Tête de série n°1 ce dimanche, Amandine Buchard, n’a jamais été aussi forte. Mais attention. Les Jeux olympiques, qu’elle dispute pour la première fois, sont une compétition unique et parfois piégeuse (on l’a encore vu aujourd’hui) pour les favoris. Impressionnante depuis le Grand Chelem d’Osaka, fin 2019, où elle bat en finale la jeune prodige de la catégorie, Uta Abe (l’une des deux seules défaites de la Nipponne sur l’olympiade), la Tricolore a, c’est désormais acté, franchi un cap.
Demain, la Française aura un tour blanc, avant de probablement retrouver la Géorgienne Tetiana Levytska-Shukvani. Un seul affrontement entre les deux -52kg : c’était au Grand Chelem de Bakou en 2019. Et une victoire pour Buchard. Si cette entame s’avère concluante, le palier va s’élever de plusieurs niveaux avec la Russe Natalia Kuziutina en ¼. Médaillée de bronze à Rio, la protégée de Jean-Pierre Gibert mène cinq à zéro contre la Française ! Leur dernière rencontre était à ici-même, à Tokyo, pour les championnats du monde 2019. Attention au ne-waza de la Russe…
Mais une victoire et ça sera sans doute Majlinda Kelmendi en demi-finale. La Kosovare, légende de la catégorie, s’est montrée moins dominatrice depuis plusieurs mois. Troisième à Tel-Aviv et au Masters, la championne olympique de Rio s’était inclinée en demi-finale à Doha face à une Buchard bien plus incisive. Bis repetita ce dimanche ?
Bien entendu, une finale contre Uta Abe serait le dénouement le plus excitant. La Japonaise, double championne du monde (2018 et 2019), phénomène de précocité et de talent est devenue en quelques années seulement l’une des figures de proue du judo mondial. Mais à seulement 21 ans, l’étudiante de Nittai-Dai supportera-t-elle la pression, notamment médiatique ? Buchard conquerra-t-elle un titre que son niveau des derniers mois peut lui faire espérer ? Kelmendi fera-t-elle le doublé ? La future championne olympique sera, sans doute, l’une de ces trois fantastiques combattantes.

Pour sa seconde participation aux JO, Kilian Le Blouch aura un premier tour à sa main, face au Nigérien Ismael Alhassane, 111e mondial et cinquième aux championnats d’Afrique fin mai. Méfiance tout de même, même un Le Blouch à son niveau (en particulier des Europe 2020, où il fut médaillé) a de la marge. Puis, le destin olympique du judoka du FLAM 91 pourrait alors vraiment commencer puisque le Français retrouvera Hifumi Abe.
Finalement choisi après un test-match en modovision face à Joshiro Maruyama, le chouchou des médias nippons, double champion du monde (2017 et 2018) et vainqueur du Grand Chelem d’Antalya début avril, aura, tout comme sa sœur, une énorme pression sur les épaules.
Ne s’étant jamais rencontré en compétition officielle, Le Blouch et Abe offriront une opposition de style sur le tatami n°2 du Budokan. Le rythme infernal qu’aime mettre le Tricolore déstabilisera-t-il le Japonais ? Le Français n’a rien à perdre. Il le sait. Si en plus, il affiche le niveau du championnat continental de Prague, alors…
Un exploit qui enverrait Le Blouch en quart, contre, sans doute, le Mongol Yondonperenlei. Pour la revanche de Budapest ? Un demi-tableau plus copieux que l’autre puisqu’on y compte également l’Italien Manuel Lombardo, champion d’Europe et vice champion du monde. Puissant, technique (avec son kata-guruma et son morote-seoi-nage), le judoka de l’Akiyama Settimo a toutes les armes pour succéder à son compère de club, le fantasque Fabio Basile qui avait tant enthousiasmé il y a cinq ans ! Pour garder l’or olympique en terre transalpine, il faudra à Lombardo passer ou l’Ouzbek Sardor Nurillaev ou l’Azerbaidjanais Orkhan Safarov ! Du beau linge.
Dans l’autre demi-tableau, le Coréen An Baul, vice champion olympique en titre, devrait, sauf surprise, être dans le dernier carré. Tactique, tranchant sur son morote-seoi-nage, il est resté invaincu de janvier 2020 à mai 2021 (quatre victoires consécutives sur le circuit mondial) !
Après Rio, le judoka du pays du Matin Calme montera-t-il d’une marche sur le podium olympique, mais celle qui fait toute la différence ?