Axel Clerget cinquième, Cyrille Maret finaliste

Pas de féminine française ce dimanche (en fait dans la nuit de dimanche à lundi heure française), pas de poids lourd français non plus pour faire face au Japonais Harasawa, invaincu depuis deux ans dans les tournois internationaux, mais deux titulaires masculins dont on attendait beaucoup en -90 kg et en -100 kg : l’astre montant Axel Clerget, et l’un des grands leaders français depuis plusieurs années Cyrille Maret. 

Axel Clerget rattrapé par la peur de perdre ?

Malheureusement pour lui, Axel Clerget, impeccable depuis un mois, fait une compétition en demi-teinte, avec le meilleur au début : une victoire impressionnante au sol sur l’Ouzbek Sherali Juraev, « détruit » par un sankaku-jime de pince hydraulique, et une victoire nette aux pénalités contre le Suédois Marcus Nyman, qui était le dernier combattant à l’avaoir battu, au Grand Chelem de Bakou quelques semaines plus tôt. Mais ces prémices d’excellentes augures ont été foudroyé par un coup de tonnerre venu de Russie. Le jeune Khusen Khalmurzaev réinterprête contre lui le « ceinture – pantalon » à l’ancienne (Obi-tori-ashi-dori) en gardant la main « pantalon » au niveau de la ceinture, un arraché de face intimidant et une nouvelle démonstration des Khalmurzaev, la nouveauté du côté de l’équipe masculine de Russie. En place de trois, Axel commençait son combat face au Slovène Zgank, contre lequel il restait sur deux victoires au deux derniers tournois de Paris, en enchaînant les passages au sol et les seoi-nage pour obtenir facilement une pénalité d’avance. Mais à mi-parcours, rattrapé par le doute, peut-être la peur de lâcher ce résultat encore une fois positif tous comptes faits, mais aussi par la fatigue d’un gros enchaînement de compétitions, il ralentissait d’un coup, se faisait coincer deux fois dans le coin pour deux pénalités successives et ne parvenait pas à reprendre la marche avant. Dommage, même si on peut considérer que toute la séquence de ce mois de mai, Master compris, reste un formidable passage pour Axel Clerget.

Maret bat Krpalek, mais pas Gasimov

Cyrille Maret était comme les autres leaders mondiaux dont beaucoup ont chuté sur cet ultime et exigeant rendez-vous : déjà en partie concentré sur autre chose, entamé par les stages de préparation et le travail physique et peu désireux de se découvrir aux yeux des observateurs. C’est pourquoi on peut lui tirer un coup de chapeau (et choisir le sombrero, de circonstance…) d’avoir été capable de faire face. Ce ne fut pas facile. Il prenait un waza-ari d’entrée contre le Brésilien Buzacarini au premier tour sur harai-makikomi, devait sortir les rames en demi-finale pour sauver une pénalité donnée tôt dans le combat contre le Tchèque Krpalek – un gros combat entre deux favoris potentiels pour le titre olympique – et succombait à un autre makikomi de l’Azéri Elmar Gasimov, un numéro un mondial en perte de vitesse, qui n’avait plus ramené d’or depuis… le Master 2015 en mai dernier, et qui rappelle qu’il faudra encore compter avec lui à Rio. 

Harrison est déjà prête

L’Amérique du Nord sort avec deux médailles d’or de ce Master 2016 mexicain. C’est Travis Stevens la veille, Kayla Harrison dimanche, qui ont fait mettre la main sur le coeur aux spectateurs à l’écoute de « La Banière étoilée ». Kayla Harisson a été superbe de puissance et de précision technique, affirmant plus que jamais son statut de favorite et la maîtrise de son calendrier. L’Anglaise Powell a pris un mouvement de hanche « astounding » en demi-finale, et la Brésilienne Aguiar, l’une de ses plus redoutables adversaires, est tombée en finale sur un joli ko-uchi-gari avant de se faire déplier le bras sur un juji-gatame tout en finesse. Une démonstration.
C’est aussi les Amériques en +78 kg, mais cette fois du côté de Cuba, ou la grande championne Ortiz, qui gagne ce Master, ira cette fois à Rio pour les Jeux avec un statut de favorite. Il faudra bien du talent et du courage pour passer la championne olympique et double championne du monde 2013-2014 à Rio.

Harasawa battu !

En bronze avec sa dernière féminine, la lourde Kanae Yamabe qui se faisait pousser à la disqualification par la Chinoise du jour, le Japon prend encore une médaille d’or masculine, mais pas avec le combattant attendu. C’est en effet Mashu Baker qui se montre souverain en -90 kg, un médaillé mondial 2015 qui a encore pris de l’étoffe à 21 ans. Il n’a qu’une défaite au compteur depuis février 2015 et sera très difficile à battre à Rio avec son judo par en dessous et ses formidables o-uchi-gari. C’est sur l’un d’entre eux qu’il vient à bout de la Légende Iliadis – toujours loin de son meilleur niveau – et c’est sur tai-otoshi qu’il parvient à briser la défense du terrible Khusen Khalmurzaev en finale.
En revanche, le magnifique poids lourd Hisayoshi Harasawa, malgré quelques belles envolées, est reparti penaud. Il est en effet surpris, et par deux fois, par un combattant jusque là plutôt placide, le géant roumain Daniel Natea, un colosse qui dépasse allégrement les 160 kg. Plié une première fois en contre de son uchi-mata, il était repris à bras le corps par son adversaire à la prise de garde suivante et jeté comme un paquet sur le dos ! Une démonstration de puissance et d’autorité inattendue, intimidante et intéressante, confirmée en finale par le même, qui prenait par la manche l’un des lourds les plus dangereux du moment, l’Israélien Sasson, et l’enroulait sur le dos en six secondes. C’était pourtant le même Sasson qui s’était permis de l’envoler sur un « énorme » sode au championnat d’Europe. Daniel Natea a 24 ans. Il est plus lourd et plus grand que Teddy Riner et il est manifestement passé à la vitesse supérieure. Est-il capable de surprendre à Rio ?