Seule médaille française, Guillaume Chaine passe un cap

Une finale de Grand Chelem pour le Français Guillaume Chaine / Officiel IJF

Bien sûr le combattant de FLAM91, 51e mondial avant le tournoi, n’aura finalement battu, pour arriver jusqu’en finale, que deux combattants au-dessus de son classement et loin du top 10, le Portugais Alves et l’Allemand Wandtke, respectivement 32e et 31e mondiaux. Le mieux classé du jour, le Mongol Sainjargal, 10e mondial, se faisait surprendre dans l’autre tableau par le curieux sutemi latéral d’un Russe peu connu, Uali Kurzhiev, 26 ans déjà, mais international depuis l’année dernière seulement après avoir obtenu le bronze dans ce Grand Chelem russe. Kurzhiev a depuis commencé à faire ses preuves et cette médaille d’or va dans le sens de son histoire. Le voici désormais troisième Russe dans les trente meilleurs mondiaux dans cette catégorie des -73 kg derrière Denis Iartcev et Musa Mogushkov. C’est lui en effet qui allait au bout devant son public, surprenant Guillaume Chaine avec un autre sutemi un peu baroque. 
Une bonne perf’ néanmoins pour le champion de France de 28 ans. Engagé dans une nouvelle dynamique cette année avec deux victoires en « Open continental » (ex World Cup), il passe encore un cap significatif avec cette première médaille en Grand Chelem. Un Grand Chelem certes plus accessible que d’autres, sans doute, mais aussi une motivation renforcée pour Guillaume Chaine désormais troisième Français au classement mondial dans cette catégorie bien pourvue, derrière Pierre Duprat et un Ugo Legrand qu’on n’a guère vu depuis son échec au championnat du monde 2014. 

Un Kido pour Milous

Samedi, on a pu suivre aussi les combats de Sofiane Milous en -60 kg, engagé dans une opposition à distance encore indécise avec le sélectionné pour le championnat du monde Vincent Limare, lequel reste pour l’instant sur un échec au championnat d’Europe. Après un premier tour difficile où il était mené aux pénalités par un Tunisien accessible, Fraj Dhouibi, il faisait une belle partie contre l’excellent Shinji Kido, 24 ans et 24e mondial, qu’il poussait jusqu’au trois pénalités. Mais le Japonais s’était assuré d’un waza-ari sur un osae-komi un peu tiré par les cheveux. Alors que Kido allait emporter le tournoi en mettant ippon à tous les autres, Milous allait s’enferrer sur un Russe loin au classement, Islam Yashuev (84e), qui acceptait sa garde latéralisée, mais en profitait pour marquer un yuko en contre. Privé de la possibilité de prolonger les séquences en garde croisée, le champion d’Europe 2010 a plus de mal à s’imposer sur les mains et à marquer, mais il continue à y travailler.

Bonvoisin, toujours présent

En -66 kg, le courageux Kilian Le Blouch parvenait bien à battre l’Israélien Tal Flicker, mais il était dépassé en rythme par le Russe Yakub Shamilov, futur troisième, au combat suivant.
Le lendemain dimanche, deux Français resteront discrets. Le champion de France -81 kg de Sartrouville Dimitri Gomes Tavares tenait moins d’une minute face à Shirazudin Magomedov, même constat pour Ludovic Gobert qui n’atteignait pas la minute non plus face au Brésilien Bettoni, 24 ans et 39e mondial. En +100 kg, Jean-Sébastien Bonvoisin faisait mieux en battant les deux costauds roumains Simionescu et Natea – une performance car ces deux jeunes combattants sont à la lisière du Top10 – mais subissait l’impact ultra-puissant du Russe Bostanov, non sans avoir marqué le premier waza-ari, et prenait une attaque arrière du Polonais Sarnacki, laquelle le privait de la médaille de bronze. 

Harasawa, un lourd qui commence à peser

On aurait pu penser que ce tournoi « Grand Chelem » de Tyumen, coincé entre Bakou et Astana, entre le rendez-vous continental et le rendez-vous mondial, allait manquer d’intérêt. Même si les sélectionnés mondiaux étaient soit absents, soit peu impliqués, ce ne fut pas le cas finalement, grâce à une équipe japonaise de seconds couteaux brillants et grâce aux Russes, malgré l’absence chez les garçons des n°1 et des n°2 (voire des n°3) dans la plupart des catégories. Une démonstration de force qui laisse à penser que ces deux nations sont en passe de frapper fort aux championnats du monde. Pour le Japon, on a vu bien sûr les toujours excellents Kido et Takajo en -60 kg et -66 kg, mais surtout deux partants pour Astana, Masyu Baker, sélectionné individuel en -90 kg, qui a fait le plein de confiance en battant trois Russes et un Allemand, et le sélectionné en équipe en +100 kg, le vainqueur du Zen-Nihon Hisayoshi Harasawa, qui apprend à toute allure et termine son tournoi victorieux sur un ippon magistral par uchi-mata sur le volumineux Russe Kambiev. Ça se confirme : Harasawa est un lourd à suivre. 

Tsukasa Yoshida, 19 ans, en or en -57 kg

Chez les féminines japonaises, ça frémit aussi avec quatre finales. Deux défaites d’une pénalité agaçante – comme ce fut souvent le cas encore une fois ce week-end – pour la jeune Inamori en +78 kg face à l’énorme Chinoise Ma Sisi, et pour Ruika Sato en -78 kg face à la copieuse néerlandaise Steenhuis, qu’il faudra d’ailleurs envisager comme une outsider très dangereuse à Astana dans cette catégorie où elle sera sans doute associée à la championne d’Europe Verkerk. Deux médailles d’or aussi, pour Haruka Tachimoto, enfin de retour au premier plan en -70 kg après un gros passage à vide, et pour l’étonnante Tsukasa Yoshida, 19 ans, encore anonyme au début de l’année et victorieuse sur ce Grand Chelem en -57 kg de la meilleure Chinoise, Liu Yang, de la Canadienne Beauchemin-Pinard, membre du top15 mondial et tenante du titre, et de certaines des meilleurs Européennes, l’Allemande Waechter, l’Autrichienne Filzmoser, la Roumaine Caprioriu, n°3 mondiale. La performance d’une future sélectionnée olympique ? C’est à suivre. 

Quatre mousquetaires russes de -48 kg

La Russie est deuxième nation avec cinq finales pour douze médailles. On aura noté le feu d’artifice des -48 kg, la « ne-waza girl » Alesya Kuznetsova de retour de blessure, mais aussi sa copine de club Irina Dolgova, récente médaillée européenne, mais encore Kristina Rumyantseva et Nataliya Kondratyeva, quatre combattantes du niveau d’un podium européen, voire mondial. Elles ont été cependant supplantées par l’étonnante petite Espagnole Julia Figueroa, qui affiche de remarquables progrès. Une sacré bataille en perspective chez les super-légères pour les championnats du monde. 

Enfin en ne-waza on a vu des séquences mémorables. Le Japon, c’est habituel, mais d’autres nations aussi ont semble-t-il mis le paquet à ce niveau. Une donnée, on en fait le pari, qui sera cruciale cet été à Astana.