Pinot, c’est encore bon

Période de très belle récolte pour Margaux Pinot. Son judo carré à base de seoi, de travail au sol et de ko-uchi-makikomi lui amène de jolies breloques comme le bronze aujourd’hui, ici à Tokyo. Des succès sur Giovanna Scoccimaro (vice-championne d’Europe), Barbara Matic (9e mondiale), Yoko Ono (3e des Mondiaux) et Maria Bernabeu (vice-championne du monde 2015) assoient sa prise de position forte dans sa nouvelle ancienne catégorie, la font monter au classement et la placent idéalement pour une sélection en grand championnat, elle qui avait terminé 2e de l’Euro 2015 en moins de 63 kilos. En plus de son seoi pour marquer waza-ari à Scoccimaro, Pinot a développé un ko-uchi gari plongeant au ras du sol, une technique clé qu’elle ne fait qu’une fois par combat. Et qu’elle a sorti par surprise à la fin du chrono à Matic puis en golden score à Ono pour emporter la mise. Après avoir évité la sanction de très peu en prolongation sur cette technique, la double championne du monde Chizuru Arai contre la suivante. La seule erreur de Pinot sur cette journée. En place de trois elle résiste à la puissance visible et à l’expression technique limitée de Bernabeu pour scorer sur un o soto gari rageur après 7 minutes de match. Un bronze qui s’ajoute à celui conquis hier par Amandine Buchard et qui clôt le tournoi pour les Bleus car ils ne sont pas engagés demain dans les catégories lourdes. Automne Pavia sort sa deuxième sœur Stoll en quelques semaines. Après Theresa c’est Amelie qui succombe à un fauchage de la Française. Mais la mama ne va pas plus loin. Ensuite elle se perd dans le jeu de kumikata de Deguchi qui la sortira rapidement aux pénalités comme Fanny-Estelle Posvite contre Shiho Tanaka. Les deux garçons du jour n’auront grappillé qu’un combat, pour Nicolas Chilard, sankaku sur un Dominicain Del Orbe alors qu’il était mené waza-ari. Il perd derrière face à la puissance du Néerlandais De Wit, qui l’avait aussi sorti au Grand Prix des Pays-Bas. Alpha Oumar Djalo a fait jeu égal avec le Japonais Sato avant de se blesser à la cheville gauche. Un mauvais jour. Pas de stage, retour en France pour tout ce petit monde, sauf Margaux Pinot, justement, qui reste s’entraîner au Kodokan.

Ono – Ebinuma : le All-Star Game

Une finale des moins de 73 kilos entre Ono et Ebinuma c’est forcément un moment délicieux et rare. Une rencontre qui accumule de part et d’autre un titre et deux médailles de bronze olympiques ainsi que cinq couronnes de champions du monde ! Le match des rois. Que le public attendait ferme pendant le combat précédent entre Macias et Margelidon. Dans le silence de la salle, on entendait retentir les tapes d’Ebinuma sur son corps. Comme pour rappeler que l’événement allait surgir du rideau aussitôt que seraient sortis le Suédois et le Canadien. Un duel commencé furieusement. Chacun essayant d’attirer son adversaire sur sa gauche, uchi-mata pour Ono, uchi-mata puis seoi-nage pour Ebinuma, dangereux aussi dans ses tentatives de contre. La fin n’aura pas été folle mais le contre de lutteur qui vient tourner les épaules de Ebinuma à quinze secondes du terme a été arrachée par un Ono décidé à ne gâcher aucune mini-occasion. Comme en demi-finale où il plante Tatsukawa sur un uchi-mata fabuleux à une seconde du terme. Un magnifique Ebinuma sur ce samedi aussi, avec un ko-soto en réaction qui parvient à soulever les foules et l’adversaire. Il sort avec l’argent et un genou abîmé. Aujourd’hui, il y a une place de leader japonais des moins de 73 kilos a récupérer car l’absent, le blessé Soichi Hashimoto a eu le tort, la malchance, de ne pas être de la partie d’Osaka. Le succès de Ono sur Ebinuma le met sur orbite pour cette année 2019 pour se lancer vers le doublé olympique. Tout se passe comme prévu pour un Ono affuté et impressionnant. Mais quelle sera la configuration japonaise aux prochaines Mondiaux ? Ono-Ebinuma ? Ono-Hashimoto ? ou un désormais très improbable Hashimoto-Ebinuma ? Quoi qu’il en soit ce sera génial.

