Bleus ou blancs ? Kims fétiches ? Les habitudes des champions

Chaque mois, partez avec Mizuno à la découverte des grands moments et des petites histoires autour des équipes de France de judo et de jujitsu. Du judo, des hommes et des femmes, des joies, des larmes, des objectifs, des médailles, avec, toujours, le coq bleu-blanc-rouge brodé sur leur judogi Mizuno.
Que serait le judo sans kimono ? Ou plutôt devrait-on dire… judogi. En effet, le mot japonais kimono qui se traduit littéralement par « chose à porter » désigne la tenue traditionnelle, souvent portée lors de « grandes occasions », au Japon. Un vêtement dont Jigoro Kano s’est inspiré (d’où la confusion ?) pour le judogi, littéralement le « vêtement de judo » qui fut porté pour la première fois au sein des arts martiaux nippons par les judokas du Kôdôkan. Kano choisit la couleur blanche pour des raisons essentiellement symboliques. En 1998, sous la pression de fédérations européennes, le judogi bleu devient officiel au niveau international. Un bouleversement – après plusieurs tentatives vertes, jaunes, roses… – désormais entré dans les mœurs. Considéré par certains comme une « armure symbolique » ou « blanc de travail », le rapport du judoka à ses judogis est souvent riche d’enseignements et d’anecdotes, comme le prouvent les propos de ces six combattants des collectifs nationaux : Shirine Boukli, Candice Lebreton, Sarah-Léonie Cysique, Hugo Metifiot, Kevin Azema et Julian Kermarrec. Alors, plutôt « kim’ » blanc ou bleu ? Dur ou souple ? Et combien de judogis dans le placard ?

Combien de judogis ?

Une dizaine en moyenne parmi les athlètes interrogés, comme Shirine Boukli (FLAM 91), championne de France seniors 1re division début novembre à Rouen en -48kg : « Je suis internationale depuis ma première année cadettes et j’en ai deux par an. Je dois donc avoir au moins une dizaine de « kim’ ». Mais quand j’y pense… je ne les ai jamais comptés ! J’ai quatre judogis pour l’entraînement, deux pour les compétitions avec l’équipe de France, deux pour les compétitions nationales ou internationales avec mon club et deux autres, au cas où ». Idem pour Julian Kermarrec (SGS Judo), champion de France en titre des -90kg : « J’en ai une bonne dizaine (dont deux de JJB)…et je viens de faire le tri ! J’ai gardé les plus récents, ceux aux normes IJF, de l’équipe de France et de mon club, Sainte Gen’ ». Candice Lebreton (Blanc Mesnil Sport Judo), médaillée de bronze aux championnats du monde juniors 2018 en -70kg justifie ce chiffre en partie par sa volonté de ne pas oublier d’où elle vient : « Je garde un judogi que chaque club dans lesquels je suis passée m’a offert. Car je pense qu’on se construit grâce aux professeurs, aux copains/copines de club. C’est une façon pour moi de voir le chemin parcouru. Sur la dizaine, j’en ai quatre en tout (un pour chaque club). On ne peut pas arriver là sans eux. »
Mention spéciale pour Kevin Azéma, champion de France seniors 1re division en -66kg avec… dix-huit judogis ! « J’en ai quatorze sur Paris et quatre chez mes parents dans l’Allier. En fait, je n’arrive pas à me séparer de mes judogis (rires) ! Là je suis en plein déménagement et on me répète : « tu ne vas pas tous les garder ». Et bien… si ! (sourires) ».

Judogis de compétitions et d’entraînements

Hormis Julian Kermarrec qui ne fait pas de différence « je mets mes judogis d’entraînement en compétition. Avant, je faisais bien la différence entre kimonos d’entraînement et de compétitions sur lesquels, d’ailleurs, je mettais de l’amidon. Maintenant je prends le premier qui vient ! », tous les autres interviewés séparent scrupuleusement leurs judogis. Avec parfois des habitudes bien établies. Ainsi, Candice Lebreton « aime « faire » ses judogis de compétition neufs un peu avant car on ne peut pas arriver à une compétition en ne les ayant jamais portés. Généralement, je les « fais » deux semaines avant l’événement pour lequel on nous les a donnés ». Kevin Azéma et Sarah-Léonie Cysique, désormais double championne de France seniors en -57kg (2017 et 2018) insistent quant à eux sur le fait qu’il est très important que leurs judogis de compétition soient « bien blancs, bien propres et pile à la taille. »

