Fréquenté largement par les Français, Tunis a distribué bons et mauvais points

L’Open africain de Tunis 2015, premier du genre, après que l’année 2014 ait initié à Casablanca (un Open qui aura lieu lui aussi, le 24 janvier) le petit voyage de l’autre côté de la Méditerranée à cette époque de l’année, traditionnellement sans tournoi, a permis à trente-sept combattant(e)s français, pour la plupart sur le podium national en novembre, d’aller se dégourdir les jambes à des températures plus agréables. Le niveau d’opposition était globalement plutôt faible, mais certains s’en sont tirés mieux que d’autres et Tunis a permis à certains et certaines de se mettre en valeur, alors que d’autres rataient le test. Le bilan.

Les gagnants de Tunis :

Les vainqueurs, bien sûr, marquent le coup en ce début d’année, et ces victoires sont significatives. Trois garçons et cinq filles venus des clubs français (dont quatre sont issus du seul club de FLAM91, grand vainqueur du week-end) rendent une prestation impeccable qui va leur donner un petit paquet de points (100), mais aussi la possibilté d’aller plus haut, en Grand Prix, selon la règle fixée par la fédération française (qu’elle ne respecte pas toujours à vrai dire). Sofiane Milous en -60 kg se redonne du lustre et de la crédibilité (et aussi des points précieux pour lui qui a glissé à la 18e place mondiale) en dominant d’une pénalité (un yuko partout) l’un de ses plus sérieux rivaux nationaux des deux années dernières, Adrien Raymond, trois podiums nationaux en trois ans dont deux finales. Raymond l’avait justement battu l’année dernière à Casablanca. Il bat aussi par ippon en finale l’une des figures montantes, le champion de France junior Walide Khyar, qui se met en valeur en atteignant cette finale et en battant au passage l’un des combattants de sa génération, le champion du monde junior 2013 (en -55 kg) Vincent Manquest. Lequel reste aussi l’un des gagnants de Tunis en finissant troisième, avec deux victoires importantes pour un néophyte en senior, sur le Péruvien Postigos, 61e mondial,  et surtout sur le Suisse Chammartin, 32e et ancien finaliste d’un championnat d’Europe.
Les deux champions de France l’emportent en -66 kg et en -73 kg, ce qui conforte leur position de force et leur ouvre les portes de sélections plus ambitieuses. Kilian LeBlouch en -66 kg, domine une nouvelle fois son finaliste du championnat national, Julien Ottaviani, qui confirme donc lui aussi son statut. Cinquième seulement dans cette catégorie, Hugo Fonghetti la révélation nationale de Sucy, fait malgré tout un joli parcours avec trois victoires, un combat serré contre Kilian LeBlouch qui se termine au golden score  d’une pénalité et une défaite frustrante contre le champion d’Afrique 2013 (3e en 2014) contre lequel il menait largement. En -73 kg, Guillaume Chaine marque quasiment ses premiers points internationaux. Une première étape importante pour ce combattant pour l’instant peu « casté » par l’encadrement national.
Si Anne-Laure Bellard, cinquième du championnat du monde -63 kg, n’avait pas besoin de cette victoire, elle confirme néanmoins qu’elle est toujours bien là. Sa finaliste Linsay Tsang Sam Moi continue en revanche à prendre de l’épaisseur après sa finale nationale. Cette combattante que l’encadrement n’avait pas jugé pertinent d’envoyer au championnat du monde junior 2013 en individuel a depuis fait du chemin. Elle bat par ippon une Américaine 29e mondiale, la Marocaine Zouak 15e mondial, avant de dominer aux pénalités Caroline Peschaud, 3e du championnat de France, et de ne perdre que d’un shido d’écart devant Bellard. La championne de France Maelle Di Cintio, battue par Bellard, n’a pas gagné grand chose à Tunis, sinon la satisfaction de repousser elle aussi Caroline Peschaud pour rester sur le podium.
C’était important pour Laetitia Payet de prouver, après son retour réussi en -48 kg au niveau national, qu’elle a les moyens de passer à un niveau supérieur. Si elle ne bat aucune fille de grande réputation, elle ne commet pas la faute de s’incliner devant l’une d’elles. Trois immobilisations pour autant de victoires. Marie-Eve Gahié marque encore de gros points en -70 kg après sa finale nationale derrière Gévrise Emane. Pour cette combattante qui était championne du monde cadette en 2013, les étapes sont vite franchies. Elle pulvérise à Tunis toutes ses adversaires, dont trois dans les cinquante meilleures mondiales. C’est une belle démonstration encore pour Madeleine Malonga, récente championne de France seniors en -78 kg alors qu’elle sortait tout juste des juniors. Mais ce n’est pas une surprise. Malonga a déjà fait la finale du Grand Chelem de Paris et gagné celui de Baku ! Déjà 16e mondiale, elle en profite pour s’approcher du top 10. Deuxième, Christelle Garry continue à démontrer qu’elle a désormais le niveau pour voyager. Elle bat notamment la vice championne olympique anglaise Gemma Gibbons.
Enfin Lucie Louette montre qu’elle peut se donner les moyens de surprendre en +78 kg après sa reconversion dans cette catégorie. Si Marine Erb ne fait que troisième en s’inclinant devant l’expérimentée tunisienne Cheikh Rouhou, 8e mondiale, elle marque ses premiers points internationaux, alors qu’elle aussi sort brillament des juniors en passant d’une médaille européenne et mondiale chez les jeunes à son premier podium senior au championnat de France. 
Dans les médaillé(e)s content(e)s, on peut sans doute citer en -57 kg la Dijonaise Hélène Receveaux qui confirme sa finale du Grand Prix de Corée en décembre… mais qui confirme aussi qu’elle a un peu de mal à les gagner ces finales, puisque c’est la quatrième qu’elle perd après celles l’Open de Madrid et le Grand Prix de Hongrie en juin. Elle est cette fois dominée par la Kosovare Gjakova, moins bien classée qu’elle au niveau mondial. Julian Kermarrec, 3e en -81 kg est plus heureux : il fait son troisième podium depuis 2014, après l’Open d’Espagne et du Portugal, en battant notamment le champion d’Afrique, le Marocain Safouane Attaf, et il apparait comme le -81 kg français le plus consistant, loin derrière les deux grands leaders. En -100 kg, le champion de France junior et senior Joseph Terhec montre encore qu’il ne manque pas d’étoffe en battant notamment une nouvelle fois son finaliste national Maxime Clément, vainqueur l’année dernière à Casablanca. Un bon départ international en senior. De même Aurelia Issoumaila, troisième en -52 kg, semble sortir de l’ombre portée par Bonna et Duport, lesquelles ratent leur tournoi. Elle bat notamment la Tunisienne Hela Ayari, 33e mondiale.

