On aurait pu débuter ce compte-rendu de premier jour ainsi : Asie, dix finales, Europe, zéro. Le voyage au coeur de la steppe orientale, loin au-delà de la Mer Noire du côté des pays qui finissent tous par « stan », montre assez bien l’actuel rapport de force, au moins sur ce premier jour. La Corée du Sud, à petite vitesse malgré une grosse sélection, engrange la médaille d’or d’An Baul dans une catégorie des -66kg sans Japonais, dominée en valeur et en mérite par une Mongolie toujours affutée qui ramène une médaille d’or et deux médailles d’argent. À chaque fois, les finalistes mongols auront eu le difficile challenge à relever de combattre contre un Japonais en finale, et ce sera à l’honneur de l’indestructible trentenaire Urantsetseg Munkhbat, triple médaillée mondiale en plein retour avec une troisième place à Doha en janvier, de briser l’étau par une très jolie victoire qui sonne le glas des espérances de Natsumi Tusnoda en -48kg, nettement projetée sur un « manche de pioche » à l’ancienne, réalisé sans lâcher la manche pour éviter toute pénalité.

Uta Abe (-52kg) dans ses oeuvres.
Crédit Photo : Gabriela Sabau /FIJ

Le Japon reste néanmoins tout en haut de la hiérarchie de l’Asie, sans trop se laisser lire en cette première journée. Quatre finales pour quatre présences (pas de -66kg dans cette sélection), trois médailles d’or. Le -60kg Ryuju Nagayama n’est jamais en difficulté malgré l’opposition de l’ancien champion du monde kazakhstanais Yeldos Smetov en finale (joli ippon-seoi-nage), victoire tranquille de Uta Abe en -52kg, expéditive dans ses tours et par forfait en finale, belle récompense aussi pour Momo Tamaoki en -57kg qui expédie rapidement la combattante de Taiwan Lien Cheng-Ling sur un étranglement tout en élégance pythonesque.

La leçon de Luka

C’est d’ailleurs l’occasion de constater une fois de plus l’errance de l’arbitrage mondial, qui passe son temps à focaliser son attention, et du coup la nôtre et celle des athlètes, sur l’accessoire, arrosant ce Grand Chelem essoufflé par le covid et la perte de repères de ses habituels shidos de plus en plus « hors sol »… et laissant passer un aveuglant ramassement de jambe spontané et pertinent (un kushiki-daoshi, c’est dans le gokyo), mais interdit, malgré l’arbitre, son adjoint vidéo et la table centrale, alors même qu’il passait en boucle au ralenti. Une façon de se désavouer soi-même.

Pour la France, ce premier jour et la médaille de bronze de Luka Mkheidze est surtout une leçon à retenir : il y a des opportunités à prendre dans le contexte actuel et avec le niveau d’entraînement maintenu à l’INSEP, il ne faut surtout pas appuyer sur le frein. À voir dès demain si elle a été entendue.