Les deux titulaires de Bakou s’inclinent d’entrée

En l’absence d’un sélectionné français en -81kg, les regards étaient braqués, en quête d’un signe, sur la catégorie des -73kg, pour laquelle le staff avait choisi une sélection « mondiale » avec les deux meilleurs combattants français à la « ranking », les deux titulaires des championnats du monde de Bakou, Benjamin Axus et Guillaume Chaine. Malheureusement, de signe il n’y eut pas, mais deux défaites rapides, et, plus gênant, une prestation moyenne pour l’un et l’autre, qui ne donnèrent jamais l’impression de pouvoir prendre leur chance.
Avec un judo de plus en plus radical, littéralement dos tourné à son adversaire, le grand Benjamin Axus faisait pourtant face à un combattant « prenable », le Biélorusse Vadzim Shoka, 47e mondial et sans résultat probant récent, sinon une médaille bronze à l’Open de Prague en mars dernier. Sur leur première rencontre, c’est d’ailleurs le Français qui l’avait emporté, pour sa meilleure « perf » à ce jour, une médaille de bronze au Grand Chelem de Russie, en 2017, déjà. Mais les adversaires ont fini par adapter leur judo à la proposition du longiligne parisien. Sans s’affoler, le Biélorusse acceptait le corps à corps en attendant l’attaque plus faible pour dérouler sur le dos en contre, ce qu’il parvenait à faire.
Quant à Guillaume Chaine, il avait un gros morceau d’entrée, le n°5 mondial, le Sudéois Tommy Macias et son redoutable travail à base de renversement et autres sutemis. Il était largement dominé sur le combat, échappant à un premier uki-waza relevé du sol que la table choisissait de ne pas donner, prenait waza-ari sur uchi-mata-sukashi et tapait sur une beau juji-gatame.
Pour le clan français l’avertissement était d’autant plus clair que le Biélorusse, après ce premier beau combat, et grâce à un tableau rapidement libéré des grands leaders — dont les deux Azéri Orujov et Heydarov — allait chercher une très précieuse médaille d’or. Un Européen qui entre dans la zone de qualification olympique et s’affirme en rival direct pour les deux ans à venir… On est encore loin du but, mais il faudra réagir.

Quatre jeunes font le test

Comme beaucoup de nations, le staff féminin français avait choisi la dominante jeune, et notamment dans les deux catégories du jour, les -63kg avec Cloe Yvin et Ines Prévot, les -70kg avec Clémence Eme et Candice Lebreton. Quatre filles issues récemment des juniors et déjà sur le podium national senior, et dont deux d’entre elles, Eme (en 2017) et Lebreton (en 2018), avaient atteint le podium mondial junior. La gauchère Cloé Yvin commençait très bien en plaquant sur le dos l’Autrichienne Tina Zeltner (64e), mais la jeune Israélienne Inbal Shemesh, médaillée européenne junior 2016, gérait mieux la garde que l’Autrichienne et finissait par la vaincre, tandis qu’Ines Prevot tombait d’entrée face à l’inattendue vice championne du monde juniors 2018, la Danoise Laerke Olsen.
En -70kg, les deux médaillées mondiales tombaient elles aussi rapidement. La bataille était trop rude pour Candice Lebreton face à la très solide Irlandaise Megan Fletcher (non classée depuis qu’elle a rejoint l’Irlande, mais ancienne numéro un du Royaume-Uni). Clémence Eme, après une première victoire à sa portée, se faisait rapidement écarter par les grandes attaques de jambe du phénomène italien Alicia Bellandi, championne d’Europe et championne du monde juniors cette année. Encore une fois, un test qui ne tourne pas en faveur des espoirs français.

L’Italie, le parcours dont on rêve

Tout va bien en revanche pour l’Italie, qui fait ce qu’on aurait rêvé de voir faire à une jeune délégation française : après le champion d’Europe et du monde junior -66kg Manuel Lombardo, vainqueur hier, elle plaçait un second champion du monde junior de l’année sur le podium en -81kg, Christian Parlati, tandis que Giovanni Esposito, médaillé européen junior 2018, était troisième en -73kg. En -63kg, c’est Maria Centracchio, finaliste européenne junior 2014 qui l’emporte, après avoir déjà fait la finale du Grand Prix d’Ouzbekistan en novembre ! Quant à Alice Bellandi, elle finissait finalement seconde des -70kg, battue par la Suédoise Anna Bernholm, laquelle était déjà deuxième à Osaka, et qui pointe désormais dans le top 10 mondial.
Israel profite bien pour l’instant de son Grand Prix avec la victoire du spectaculaire Sagi Muki aujourd’hui en -81kg et déjà quatre finalistes féminines, dont Inbal Shemesh en -63kg, pour deux titres (Shira Rishony en -48kg et Tina Nelson Levy en -57kg).
La bataille fait déjà rage pour les points en vue de Tokyo 2020, de nouvelles nations s’affirment avec des combattants jeunes et impressionnants.