Alexandre Iddir et Fanny-Estelle Posvite sont prêts !

Il semblait que cette journée de dimanche serait une nouvelle fois médiocre pour les espérances françaises. C’était en effet la déception pour les piliers de ces trois dernières années, Axel Clerget en -90kg et Cyrille Maret en -100kg. Le premier était en effet battu au premier tour, comme aux Jeux Européens, cette fois par le Polonais Piotr Kuzcera, qui finissait par profiter d’une baisse de régime manifeste du médaillé mondial au golden score pour se glisser dans son dos et le jeter au sol, dans une sorte de contre qui n’en était pas un. Malgré sa volonté de positiver, Axel Clerget n’a manifestement pas encore surmonté les effets de la grave blessure qui a stoppé son retour réussi aux affaires après les championnats du monde. Il lui reste un mois de travail pour retrouver l’élan.
Quant à Maret, il était une nouvelle fois victime d’un des combattants les plus impressionnants du moment, l’étonnant Shady Elnahas, un gaucher agressif, à la fois puissant et intelligent dans le combat, redoutable au sol. Les deux mouvements qu’il infligeait au médaillé européen français, un ko-uchi-makikomi en réaction très bas et un grand mouvement de hanche, étaient remarquables. Sorti à Minsk des premiers tours à répétition, Cyrille Maret y retourne à Zagreb. Mais sa 29e place mondiale désormais, face à la 14e place de son jeune adversaire de vingt-et-un an, le situe de plus en plus souvent en outsider, notamment face à ce Canadien qui l’a battu… trois fois déjà en 2019.

Iddir, retour en beauté

C’était  celui que l’on n’avait pas vu à Minsk, le blessé Alexandre Iddir, qui prenait le flambeau, comme il en avait l’habitude ces derniers mois, en Ouzbekistan, en Israël, en Turquie.  On le retrouvait égal au meilleur de lui-même, magnifique dès son premier ippon sur le malheureux Roumain Vasian, jeté sur le dos comme un paquet sur un seoi-nage debout limpide. Le technicien français faisait ensuite briller ses ko-chi-gari, dont un implacable sur le Hongrois Cirjenics, cloué sur le dos en quart. En finale ? C’était le Canadien Elnahas qui le retrouvait ! Combat difficile, engagé et intense mentalement… Mais alors que le jeune Canadien semblait avoir tout donné et commençait à montrer tous les signes de l’usure, il trouvait le moyen de contrer durement un seoi-nage du Français et à enchaîner sur un juji-gatame vraiment bluffant. Attention à ce Canadien dans un mois ! On verra aussi si les combattants les plus forts qui se sont faits discrets ce dimanche dans la catégorie, le Néerlandais Korrel, le Russe Ilyasov, l’Azerbaidjanais Gasimov, seront plus costauds à Tokyo. C’est probable… Quoi-qu’il en soit, Alexandre Iddir est manifestement prêt à briller sur un grand championnat, lui qui a fait deux championnats du monde et les Jeux en -90kg, et les championnats du monde 2018 en -100kg. C’est maintenant.

Posvite s’épanouit

Du mouvement aussi en -78kg. On avait observé avec intérêt depuis deux ans la bataille engagée entre la tenante Audrey Tcheumeo et sa rivale Madeleine Malonga, conclue pour l’instant par la sélection de la seule Malonga pour les Jeux Européens et les championnats du monde de Tokyo à venir. Mais on gardait un œil sur la montée en puissance un peu inattendue de la médaille mondiale 2015 en -70kg Fanny-Estelle Posvite. Discrète depuis deux ans, éclipsée par la montée en puissance de Marie-Eve Gahié, battue au second tour du Grand Chelem de Paris encore cette année, la Limougeaude de 27 ans paraissait doucement attirée par la sortie. Et puis c’est le changement de catégorie au mois de mars, et depuis une série ininterrompue de podiums, avec la victoire au Grand Prix de Chine. Allait-elle en emporter une nouvelle à Zagreb ? Le niveau de l’opposition était largement plus élevée cette fois avec entre autres l’Anglaise Natalie Powell, 5e mondiale, qu’elle parvenait à faire tomber par o-uchi-gari sur le gong, où la jeune Slovène Apotekar, 12e mondiale et championne d’Europe en titre, qui prenait un très réussi sode-tsuri-komi-goshi. Puissante et efficace techniquement, la Française s’épanouit parfaitement dans ce nouvel environnement et rayonne, comme on ne l’avait plus vue faire depuis longtemps. Elle parvenait en finale, et c’était face à rien de moins que la championne du monde 2015, finaliste en 2017, la Japonaise Mami Umeki, vingt-quatre ans, 7e mondiale, et en bagarre pour tenter d’arracher la sélection olympique, puisque c’est Shori Hamada, la championne du monde en titre, qui représente le Japon au championnat du monde 2019. Dangereuse dans la première partie du combat, la Française finissait par perdre la main face au bloc japonais et baissait la tête. Tenant de passer dans le dos, elle se faisait reprendre par un uchi-mata juste suffisant. Tout de même, le niveau est là et Fanny-Estelle Posvite peut être déclarée outsider pour les Jeux 2020.

Quatre médailles pour la France, quatre titres pour le Japon

Dernière représentante française du jour, la +78kg Julia Tolofua, 26e mondiale grâce à sa toute récente première victoire en Grand Prix en Géorgie, se prenait un peu les pieds dans le tapis face à une assez modeste Chinoise, qu’elle semblait pourtant pouvoir dominer assez facilement, mais qui la surprenait sur sasae et la gardait sur le dos au sol.
La France termine dixième nation, loin des huit finales et quatre titres japonais (pour aucun des sélectionnés mondiaux), des deux victoires canadiennes, ou géorgiennes, deux pays qui devancent les deux finales pour un titre de la Grande-Bretagne.  Mais avec quatre médailles intéressantes, l’équipe nationale tricolore ne revient pas bredouille de ce tournoi préparatoire, notamment chez les garçons où Kilian Le Blouch, Alexandre Iddir ont montré qu’ils pouvaient croire en leurs moyens. Dénouement à Tokyo.