Quoi de mieux pour briguer un 7/7 féminin que d’aligner dans les deux dernières catégories de la compétition deux médaillées olympiques, fortes d’un statut de tête de série n°1 au passage ? Malheureusement, cette ambition s’envolait dès l’entrée en lice en -78kg de Madeleine Malonga, troisième à Paris au début du mois pour sa reprise post-JO. La vice championne olympique se faisait en effet surprendre par la jeune Portugaise Patricia Sampaio, habile à contrôler la main forte de la Française et prompte à glisser en dessous sur son sode à genoux, avant de maintenir la combattante de l’ES Blanc-Mesnil au sol pour conclure. Ne restait donc plus que Romane Dicko et Julia Tolofua en +78kg, toutes deux médaillées à Paris il y deux semaines. La numéro 1 mondiale se montrait expéditive pour planter en dix secondes la Brésilienne Camila Yamakawa sur son harai-goshi, tandis que la championne de France en titre ne trouvait la clé qu’au jeu des pénalités contre la mobile Mongole Adiyasuren Amarsaikhan. Les deux tricolores qui se retrouvaient derrière en demie, pour un duel serré où Julia Tolofua montrait une habilité nouvelle à maintenir Romane Dicko à distance et à contrer son impact. Dangereuse sur son jeu de jambe avec ses petits fauchages, elle était un peu moins « active » néanmoins et c’est finalement l’arbitre qui allait distribuer le ticket de la finale à Romane Dicko, qu’il avait sanctionnée une fois de moins que la combattante orléanaise. Cette dernière repartait au front pour s’offrir un nouveau podium (troisième médaille de bronze consécutive en Grand Chelem après celles des deux éditions parisiennes), d’un subtil balayage parfaitement suivi en immobilisation contre la modeste Kazakhstanaise Nazgul Maratova. Quelques minutes plus tard, Romane Dicko retrouvait sa dauphine au classement mondial, la Brésilienne Beatriz Souza. Volontaire, la Sud-Américaine tentait le coup dur avec son o-soto-gari mais, sur l’un d’eux, Dicko pivotait sur sa jambe d’appui pour partir en makikomi. Pas de valeur sur la projection mais la Parisienne maintenait le contrôle sur le bras pour tenir l’osaekomi jusqu’au gong. Après l’argent de Paris, voici donc le retour de la Française en or, pour la quatrième Marseillaise du tournoi.

Côté masculin, les deux -90kg Alexis Mathieu et Maxime-Gael Ngayap Hambou débutaient leur journée par un succès. Ura-nage sur l’Allemand Johann Lenz, médaillé des derniers championnats d’Europe -23 ans, pour le champion de France 2021 Alexis Mathieu, sutemi de la part du médaillé mondial juniors à l’encontre de l’Autrichien Wachid Borchashvili. Mais le premier s’arrêtait ensuite face au Néerlandais Jesper Smink, quant au « jeune loup » Ngayap Hambou, il était la victime d’une belle leçon de judo du Cubain Ivan Felipe Silva Morales, qui le dominait dans l’attitude, lui plaçait un très beau uchi-mata en réaction et pour finir un avant-arrière violent, de ceux dont on met un peu de temps à se relever. Pour son premier combat, Cédric Olivar (-100kg) avait pour sa part hérité de Gonchigsuren Batkhuyag, troisième à Tashkent en mars dernier. Le combat durait jusqu’au golden score, quand le Français tentait de placer son uchi-mata mais, bien contrôlé au niveau du haut du corps, il se faisait retourner sur le dos. Parcours également vite écourté pour Joseph Terhec en lourds, jeté par l’Ukrainien double médaillé mondial Iakiv Khammo sur un ko-soto-gake en entrant dans la garde pour un waza-ari suffisant. 

La Géorgie termine en force

Dans une phase finale désertée pour la première fois depuis bien longtemps par Madeleine Malonga – six podiums de suite dont deux Grands Chelems de Paris, un Master, un championnat du monde et les Jeux, excusez du peu — c’est la Polonaise Beata Pacut qui se paraît d’or en -78kg, deuxième belle perf’ pour cette combattante de vingt-six ans plutôt discrète jusque là, après son étonnante victoire au championnat d’Europe 2021. Une entrée dans le « top 10 » à surveiller.
Malgré cet échec au premier tour, qui suivait celui de Margaux Pinot hier, la performance générale des Françaises – une équipe de France très copieuse de leaders et de numéros deux, il faut le souligner — est non seulement spectaculaire, avec quatre titres, mais aussi intéressante, avec le retour attendu et fracassant de Shirine Boukli, un beau doublé des Gneto qui se mettent en valeur, notamment Astride, en or en -52kg avec un enchaînement de jambe bluffant sur la championne du monde juniors 2018, mais aussi la belle prestation de Faiza Mokdar, de plus en plus consistante en -57kg, et de Manon Deketer, virtuose sur juji-gatame pour le bronze en -63kg. Enfin, répétons-le, si Romane Dicko a encore une fois été formidable en +78kg dans cette phase de retour post-olympique, finaliste à Paris, en or ici à tel-Aviv, Julia Tolofua montre des progrès réguliers et désormais très significatifs – quatre podiums successifs depuis sa cinquième place aux championnats du monde. 
Chez les hommes, pas de miracle tricolore à Tel-Aviv, et il faudra manifestement remettre souvent l’ouvrage sur le métier pour que nos représentants retrouvent un impact collectif. L’Azerbaidjan emporte aujourd’hui une nouvelle médaille de bronze, mais surtout une troisième finale (deux médailles d’or, une d’argent) par Mammadali Medhiyev, sixième mondial en -90kg et très en forme depuis les Jeux, avec deux défaites seulement en finale en cinq tournoi contre deux Japonais… et une troisième en éliminatoires du Grand Chelem de Paris 2021 contre Alexis Matthieu. Il bat à tel-Aviv l’ancien champion du monde serbe Nemanja Majdov sur un gros ura-nage.
L’Azerbaidjan contient de justesse la Géorgie dans la bataille des nations chez les hommes, le pays des hommes forts finissant en trombe avec l’or en -100kg et en +100kg. En -100kg, c’est un nouveau « phénomène » à la géorgienne qui impressionne, Ilia Sulamanidze, vingt ans, champion du monde juniors 2021, mais aussi médaillé mondial et champion d’Europe seniors la même année ! Il explose notamment en demi-finale et en finale deux « top 10 », l’Azerbaidjanais Zelym Kostoiev sur uchi-mata de face et le Neérlandais Mickael Korrel sur o-soto-otoshi. La relève du grand Varlam Liparteliani est déjà là. En +100kg, c’était le retour très convaincant du vice champion olympique Guram Tushishvili, barbu et puissant, très dangereux sur ses seoi-nage à genoux avec une petite confusion gauche-droite. 
Avec quatre médailles d’or, la France domine, mais uniquement par ses féminines. Le bras de fer déjà impressionnant qui se joue chez les hommes se joue pour l’instant sans elle.