Magnifique ura-nage de Guillaume Chaine contre l’Italien Basile
Crédit photo : Gabriela Sabau (FIJ)

Sa défaite contre l’Arménien Ferdinand Karapetian, champion d’Europe -73kg en 2018 mais seulement 47e mondial avant ce Grand Chelem (il connut une longue traversée du désert qui dura jusqu’en 2020  et sa médaille d’argent au Grand Prix de Tel-Aviv), lui laissera sans doute un léger goût amer dans la bouche. Parce que Guillaume Chaine menait d’un waza-ari. Mais aussi et sans doute surtout, parce qu’on avait pas vu le Français aussi tranchant et efficace depuis un moment. S’appuyant sur un uchi-mata à droite qui aura transpercé bon nombre des défenses adverses du jour, le Tricolore, en 1/8e de finale, renvoie l’Italien Fabio Basile à ses études avec son sumi-gaeshi mais surtout un ura-nage qui a fait le bonheur des photographes.
Une journée convaincante sur le plan judo qui se double d’une bonne affaire au niveau de la ranking-list olympique pour le -73kg. Détenteur du quota continental français masculin avant ce Grand Chelem d’Ouzbékistan, cette cinquième place permet à Guillaume Chaine d’ajouter 160 points à l’une de ses six dernières meilleures performances. Conséquence majeure : le Français repasse devant le Suisse Nils Stump (pour 71 points) à la ranking-list olympique, récupérant du coup un quota normal pour valider son ticket pour Tokyo. Est-ce alors à dire qu’Alpha Djalo récupère le quota continental français ? Il faudra attendre la fin de ce Grand Chelem pour le savoir. Par contre, la contre-performance du judoka du PSG Judo, battu au premier tour ce samedi, ne va malheureusement pas aider dans la quête de ce quota, si disputé au niveau du Vieux Continent.
Une défaite dès le premier tour contre l’Ouzbek Boboev, ce dernier contrant magnifiquement en ura-nage une tentative, pourtant très vive, d’o-soto-gari à droite du gaucher français. Un Ouzbek 68e mondial, dont les derniers podiums en Grand Chelem remontent à 2016 !
Même élimination prématurée pour Nicolas Chilard, battu par le jeune Azerbaidjanais Fatiyev sur un gros o-goshi à droite qui surprenait le judoka de Sucy Judo. Fatiyev ? Un jeune judoka (5e des championnats du monde juniors 2019), actuel 40e à la ranking-list et qui vient de finir 7e aux championnats d’Europe de Prague.
Un Nicolas Chilard assez loin de la prestation fraîche et incisive du Grand Chelem de Budapest. Était-il usé par le stage qui a précédé cette compétition ? Quoiqu’il en soit, il donna pas l’impression de pouvoir passer l’obstacle Fatiyev, manquant d’impact et de vivacité pour surprendre son adversaire.
Deux défaites synonymes de statu quo pour les -81kg français. Si les choses peuvent encore évoluer avec deux Grands Chelems, les championnats d’Europe et du monde, la tendance lourde du moment est assez claire : la qualification olympique du judoka français de cette catégorie pour les JO est, pour l’instant, liée aux performances de Guillaume Chaine. Un peu gênant puisque l’absence de points marqués, en particulier par Djalo font augmenter la possibilité que le Français ne puisse plus, assez rapidement, bénéficier d’un quota continental. Quant à Guillaume Chaine, ce dernier devra sans doute se battre jusqu’au bout avec notamment Nils Stump, David Karapetian, Alexander Raicu, voire le Cubain Magdiel Estrada pour garder son quota olympique. Une course encore longue donc et la gestion va demander subtilité et calculs.

Les Japonaises encore et toujours, Parlati offre le premier titre à l’Europe

Miku Tashiro, très facile toute la journée.
Crédit photo : Gabriela Sabau (FIJ)

Hier, l’Asie avait posé une première banderille assez intimidante ici à Tashkent. Ce samedi, la démonstration a été encore de mise avec trois titres. Le Japon continue son quasi sans-faute chez les féminines avec les deux titres de Miku Tashiro (double vice-championne du monde 2018 et 2019) en -63kg et Chizuru Arai (championne du monde 2017 et 2018) en -70kg. Titulaires toutes les deux à Tokyo cet été, Tashiro se sera montrée très au-dessus de la mêlée ce samedi avec ses o-uchi-gari à gauche et des ko-soto-gari létaux, comme ce fut le cas en finale contre la Slovène Leski. Arai, elle, montra un visage beaucoup plus emprunté, devant batailler durement à chaque combat. Elle s’impose en finale à la Croate Matic, toujours très difficile à manœuvrer, sur un contre. Si Tashiro a donné l’impression d’avoir une grosse marge avec la majorité de ses adversaires aujoud’hui, ce ne fut clairement pas le cas d’Arai.
Chez les masculins, le Mongol Tsend-Ochir s’impose chez les -73kg de manière confuse face au Kazakhstanais Smagulov. Le score est de deux shidos partout lorsque un ko-uchi-gari de ce dernier fait glisser le Mongol sur le dos. Ippon ? Et bien non puisque Smagulov se voit sanctionner pour avoir touché avec sa main gauche la jambe droite de son adversaire sur l’action. Et sinon ? Premier titre pour l’Europe avec le jeune Italien Christian Parlati. Champion du monde juniors 2018, ce dernier surprend et Takanori Nagase (finalement 3e) et Sharofiddin Boltaboev, vainqueur à Tel-Aviv, avec son fameux o-uchi-gari à droite, genou à terre et circulaire. Le Japonais en est pour ses frais en demi-finale, l’Ouzbek en finale. Un mouvement que Parlati a dans sa hotte depuis plusieurs années (il marquait déjà beaucoup avec celui-ci en juniors) mais, et c’est assez significatif, qui marche encore et toujours. Pourquoi ? Sa réussite à masquer jusqu’au dernier moment ce dernier, couplé à un réel sens du feeling explique, au moins partie, cette capacité à surprendre les meilleurs, comme ce fut le cas ce samedi. Parlati ? Actuellement 18e mondial, l’Italien signe sa première médaille en Grand Chelem (et elle est en or) avec son style si personnel : un faux rythme qui «endort» l’adversaire pour mieux le piquer. Plutôt filiforme pour la catégorie, le Transalpin est un vrai spécialiste des ashi-waza dont la dernière performance remontait pourtant à loin (il avait fini cinquième au Masters 2019). Attention à lui dans les mois à venir.

Ce soir, le Japon domine les débats avec cinq titres devant la Mongolie (deux victoires) et la Corée du Sud avec la démonstration d’An Baul hier en -66kg. Vice-champion olympique 2016 le judoka du pays du Matin Calme n’a plus perdu depuis le Masters 2019 (c’était contre l’Italien Lombardo) et s’affirme très clairement comme un candidat extrêmement sérieux au titre olympique cet été.