Clerget et Iddir, deux hommes en or à Tel-Aviv

Plus tard, à froid, on se rappelera sans doute qu’à Tel-Aviv, en 2019, une jeune sélection féminine française n’a emporté aucune médaille, malgré la présence d’Hélène Receveaux en -57kg. En ce dernier jour en effet, comme la veille et l’avant-veille, la sélection française, composée globalement de combattantes classées ces deux dernières années dans les championnats internationaux juniors et déjà sur le podium national seniors, n’a pas réussi à se faire remarquer sur cette compétition pourtant à forte tendance « jeune ». Chloé Dollin, médaillé européenne juniors 2017, était battue d’entrée aux pénalités en -78kg par l’Espagnole Laia Talarn, et Laura Fuseau, médaillée mondiale juniors 2018, subissait la loi de la massive Iryna Kindzerska, septième mondiale pour l’Azerbaïdjan.

De l’or pour les braves

Mais ce qui bien sûr restera dans les mémoires côté français, ce n’est pas ce premier coup d’épée dans l’eau d’une jeune classe qui aura d’autres occasions de se mettre en valeur, mais bien le doublé en or d’Axel Clerget en -90kg et d’Alexandre Iddir en -100kg.
À vrai dire, ce n’est guère une grosse surprise en ce qui concerne Axel Clerget, qui restait sur sa brillante médaille mondiale (et un passage mitigé par le Masters). Avec sa 17e place mondiale, il était en effet le mieux classé des sélectionnés présents, hormis l’Azerbaïdjanais Mammadali Mehdiyev, septième, lequel l’avait battu lors de leurs deux dernières rencontres, mais se faisait cette fois surprendre aux pénalités par un jeune Néerlandais. Le terrain était libre pour le Français qui n’allait rencontrer globalement que des combattants aux alentours de la cinquantième place mondiale. Le finaliste italien Mungai était le seul à être classé dans les trente meilleurs mondiaux. Une performance néanmoins, car il n’est jamais facile de battre un adversaire et encore moins de gagner un tournoi. Le combattant de Sucy, sans être à son meilleur niveau, se montrait très assuré mentalement, puissant physiquement et mobile à la fois, précis sur les mains et toujours aussi mortel au sol. Il évitait le piège au deuxième tour que représentait le combattant israélien Kochman, 39e mondial… mais un « pieu » difficile à gérer, et vainqueur en avril dernier de Clerget au Grand Prix de Turquie. Une compétition qui démontre que le leader actuel de l’équipe de France, qui revient dans le « top 10 » de la catégorie, a atteint sa plénitude.

Pas d’exploit, mais de la maîtrise

Le schéma était assez proche du côté d’Alexandre Iddir en -100kg. Ce combattant classé 26e mondial ne rencontrait, pour se hisser en finale, que des adversaires classés très loin – le solide Russe qu’il battait d’un joli o-soto-otoshi en demi-finale était en effet pour sa part au-delà de la centième place. Mais on avait quitté le technicien français sur blessure en finale du tournoi d’Ouzbékistan en novembre dernier et la question qui se posait était de savoir si il était resté sur les bonnes dispostions affichées à cette occasion. Ce titre, son deuxième en tournoi, comme pour Clerget, est une confirmation de la montée en puissance de ce « précoce » si longtemps attendu, et qui semble enfin arriver à point dans cette nouvelle catégorie qui lui va si bien, et semble se retrouver dans de nouvelles dispositions d’esprit, plus favorables. Lui aussi, sans faire une démonstreation éblouissante, se montre tranquille et maître de la situation, s’offrant pour finir, sur un petit ko-uchi-gari à peine esquissé, mais très bien contrôlé en haut du corps, une victoire finale sur l’Irlandais Benjamin Fletcher, quatorzième mondial.
Une situation parfaitement dominée, comme Axel Clerget l’a fait en -90kg, et c’est l’essentiel de ce qu’il faudra retenir. On attend désormais avec impatience la même démonstration en Grand Chelem face à une série de « top 20 » et de « top 10 », qui pourrait propulser Alexandre Iddir en outsider crédible pour une médaille dans les grands championnats qui s’annoncent. En attendant, avec ces deux finales successives en Grand Prix, Alexandre Iddir, qui entre dans le top 20, est doucement, mais sûrement, en train de prendre la main sur Cyrille Maret, dont la courbe des performances croisera bientôt la sienne, si il ne parvient pas à se refaire rapidement une santé. Le médaillé olympique 2016 est actuellement 17e et doit absolument se retrouver sur le Grand Chelem de Paris, qui sera décisif – et passionnant — dans cette catégorie.