Avec le nouveau circuit mis en place il y a maintenant une dizaine d’années au niveau mondial et européen, nombre de tournois sur le continent européen du temps jadis des années 1990-2000 ont disparu. Certains font toutefois face à la monopolisation progressive des compétitions estampillées UEJ ou FIJ avec ses frais d’inscription élevés, ses hôtels et nombre de nuité minimum imposés. Comme à Herstal (Belgique), sorte de village gaulois d’Astérix qui résiste encore et toujours à la puissance de l’empire romain personnifié pour le coup par les fédérations supra-nationales. Une survivance salutaire dont les ressorts sont multiples :
-située en un point central de l’Europe, Herstal est un lieu idéal puisque la ville belge se situe non loin de la France, de l’Allemagne et de la Hollande. Un situation géographique stratégique avec en plus l’aéroport de Bruxelles situé à peine une heure de transport.
-sa position dans le calendrier est son second atout : trois-quatre semaines après les fêtes de fin d’année lors d’un mois de janvier où les coupes et Open européens sont, fait rare !, totalement absentes.
-son coût modéré – puisque sans contrainte sur l’hébergement – et ses frais d’incription modiques représentent un troisième atout.
-la présence d’une équipe junior japonaise – déjà présente sur feu le tournoi d’Arlon – joue un rôle de prescripteur très fort, d’autant que ces combattantes participent à la compétition junior et senior. À ce propos, les organisateurs ont d’ores et déjà eu confirmation du staff japonais d’Eigo Nose qu’une équipe sera présente en 2025. Autre information, mais spécifique à cette édition junior 2024 : avec l’annulation de la coupe d’Europe juniors de Paris début mai, l’occasion d’avoir dans les mains certaines des futures titulaires mondiales nipponnes début octobre au Turkménistan va se faire encore plus rare. Herstal en donne l’occasion, que d’ailleurs certaines Tricolores n’ont d’ailleurs pas raté.
-le système de poules puis tableau avec double repêchage assure deux à trois combats minimum. Une formule qui plaît mais qui dut être abandonné au profit d’un tableau classique pour les seniors du fait d’un trop grand nombre d’inscrits. La rançon du succès.
Bref, en un mot comme en cent, Herstal a beaucoup des avantages sportifs d’une coupe d’Europe sans en avoir la dénomination ni les contraintes économiques. Une curiosité, un événement singulier mais à la forte légitimité et aux atouts indéniables.

Le week-end dernier, outre les Japonaises, beaucoup des meilleures juniors algérienne, canadienne, allemande, néerlandaise, belge, anglaise étaient sur le tatami. Un niveau objectivement plus fort que certaines coupes européennes juniors du circuit européen, la présence nipponne aidant évidemment à cela.
Sans surprise, les judokas du Pays-Soleil Levant qui pour beaucoup d’entre elles découvraient la compétition internationale, ont fait résonner le Kimi Ga Yo à cinq reprises sur les sept catégories. Et encore, il n’y avait pas de -78kg et la -63kg se classe cinquième après une défaite en demi-finale où elle subit une entorse acromio-claviculaire qui la diminuera lors du combat pouur le bronze. Deux victoires étrangères : pour la Néerlandaise Joni Geilen, cinquième à la coupe d’Europe parisienne en 2023 et battue aux championnats d’Europe par la future demi-finaliste croate, en -63kg. Et pour l’Allemande Mathilda Niemeyer en -78kg, sur la troisième marche du podium des Europe juniors à La Haye et cinquième des championnats du monde juniors 2023 – elle y est battue par la Française Ilana Bouvier -. Du solide.
Pour les Tricolores, trois médaillées d’argent avec Morgane Annis (Alliance Grésivaudan Judo) en -48kg, Marie Desangle (La Couronne Grand-Angoulême Judo) en -70kg et Yvana Kamga Ngangoum (FLAM 91) en -78kg. Les deux premières s’inclinent face aux Japonaises de la catégorie, Mito Adachi et Rin Maeda toutes deux lycéennes au Hieizan High School – un lycée parmi les plus forts du Japon puisque c’est là qu’est élève jusqu’à début mars Yamato Fukuda, le -60kg champion du monde juniors en titre qui n’était que cadet troisième année lorsqu’il mit tout le monde d’accord du côté d’Odivelas. Mais les points communs ne s’arrêtent pas là puisqu’elles sont toutes deux juniors première année et médaillées de bronze aux championnats du Japon juniors disputés en septembre dernier. Les deux finalistes françaises qui posèrent pourtant de gros problèmes à leurs adversaires nipponnes, Annis n’étant pas loin de marquer waza-ari sur un uchi-mata sukashi alors que Desangle ne laissait aucun répit à son adversaire qui ne trouvait pas la solution technique. En stage au Japon avec l’équipe de France, Annis s’inclinait finalement au golden score sur un uchi-mata. Desangle, qui sortait d’un stage à l’Insep où étaient présents les meilleures juniors tricolores, se faisait elle sanctionner une fois de plus que son adversaire, perdant finalement trois shidos à deux dans une finale où elle aurait été pourtant la plus offensive. Kamga Ngangoum, seulement junior première année, subissait elle la puissance de Niemeyer qui accélérait très fort après une pause médicale.
Reste qu’avec cette médaille et le bronze pour Pamedie Kantendi Nzuzi en -48kg et Bintibe Lang en +78kg, le FLAM 91 de Louis Masy réalise une journée très intéressante en vue de la suite de la saison. Autres podiums tricolores : Maylis Rozan (RSC Champigny) en -57kg – elle aussi en stage au Japon -, Farah  Bédar (Arts martiaux Asnières) en -63kg et Alice Randrianjohany venue avec le pôle France Orléans en -78kg.

Le lendemain, pour les seniors, Stessie Bastareaud (JC Chilly Mazarin Morangis) eut l’honneur de faire retentir la Marseillaise dans la Halle omnisport de la Préalle avec une victoire en +78kg. Victoire par ippon de la Tricolore face à la Japonaise Nanami Inoue – troisième des championnats universitaires 2023 en – 70kg – en finale. En -63kg, Aurore Cabanne (Sainte Geneviève Sports Judo) et son ne-waza infernal remporte la médaille d’argent battue par la Néerlandaise Kamile Nalbat, septième de championnats d’Europe -23 ans à l’automne dernier.
En -48kg et -57kg, les Japonaises font le doublé avec la victoire de Mizuki Harada, troisième des championnats universitaires nippons et vice-championne national juniors en 2023 dans la première catégorie et de Mio Shirakane, troisième des championnats nationaux juniors.
En -52kg, Yuna Yoshida, en bronze lors des championnats nationaux juniors l’année dernière dans la seconde, bat l’Allemande Chiarra Serra, vingt-dux ans et septième des Europe -23 ans. En -70kg, Rin Maeda ne fait pas le doublé junior/senior puisqu’elle est battue par l’Allemande Friederike Stolze, cinquième des Monde juniors en 2021. Enfin, une victoire locale avec la Belge Vicky Verschaere en -78kg, médaillée deux fois cette année en Open européen.