Les trois leçons du premier jour

Il y a du monde du côté français sur ce Grand Prix turc, premier grand rendez-vous du printemps. Des enjeux nationaux qui viennent se réaliser, ou se noyer, dans le grand bain international.
En ce premier jour, les leçons françaises sont intéressantes, même si pour certaines, c’est l’interrogation qui domine.

1- Vincent Limare reprend la main ?

L’intrusion de Walid Khyar avait été si décisive au tournoi de Paris qu’on aurait pu facilement enterrer toute adversité. Mais au-delà du tournoi parisien, on attendait le jeune prétendant à la sélection olympique sur la durée, or il cède cette fois dès le premier tour devant le Géorgien Chkhvimiani. C’est donc Vincent Limare qui fait la meilleure opération du jour en finissant à la cinquième place. Pas de quoi non plus totalement éclipser son cadet : il perd en effet par deux fois aujourd’hui, devant le Turc Kaba et l’Ouzbek Urozboev en ne donnant pas le sentiment qu’il a la clé de cette catégorie. Si Khyar ne marque le pas, Vincent Limare n’assomme pas l’opposition. La réponse au problème à Kazan, pour le championnat d’Europe.

2- Laetitia Payet ne lâche pas l’affaire

Il y a quelque chose d’épatant chez cette petite combattante, présente au meilleur niveau depuis plus de dix ans. Laetitia Payet a ses limites sur le plan technique, elle est mère de famille et a passé les trente ans, mais elle ne lâche rien et cherche encore des ressources nouvelles quand on la croit arrivée au bout. Elle rencontrait au second tour rien de moins que la championne olympique en titre et n°3 mondiale, la brésilienne Menezes. Dominée dans le rythme et rapidement aux pénalités, elle parvenait à surprendre la combattante de Rio en changeant son habituelle makikomi en un sumi-gaeshi habile qui marquait un yuko suffisant. Malheureusement pour elle, elle rencontrait ensuite la fille du moment, la Kazakh Galdabrakh, qui jaugeait le danger avec pertinence, n’avançait pas sur elle et la contrait deux fois en ura-nage – non sans avoir frôler la catastrophe au sol – avant d’aller gagner un tournoi de plus. Troisième en battant la Coréenne du Nord, Laetitia Payet n’a pas tout bouleversé, mais cette médaille, cette victoire sur Menezes, la replace dans la course et montre qu’il faut toujours compter avec elle. Mais jusqu’où ?

3- Receveaux passe devant Pavia ?

On n’en finit pas d’attendre le retour de la grande Autome Pavia dans la condition physique et mentale qui conviennent aux grandes médailles. Cette fois, l’opération turque semblait lancé sur d’excellentes bases. Fluide dans ses enchaînements, rapide, tranchante dans les attaques, on retrouvait la triple médaillée mondiale tout près de son meilleur niveau, et elle en profitait pour reprendre ses distances sur des adversaires dangereuses, la Polonaise Podolak, la Néerlandaise Verhagen, avant de parvenir en finale. Mais elle retrouvait à ce niveau sa rivale française Hélène Receveaux, celle qui la pousse dans ses retranchements depuis quelques mois par résultats interposés. La Dijonnaise avait notamment écarté l’Allemande Roper, clouée au sol enfin de combat. Et c’est elle qui emportait la finale ! Dominée d’une pénalité dans le jeu tactique, elle trouvait l’ouverture dans les toutes dernières secondes pour un uchi-mata rageur. Une technique qui fait basculer ce combat important, mais peut-être aussi le rapport de forme entre la championne et sa challenger, et dans la foulée la sélection olympique… Rien n’est joué cependant malgré cette magnifique affirmation d’autorité. Car battue, Pavia a semblé montré ce vendredi qu’elle était en passe de revenir à son meilleur niveau, celui d’une des trois meilleurs combattantes mondiales. La concurrence pour la sélection olympique sera féroce jusque au dernier moment.
On se rappelera qu’à Samsun en Turquie, Hélène Receveaux a battu Automne Pavia et qu’elle est restée devant à la ranking list, elle qui est septième, tandis que Pavia est treizième. 

Et quoi d’autre ?

Kilian Le Blouch (-66 kg) a perdu au premier tour sur l’Ukrainien Khachatrian et ne parvient toujours à marquer des points en Grand Prix, lui qui a fini troisième du Grand Chelem de Paris.

Annabelle Euranie, seule dans cette catégorie des -52kg pour une fois, elle qui est si souvent en duo avec sa rivale Priscilla Gneto, n’est pas parvenue à atteindre le podium. Elle parvient à la demi-finale sans briller, en battant néanmoins au passage la Biélorusse Skrypnik, celle qui lui a « volé » sa médaille mondiale à Astana, mais elle butte à ce niveau sur l’Espagnole Laura Gomez, qui la bat pour la seconde fois de suite en parvenant à attaquer avant elle malgré la pression, et en place de trois sur la Kosovare Daria Krasniqi, une combattante bien campée sur ses appuis qui la domine pour la troisième fois en suivant. En Turquie Annabelle Euranie a rencontré certaines de ses limites. Et pour la première fois depuis son retour au premier plan, elle laisse Priscilla Gneto en ballotage favorable après la finale de cette dernière en Allemagne. Là encore, l’enjeu du championnat d’Europe va être fort.