Et Hifumi Abe est battu !

La première journée du tournoi du Japon, déménagé à Osaka, a failli être d’une limpidité parfaite. Première surprise, pas de moins de 57 kilos. Ensuite, un événement a transformé ce vendredi : la défaite de Hifumi Abe en finale des moins de 66 kilos. Honneur à son vainqueur Joshiro Maruyama. Sa sœur, Uta, n’a pas tremblé et Amandine Buchard obtient la médaille de bronze, comme l’an passé.

Buchard, la bonne habitude

La fin d’automne pour Amandine Buchard c’est un peu comme janvier pour les skieurs de descente : Wengen, Kitzbühel, Garmisch. Pour la Française c’est plutôt Osaka, Coupe d’Europe des clubs à Bucarest et Masters. La première étape est validée avec du bronze comme la saison passée. Une Buchard pleine d’abnégation aujourd’hui, fatiguée par le décalage horaire – elle n’est arrivée que mercredi. Dans la tempête de ne-waza proposée par Chishima Maeda, la jeune médaille d’or (21 ans) de la coupe du Kodokan, en quart de finale, Amandine Buchard s’est accrochée à tout ce qui passait. Jusqu’à l’éclaircie en forme de kata-guruma après 7’27 » de combat. La Campinoise a été ensuite scotchée sur deux yoko tomoe nage de Natsumi Tsunoda. Pas dans le match avoua-t-elle, fatiguée par la lutte précédente et frappée par le jetlag. Avant de reprendre ses bonnes habitudes avec un kata guruma sur Da Sol Park en place de trois. En tournoi, Buchard rime avec assurance. Du bronze, en attendant mieux. Mais pour cela, il faudra aller braquer Uta Abe et c’est l’étage au-dessus. Mélanie Clément termine cinquième d’un tournoi où elle bat aux pénalités la Brésilienne Gabriela Chibana, prend un sode par Yujeong Kang, profite d’un waki gatame de Maria Siderot pour passer à la disqualification adverse, puis se fait ficeler par Hiromi Endo après un seoi nage de la Japonaise. Quelques points dans la besace de la Rémoise qui cherche toujours un podium international depuis Tbilissi en mars (3e). Luka Mkheidze n’a pas eu de premier tour et comme entame il avait un Yuma Oshima déjà chaud. Le sociétaire de Sucy a démarré fort avec un juji tout à fait crédible. A mi-combat, il avance sur Oshima (finalement 3e) et encaisse un waza-ari sur seoi avant de plier au sol.

Uta oui, Hifumi non

C’est la sensation de la journée. Hifumi Abe a été battu. Joshiro Maruyama, un gaçon de 25 ans au talent connu à défaut d’être reconnu par une grande médaille (sinon une en argent en août aux jeux d’Asie), est celui qui a dominé le chouchou du Japon. Et c’est mérité au terme de six minutes d’une finale sur laquelle on n’a pas trouvé le double champion du monde très saignant. Pas de drame pour Hifumi qui avait régalé la chique depuis onze heures du matin. Notamment sur un morote d’anthologie en quart sur le Mongol Yondonperenlei (3e). C’est le yoko tomoe nage de Maruyama, deuxième à Paris, qui sera la balle d’argent du double champion du monde. Un bras tracté comme il faut, une épaule qui touche et un waza-ari donné. Une simple égratignure pour le golden boy ? Une piqûre de rappel ? A voir lors de ses prochaines sorties. Rendez-vous également pour Maruyama à l’étage supérieur. Contrairement à l’an passé et à Bakou aux Mondiaux, pas de double or pour la famille Abe. Uta n’a pas connu de difficulté. En finale, elle bat pour la première fois de sa carrière Tsunoda (pénalités). Ce qui restera c’est son un ashi-guruma intercepteur sur la jambe gauche de Ai Shishime en demi-finale. Un moment magique.

Les Russes roulent bien sur la réserve

Aucun nom ronflant sur ce Grand Chelem. Un numéro 4 et un numéro 6 national des moins de 66 kilos (Aram Grigoryan et Islam Khametov) et le 12e russe à la ranking des moins de 60 kilos, Yago Abuladze. Ces « réservistes de la Fédération » savent battre les seconds couteaux et lorsqu’un leader se présente, ils gagnent, parfois. Avec sa garde croisée à l’ancienne, Abuladze (165e mondial) bat Kyryzbayev (7e mondial) puis Smetov (champion du monde et vice-champion olympique) et Kim Won-Jin (double médaillé mondial). Spécialiste du néo-sode « je passe ma tête sous ton bras et ma main dans ton dos », Girgoryan (32e mondial) sort le Japonais Tagawa puis Serikzhanov (vice-champion du monde) et Khametov (95e mondial) s’est chargé de Ganbold (7e mondial) et Margvelashvili (2e mondial). Une précision qui leur a permis de rentrer avec deux médailles (argent pour Abuladze, bronze pour Grigoryan) et la cinquième place de Khametov. Chez ces aiglons, mention spéciale à Abuladze, ce spécialiste de o uchi gari tout frais champion d’Europe moins de 23 ans, deuxième, est battu par Ryuju Nagayama sur un ura nage de catcheur — au moins trois de pris, un seul de comptabilisé.

Un jour comme les autres pour le Japon

En moins de 60 kilos, Ryuju Nagayama confirmé qu’il n’y avait que Naohisa Takato dans sa cour au Japon. Le triple champion du monde fait les frais d’une blessure au genou et d’un premier tour en forme d’énorme chausse-trappe contre Kim Won-Jin (3e), deux bronzes en championnat du monde, revenu du service militaire. Sorti aux pénalités, Takato n’a pas trop à s’inquiéter du succès relativement aisé de Nagayama. Il a déjà sa place assuré pour les Mondiaux 2019. A lui de gérer son corps et de repousser les assauts de son cadet dans les échéances qui compteront. En moins de 48 kilos, Tona Funaki a confirmé sa position de numéro une japonaise. La championne du monde 2017 remporte l’or après un succès final sur la Mongole Munkhbat grâce à un kuzure yoko shio gatame placé sur uune tentative de sumi-gaeshi de la grande Mongole, de plus plus effrayante au sol. Quatre catégories, quatre victoires pour les Japonais. Comme d’habitude.