deuil des Jeux ?

Quelle que soit la décision prise, qui appartient en dernier recours à Amandine Buchard et à ses proches, on peut tout de même être persuadé de deux choses. Il faut à la fin se rendre à l’évidence que la catégorie des -48 kg n’est plus la sienne et qu’aller plus loin dans le déni est désormais une faute, peut-être même une faute morale. La seconde doit soutenir tous ceux qui sont malheureux pour elle ce soir, c’est que dès qu’elle sera passée en -52 kg, deuil des Jeux faits, la jeune Française, qui n’a toujours que vingt ans, sera très vite à nouveau l’une des meilleures du monde. On attend quoi ?