Klimkait se révèle

Le Canada sait faire des médailles. Mais gagner un tournoi comme celui du Japon c’est autre chose. Le pays de Nicolas Gill a vécu un moment historique obtenu avec l’une de ses filles en forme. Non pas Christa Deguchi qu’on aurait attendu dans le rôle, elle qui avait gagné à Paris en sortant Yoshida, et qui avait apporté la première médaille mondiale féminine du Canada à Bakou en septembre, mais sa rivale rejetée dans l’ombre : Jessica Klimkait. L’autre engin canadien des moins de 57 kilos. Alors que Deguchi se fait surprendre par Momo Tamaoki, l’ancienne championne du monde cadette décroche la timbale avec maturité sur ses gestions de combat son bon o-uchi-gari et son seoi pour forcer le verrou de Momo Tamaoki en finale. Elle bat tout de même, trois Japonaises sur sa route, Tomizawa, Funakubo et Tamaoki, ainsi que la Mongole Dorjsuren, n°2 mondiale. Impressionnant. Une fille déjà dans le gratin mondial et dont le feuilleton avec Deguchi (5e) pour la sélection olympique est déjà passionnant. À elle d’aller désormais scorer en grand championnat. La Suède est l’autre gagnante du jour avec… deux médailles ! Le bronze de l’excellent Tommy Macias face à Arthur Margelidon (-73kg). Et l’argent de la solide Anna Bernholm en moins de 70 kilos. La Turquie de Vedat « Goldorak » Albayrak (-81kg), la Corée du Sud par Kwon (-57kg), tordue involontairement par Tsukasa Yoshida (hansokumake), et la France de Margaux Pinot (-70kg) sont les autres cambrioleurs du jour, mais le butin reste maigre.

14/20 pour le Japon

Vingt médailles distribuées aujourd’hui, le Japon en réquisitionne quatorze avec quatre titres sur cinq possibles et sans donner l’impression d’être vraiment au taquet. Les féminines n’ont pas brillé en tachi-waza, mais au sol… quel enfer pour leurs adversaires ! Chizuru Arai (-70kg) n’a pas raté le rendez-vous. La double championne du monde gagne sans grand éclat, mais consolide son leadership. La Suédoise Bernholm est contrée en finale. Margaux Pinot a été la plus proche de sortir la numéro une japonaise. Si Arai s’en sort, il y a eu de la casse parmi les titulaires des derniers grands rendez-vous. Miku Tashiro, deuxième des Mondiaux derrière Clarisse Agbegnenou sauve le bronze en moins de 63 kilos après un superbe combat de dix minutes contre Tina Trstenjak. Rien en revanche pour la reine des moins de 57 kilos, Tsukasa Yoshida. En moins de 57 kilos, le nom à retenir est peut-être celui d’Haruka Funakubo, la triple championne du monde juniors, déjà en bronze en battant la médaillée mondiale Christa Deguchi. Et en moins de 63 kilos ça bouge grâce à Doi, 23 ans, troisième la semaine passée à La Haye. Une Japonaise qui force son destin après sa victoire à la Coupe du Kodokan. Elle bat aux pénalités sa compatriote Nabekura. Peut-elle aller plus haut ? Plus loin ? Pour les hommes, il y avait Ono et en moins de 81 kilos, Takeshi Sasaki. En l’absence de Sotaro Fujiwara, vice-champion du monde 2018, son rival avant les championnats du monde tire les marrons du feu en battant un impressionnant Kenya Kohara en finale. Il s’impose au sol, après avoir aussi pris l’ascendant sur Takanori Nagase. De retour de blessure, le champion du monde 2015 attrape le bronze dans son style habituel. Il est de retour en forme, mais manque encore un peu de sa force de frappe.