Les perdants de Tunis :

Si la plupart des non-médaillés – et même quelques médaillés dans des catégories particulièrement faibles – peuvent être désappointés par un parcours moyen, en dessous de leurs espérances et de leur « potentiel », certains doivent faire carrément grise mine et reviennent avec une contre-performance estampillée qu’il faudra parvenir à effacer dans le futur.
C’est le cas en -66 kg de Dimitri Dragin. L’international de Levallois, incapable de s’arracher d’un tableau insignifiant pour un ancien médaillé européen (il est battu par le Slovène Gomboc et le Tunisien Khalfaoui, 47e et 26e mondiaux), et qui laisse une impression de manque de souffle, qu’il devra se charger de balayer rapidement s’il ne souhaite pas en être finalement convaincu lui-même. En attendant, il reste scotché à sa 49e place mondial, bien loin du top 15 dans lequel il était remonté en septembre 2013, ou même du top 20 dans lequel il était encore en avril dernier. En -73 kg, Jordan Amoros ne profite pas de sa finale nationale. En -81 kg, les champions de France 2013 et 2014, Guillaume Riou et Dimitri Gomes-Tavares, ainsi que l’habituel médaillé national Mehdi Tobrouki, ont une nouvelle donné des signes de la faiblesse de la catégorie en France quand il ne s’agit pas de Loic Pietri ou d’Alain Schmitt. Enfin en -100 kg, le camarade de club de Maxime Clément, Massamba M’Baye, qui avait atteint pour la première fois le podium national dans cette catégorie, devra retenter sa chance à ce niveau pour gagner en crédibilité. Comme Clément, il ne passe pas l’écueil de l’Anglais Fletcher, 40e mondial.
Chez les féminines, la soupe à la grimace est bue le plus largement en -52 kg, par Pénélope Bonna, la championne d’Europe 2011, toujours sur les rangs pour représenter la France, écartée par la Tunisienne Hela Ayari de deux yuko et par la combattante « vétéran » de Belgique Ilse Heylen, pour la place de trois. C’est trop peu pour elle. Dans la même catégorie, la Mulhousienne Lucile Duport subit une nouvelle déconvenue en lâchant une nouvelle fois devant la Finlandaise Jaana Sundberg (10e mondiale tout de même) et devant sa compatriote Bonna d’un shido. C’est en battant plusieurs fois cette dernière qu’elle avait atteint l’équipe nationale pour la campagne des championnats du monde de Rio en 2013. Sa camarade de club Cindy Huber, vice championne de France en -57 kg, n’a pas retrouvé le chemin d’un podium international, qu’elle connaissait en 2013, avec notamment une victoire à l’Open de Tchéquie. Elle est rapidement sortie par l’Allemande Waechter, 81e mondiale.