« À 99%, on va être obligé d’annuler ». C’était le discours qu’on tenait hier « en off », du côté de la DTN et de la direction générale de France Judo. Et les arguments étaient forts, comme nous le rappelait le Directeur Général Sébastien Nolesini : « Nous avons dû déjà assumer la restriction de la jauge sanitaire, qui nous obligeait à organiser le Grand Chelem de Paris sans public, ce qui était déjà un crève-coeur. Mais nous devions aussi faire face à la mise en place du pass vaccinal qui allait nous obliger à interdire d’accès à des pays, des athlètes, vaccinés, mais pas avec les vaccins homologués, dont les Russes par exemple. Mon rôle était de dire que, de dégradation en dégradation, la situation devenait ingérable ».

Seul son de cloche dissonant hier encore, celui de Stéphane Nomis, président de tempérament, qui refusait d’abdiquer et disait toujours : « Je veux qu’on avance, on va faire ». Le dernier espoir tenait à la tenue du fameux conseil de défense aujourd’hui, en croisant les doigts après des jours de lobbying non-stop de la part de France Judo, bien aidée par la Fédération Internationale de Judo qui avait écrit au Président et aux principaux ministres français, et fait intervenir le patron du Comité International Olympique Thomas Bach.

Comment le pass vaccinal a failli tuer le sport international mieux que la pandémie

Dénouement heureux ce jeudi soir. Avec les nouvelles perspectives sanitaires et le relâchement de la pression, l’état français a donné de bonnes nouvelles et notamment du côté du sport, comprenant sans doute qu’il était paradoxal de voir les mesures sanitaires d’aujourd’hui détruire la possibilité d’organiser des compétitions au niveau international. Ce qui était possible l’année dernière au plus fort de la crise, grâce à la bulle sanitaire mise en place très tôt par la FIJ, était désormais impossible sous omicron. La raison et la confiance l’ont finalement emporté. Non seulement l’État a annoncé la fin des jauges, mais, plus discrètement, il a autorisé aussi le judo à accueillir les athlètes de tous les pays sous le régime éprouvé de la bulle sanitaire. Seul suspens encore, ceux dont les visas sont actuellement suspendus au bon vouloir de l’administration française. Là encore, la conjonction du travail de France Judo et de la FIJ, devrait emporter le morceau avant la date fatidique du 5-6 février. On peut saluer ici la détermination et le leadership du président Marius Vizer, qui a beaucoup oeuvré pour que Paris soit organisé malgré les obstacles, et qui va continuer à le faire en s’engageant à inciter toutes les fédérations nationales à jouer le jeu pour que Paris soit un grand spectacle. Les Russes et les Japonais devraient être là.

Le judo ouvre la voie

Le Grand Chelem de Paris sera donc le premier grand événement sportif organisé en ce début d’année 2022, toutes les manifestations ayant été annulées ou reportées. Ce sera compliqué pour tout le monde, y compris pour ceux qui avait pris leurs billets de train… et les avaient déjà fait annuler à la cause de la jauge, mais Paris est une fête ! Il ne faut pas hésiter à faire preuve de volontarisme en l’occurence. Tout le monde se bat pour maintenir la machine en route, celle de l’histoire du plus grand tournoi du monde, né au début des années cinquante et qui propose à son public sa cinquante-et-unième édition. Nous avons une opportunité heureuse, celle de réussir le spectacle majeur du judo français, qui était il y a encore quelques heures, virtuellement annulé. Comme on dit dans les travées : « Aux armes, aux armes, nous sommes les Français ! »