Après Samsun, les derniers tickets pour Montpellier ont été distribués

Le Grand Prix de Samsun était le dernier acte, celui qui devait lever les interrogations, clarifier la sélection et faire apparaître les derniers noms, ceux qui allaient rejoindre les pré-sélectionnés. Le comité de sélection a vu et jugé, (voir ici la sélection finale). le bilan de cette conclusion, en cinq leçons.

1- Limare se marre
Le champion de France -60 kg peut pousser un ouf de soulagement. Le champion de France juniors 2011 – vice champion d’Europe juniors cette année-là – champion de France seniors 2013, Vincent Limare, 21 ans, a finalement gardé le leadership obtenu avec une 3e place en Allemagne. La 3e place d’Adrien Raymond en Turquie, avec une victoire sur L’Autrichien Paischer, n’aura servi qu’à le pousser jusqu’à la « Réserve 1 ». Une belle reconnaissance tout de même pour ce champion de France juniors UNSS 2005, qui aura mis quelques années (trop ?), pour atteindre, en 2012, la finale du championnat de France seniors et faire ses premiers résultats internationaux (entre autres, une victoire à l’Open de Casablanca en battant Sofiane Milous en finale).

2 – Iddir sur le fil
Le golden boy du judo français Alexandre Iddir, champion de France en -90 kg et manifestement très en faveur dans la tête des sélectionneurs, avait quasiment perdu la partie en échouant sèchement à Paris et en Allemagne, tandis que l’Orléanais Romain Buffet se montrait plutôt à son avantage sur ces deux occasions. Le Grand Prix de Turquie lui a permis de redresser la barre d’un seul coup (3e), et il est le seul à emporter une titularisation grâce à son activité sur ce tournoi final. Plutôt brillant à Samsun, il se dit aussi qu’il a fait un excellent stage préparatoire en Mongolie où il aurait eu le « déclic ». Il lui reste néanmoins l’essentiel à faire à Montpellier. Romain Buffet, de son côté, a échoué sur le fil en ne se classant pas en Turquie. Il sera en revanche dans l’équipe.

3- Blot, tant pis…
Elle avait joliment gagné le titre national, fait un bon tournoi de Paris (5e). Elle réussit un Grand Prix de Turquie tout à fait remarquable, en faisant ce qu’on lui demandait, c’est à dire marquer la catégorie des -57 kg à cette occasion. Laetitia Blot bat en effet à Samsun deux « top dix », la Roumaine Caprioru et la n°2 mondiale allemande Roper, et une ancienne médaillée mondiale, la Hongroise Karakas. À 30 ans, le sourire aux lèvres, ses grandes attaques d’épaule et de hanche en étendard, Laëtitia Blot a vraiment fait l’impossible pour faire bouger les lignes, mais la 3e place d’Automne Pavia à Bercy a suffi pour réaffirmer logiquement la primauté de la médaillée olympique à la première place de cette catégorie et elle ne décroche pas l’un des deux strapontins, dont l’un a été donné très tôt à Lucie Louette, certes championne d’Europe en titre, mais non classée aux championnats du monde et absente des tapis depuis sa troisième place du championnat de France 2013. Elle devient néanmoins la « réserve 1 » devant Anne-Laure Bellard – championne de France et finaliste au tournoi de Paris – et gagne, comme elle, une place en équipes. Anne-Laure Bellard aura, comme Laëtitia Blot, au moins la satisfaction d’obtenir cette sélection par équipes, même si elle n’a pas été jugée à la hauteur d’une sélection individuelle malgré une très belle série de performances.

4- Euranie n’y sera pas
Absente en Turquie, elle ne pouvait rien faire de plus, la championne de France des -52 kg Pénélope Bonna, sinon d’attendre et de craindre le dernier baroud à la fois de la petite soeur Gneto, Astride – alors que Priscilla n’était pas sortie de sa longue convalescence pour venir la challenger – et surtout d’Annabelle Euranie qui avait, à Samsun, son destin en main. Malgré son aura d’ancienne médaillée mondiale, la grande Euranie n’est pas parvenue à convaincre le comité de sélection et à bousculer l’histoire, en s’arrêtant à la 5e place en Turquie, battue par l’Allemande Tarangul et la Roumaine Chitu. Lors de sa montée en puissance – depuis l’anonymat jusqu’au niveau international en quelques mois – elle n’est jamais parvenue non plus à dominer Pénélope Bonna en face à face, ce qui a sans doute joué aussi. Outre son titre national, Bonna a fait une médaille de bronze au Grand Prix des Emirats Arabes Unis et la finale du Grand Prix d’Allemagne. Euranie n’y sera donc pas… onze ans après son titre européen à Düsseldorf. Mais en fait, si, car elle est elle du voyage comme n°2 en équipes. Déjà un bel exploit qui peut la conforter comme une étape atteinte sur la voie d’un retour.

5- Pas de place pour Pinot
Elle a 20 ans et a fait une médaille à chaque sortie, dont la dernière au Grand Prix de Samsun, en réussissant le lèse-majesté de battre Gévrise Emane pour l’accession au podium… laquelle avait déjà obtenu sa sélection sur son nom et la promesse qu’elle puisse refaire dans cette catégorie des -70 kg ce qu’elle faisait entre 2005 et 2008, soit deux finales mondiales (pour un titre) et trois médailles européennes (pour deux titres). Malgré cette nouvelle médaille de bronze, la jeune turbulente devra patienter. Car aux côtés de Gévrise Emane, on retrouve Fanny-Estelle Posvite, championne de France (en battant Pinot), déjà sélectionnée pour les championnats d’Europe de l’année dernière, et surtout finaliste du tournoi de Paris. Une chose est sûre, il ne faudra pas faire de contre-performance à Montpellier pour l’une des deux élues, car Pinot n’est pas loin. Elle sera d’ailleurs elle aussi physiquement sur place, car elle est, comme beaucoup des « déçu(e)s » de cette sélection, consolée par une place en équipes, sa première en seniors.