Il y a un mois, elle passait de peu à côté d’un nouveau titre mondial. Battue en finale par l’Allemande Anna Maria Wagner, au profil « judo » identique ou presque à elle (grande allonge et un système d’attaque basé sur des ashi-waza), Madeleine Malonga se disait certes déçue mais que le vrai rendez-vous était fin juillet, à Tokyo. Nous y sommes.
Championne du monde 2019, double championne d’Europe (2018 et 2020), la -78kg de l’ESBM Judo aura l’occasion, demain, de clore sublimement son olympiade en remportant le dernier titre qui manque à son palmarès international construit à coup de grandes techniques de jambe.
Mais attention. Se présente devant elle un parcours semé de chausse-trappes. Bien que tête de série n°1, la Tricolore va devoir se dépêtrer d’adversaires plus piégeuses les unes que les autres. Il y aura d’abord la Chinoise Ma Zhenzhao (3e à Tbilissi et vice championne d’Asie 2021), qui avait battu Malonga aux Monde 2018 à Bakou. Leur seule rencontre sur le circuit pour l’instant. Il y a donc une revanche à prendre ! À moins que ce soit l’Autrichienne Bernadette Graf (3e aux Europe 2021), dont il faudra alors se méfier vu le niveau de forme de la team Autriche sur ces Jeux. Une fois ce premier obstacle passé, la Cubaine Kaliema Antomarchi ou la Croate Karla Prodan se présenteraient sur le parcours de la Française. Attention à cette dernière, tant elle avait mis au supplice Malonga à Budapest il y a un mois. Une gauchère, ce qui n’est pas forcément le profil préféré de la Tricolore.
En toute logique, elle devrait retrouver la Néerlandaise Guusje Steenhuis en demi-finale. Leur dernière rencontre remonte à un mois et Malonga avait nettement battue la Batave, ne lui laissant absolument aucune chance d’espérer.
Mais, si le plan se déroule sans accrocs, pour affronter finalement qui en finale ? La Japonaise Shori Hamada qui sait profiter du moindre passage en ne-waza pour clouer n’importe quel adversaire pour le compte mais que Malonga a déjà battu deux fois (Monde 2019 et Masters 2021) ? L’Allemande Wagner profitera-t-elle de la dynamique créée par son titre planétaire ? Côté outsider, la Brésilienne Mayra Aguiar aura-t-elle la force d’âme d’aller chercher une troisième médaille olympique consécutive ? À moins que la Kosovare Loriana Kuka puise une force qui la fera se sublimer, après les exploits de ses copines Distria Krasniqi et Nora Gjakova ?
Pour les -100kg, l’analyse faite pour les -90kg hier pourrait tenir lieu de plagiat. Une catégorie extrêmement dense où dès les huitièmes l’on pourra assister à des duels qui n’auraient pas dépareiller en demi-finale.
Exemple ? Un possible Jorge Fonseca (double champion du monde en titre)/Toma Nikiforov (titré au niveau continental en avril). Un duel totalement explosif dès le deuxième tour !
Une catégorie où ça sera l’homme du moment, et non celui de l’olympiade, qui pourra croquer, tout sourire, sa médaille d’or olympique devant les photographes. Sera-ce le capitaine de l’équipe de Géorgie, l’éternel et sympathique Varlam Liparteliani, vice champion olympique il y a quatre ans en -90kg et porté par le succès de ses camarades ? Le Russe Niiaz Ilyasov, double médaillé mondial (bronze en 2018, argent en 2019) qui voudra succéder à Tagir Khaybulaev, fantastique champion olympique à Londres ? Le Néerlandais Michael Korrel, vainqueur à Tel-Aviv ? Le Japonais Wolf, champion du monde 2017 qui souhaitera ramener le titre à la maison (le Japon, mais aussi l’université de Tokai), vingt-quatre après un certain Kosei Inoue, responsable depuis 2012 de cette incroyable équipe masculine ? À moins que l’Israélien Peter Paltchik mette tout ce petit monde d’accord ?
Et Alexandre Iddir dans tout cela ? Le médaillé européen d’avril, choisi comme titulaire pour ses seconds JO devra se montrer sans faiblesse dès son premier combat puisqu’il retrouvera un homme fort, l’Azerbaidjanais Zelym Kotsoiev, à ses côtés sur le podium lisboète, mais aussi vainqueur du Grand Chelem d’Antalya et en argent au Masters de janvier ! Deux combats entre les deux judokas, pour deux défaites pour Iddir (la dernière remonte à Paris l’année dernière). Mais les statistiques sont faites pour être démenties.
Si la victoire est au bout, le Français pourrait bien retrouver un autre combattant qui jusque-là ne lui réussit guère : le Canadien Shady El Nahas. Mais les JO sont une compétition singulière, unique, où des destins se révèlent ! Avec un panel technique parmi les plus spectaculaires du circuit, Iddir peut faire tomber à peu près n’importe qui, on le sait. À lui de jouer.