Judogis fétiches

Ils en ont presque tous un ! Souvent, il s’agit de leur premier judogi de l’équipe de France ou de leur tout premier kimono. Ce dernier, qu’ils ne mettent souvent plus depuis longtemps n’en reste pas moins précieusement dans leur placard et dans leurs souvenirs : « Mon premier judogi ? Un cadeau de mon oncle, qui a été mon premier professeur de judo dans le Gard. Je l’ai eu à quatre ans pour mon anniversaire. Impossible de l’oublier ! J’en garde un autre très précieusement : celui avec lequel j’ai remporté les championnats de France cadets et juniors la même année, en 2015 », s’amuse Shirine Boukli. De son côté, Kevin Azéma raconte l’anecdote suivante : « Mon premier judogi, je l’ai eu… à la maternité ! Mon père étant professeur de judo, ses élèves lui avaient fait la surprise de me faire faire un judogi pour ma naissance, sur-mesure, avec mon prénom dans le dos. Quant à mon premier judogi de l’équipe de France, c’était en cadets. Il me va toujours un peu grand d’ailleurs ! Je l’ai très rarement mis. Pour l’anecdote, à l’époque, je ne mettais jamais mon kim de l’équipe de France à l’entraînement parce que je ne voulais pas me mettre en avant, avoir l’impression de me la jouer. Peut-être même que je n’arrivais pas à l’assumer ? Après, dès que je suis arrivé à l’INSEP, vu que tout le monde les mettait, j’ai pris le pli. Ceux de l’équipe de France, ce ne sont pas des cadeaux, il faut les mériter. » Côté juniors, Lebreton, Metifiot et Cysique ont revêtu leur premier judogi tricolore en 2015, avec une même fierté : « La première fois que je l’ai enfilé, c’était fou ! Avec le dossard et mon nom dans le dos, j’étais super fière. Après ce qui est dommage, c’est qu’on s’y habitue vite. Voir le coq sur la poitrine… je suis une sentimentale (rires) ! Mon second kimono fétiche reste celui avec lequel je fais deuxième aux championnats de France cadettes » se rappelle Lebreton. « J’ai un attachement particulier pour mon premier judogi de l’équipe de France, le blanc. Je l’avais reçu pour une coupe d’Europe en Pologne chez les cadets. Je l’ai mis une seule fois ! » se souvient Cysique. « On l’avait eu tous les deux pour la même compétition, ajoute Metifiot. Mais le judogi de l’équipe nationale qui m’a le plus marqué, c’est celui avec lequel j’obtiens la médaille de bronze aux championnats d’Europe cadets, en 2016. »

Blanc ou bleu ?

Dans la majorité des cas, les athlètes préfèrent la couleur blanche, comme Shirine Boukli : « Je me sens mieux dedans, plus à l’aise. À l’international, je préfère combattre du côté blanc (sourire). Ça fait partie des petites superstitions ». Idem pour Kevin Azéma et Candice Lebreton : « Je préfère le blanc car c’est la couleur originelle, traditionnelle. Et comme je suis professeur de judo, cette symbolique compte pour moi », affirme le -66kg alors que la -70kg déclare tout de go : « judogi blanc ! Parce que c’est la tradition et que j’ai toujours eu l’habitude d’avoir des judogis blancs. Pour moi, le bleu, c’est uniquement pour bien séparer les deux adversaires au niveau visuel. C’est tout.» Quid du kim bleu ? Il a un avantage, selon Julian Kermarrec et Kevin Azéma : « il se salit moins vite et on voit moins les tâches lorsqu’il est trempé de sueur » notent-ils avec un sourire.

Le lavage

Si un mot devait résumer la manière dont ces six judokas s’occupent de leurs judogis, ce serait sans doute « sérieusement ». Presque tous s’en occupent eux-mêmes dès qu’ils rentrent chez eux, Candice Lebreton affirmant même qu’elle « déteste qu’on s’occupe de (ses) judogis ! (rires) Je ne mets jamais d’adoucissant car, sinon, ça ne fait pas mal à l’autre quand elle le saisit (rires). Je les fais sécher au soleil de préférence après les avoir lavés à 30°. » Même état d’esprit chez Kevin Azéma : « dès que je rentre à la maison, c’est la première chose que je fais, sinon ça me dérange. Car, plus je le laisse dans le sac, plus ça sera dur d’enlever l’odeur et les tâches. Lorsque j’ai un judogi neuf, je le lave la première fois à 90° puis après 30°, 40° maximum. » Sarah-Léonie Cysique précise de son côté : « lorsque je suis chez mes parents, ma mère les brosse souvent avant de les laver, en particulier les manches et le col. »

Une quête perpétuelle d’excellence

 » Si le cahier des charges de la FIJ est assez précis, ne laissant pas beaucoup de place à l’innovation, les deux leviers sur lesquels Mizuno peut marquer sa différence sont les matériaux et la coupe.
Concernant les matériaux, même s’il faut respecter le grammage de 750g/m² maximum et un pourcentage de 70% de coton minimum, on peut se différencier grâce à la qualité du coton utilisé et les techniques de tissage employées. On peut également jouer sur ces deux points pour développer des judogis répondant à différentes demandes.Car quand certains recherchent un judogi souple et léger, où c’est le confort qui prime (notamment les japonais), d’autres recherchent un judogi rêche et rigide, qui soit plus difficile à saisir. C’est pour cette raison que nous avons trois modèles de judogis homologués IJF : le Yusho, le Yusho Best et le Yusho Japan.
Concernant la coupe, la demande est en revanche assez uniforme : il faut que le judogi soit le plus ajusté possible, afin de laisser le moins de prise possible à l’adversaire tout en respectant les normes internationales, notamment sur la longueur et la largeur de manche.
Pour les plus exigeants et les gabarits les plus atypiques, nous faisons parfois du sur-mesure. Nous pouvons par exemple mettre les manches d’un judogi taille 3 sur un judogi taille 2 pour quelqu’un qui a des bras très longs. De cette façon, on peut mixer une demi-douzaine de parties de judogi. »