Crédit photo : Thomas Rouquette/L’Esprit du Judo

Arbitre français du circuit international depuis de nombreuses années, sélectionné pour officier durant les Jeux paralympiques de Tokyo, Olivier Desroses revient pour l’Esprit du Judo sur le séminaire d’arbitrage organisé par l’Union européenne de Judo (UEJ) le week-end dernier à Coimbra (Portugal).

Quels points été particulièrement étudiés durant ce séminaire ? 
Il y en a évidemment plusieurs : le «diving» (plongeon sur la tête de Tori sur un mouvement qu’il lance), les critères du waza-ari, les fausses attaques, la rupture du kumikata, les sorties de tapis et certains mouvements en ne-waza.
Commençons peut-être par le diving, puisque c’est ce sujet qui a inauguré le séminaire. Pour donner hansokumake sur ce type d’action, deux critères sont pris en compte et et ils peuvent être cumulatifs : partir dans l’axe d’une part, que la tête touche en premier le tatami d’autre part.
Dans le cas d’espèce, l’appel à la vidéo et à l’arrêt sur image sera systématiquement utilisé car la règle est la suivante : à partir du moment où la tête touche le sol en premier, le hansokumake sera donné. Que l’épaule ou la main touche le sol ensuite, même si ce n’est qu’une seconde après, ne changera rien. De même, si un judoka lance un mouvement (uchi-mata ou sode-tsuri-komi-goshi) dans l’axe en faisant un salto avant, et même si la tête ne touche pas le sol, un hansokumake sera donné.
Par contre, si lorsque Tori lance un mouvement (uchi-mata) et que c’est d’abord l’épaule ou la main qui impacte le sol, puis la tête, alors il n’y aura pas de sanction. Idem s’il y a simultanéité : tête/épaule en même temps au sol, pas de hansokumake.

Vous évoquez également les critères d’impact ? 
Oui. Ce fut d’ailleurs l’un des sujets où des modifications ont été annoncées. Jusqu’alors, pour évaluer un impact, il fallait regarder de la pointe de l’épaule jusqu’aux hanches. Ce week-end, il a été dit que la position des hanches ne comptent plus. Attention, le critère premier reste toujours le même : que l’impact soit à 90 degrés minimum du tatami. Mais dorénavant, ne seront pris en compte que l’épaule et le flanc dans l’appréciation de l’impact. L’on nous a justifié cela par l’idée d’avoir plus d’impacts mais sans revenir aux règles de l’olympiade précédente.

La question du kumikata et des ruptures est une question qui prête aussi à discussion.
Cela a été bien sûr évoqué mais pour confirmer la tendance souhaité. L’idée fondamentale est qu’à partir du moment où il y a saisie, il n’y est pas de rupture totale. Il faut que le contact ne soit pas rompu. Il y a bien sûr des subtilités : quid par exemple si mon adversaire me saisit à la manche, que je tire pour le faire lâcher et que je remonte immédiatement après ma main à son col ou dans le dos ? Tout dépendra alors de mon attitude immédiate une fois ma main posée sur son judogi ? Si une attaque forte et immédiate a lieu, il y a peu de chances d’être sanctionné. Mais si je fais lâcher, que l’arbitre a le temps de dire shido avant que le combattant n’ait remonté sa main, il y aura alors shido.
Mon sentiment est le suivant : faire lacher, même si c’est pour replacer immédiatement son tsurite au col représente un risque de sanction.
L’idée à avoir en tête ? Garder le contact.

Quid des sorties de tapis ? 
Il y a eu beaucoup de discussion sur ce sujet. Mais voilà ce que j’aimerais dire aux combattants et professeurs français : dans disons 95% des cas, le combattant qui aura en premier les deux pieds en dehors de la surface de combat sans avoir attaqué sera sanctionné. Un conseil ? Battez-vous pour rester dans la surface de combat. Je vois souvent des judokas français, au national ou à l’international, souvent se plaindre d’avoir été poussé dehors par leur adversaire.  Sauf que les critères pour donner une sanction pour « pushing»  sont extrêmement précises : il faut que le judoka ait les bras tendus et soit dans une position un peu à la manière de quelqu’un qui pousse une voiture. Si ce critère n’est pas là, alors la sanction sera pour le judoka avec les pieds en dehors de la surface de combat. Ce sont des shidos pris parfois bêtement et qui peuvent être lourds de conséquences.

Et en ce qui concerne le ne-waza ? 
La règle globale est d’éviter toute pression trop forte sur les cervicales. Voilà pourquoi l’étranglement popularisé par Clarisse Agbegnenou n’est plus valable sur le circuit mondial depuis presque un an. Une précision si vous permettez : il n’est plus valable quand il est réalisé avec une jambe sur la nuque et l’autre sur le dos. Pourquoi ? Car dans ce cas précis, Uke n’a pas la possibilité de rouler vers l’avant. Il y a donc une pression sur la nuque auquel il ne peut pas échapper. Avec une jambe cela reste-t-il valable ? La réponse n’a pas été clairement donnée. Aussi, faut-il, pour l’instant ne pas prendre de risque inutile.
Autre exemple : lorsque vous engagez un kata-sankaku (ou Reiter). Si votre adversaire reste au sol, pas de problème. Par contre, si ce dernier se relève sur ses jambes, alors il vous faudra lâcher immédiatement et surtout ne pas le projeter, sous peine d’hansokumake.

Retrouvez le séminaire en vidéo : 1er jour : https://www.youtube.com/watch?v=8J-2ZYmsZJY
    2ème jour : https://www.youtube.com/watch?v=hLYKT4WhQ_w