Retraité depuis fin 2022, Shohei Ono, la légende vivante du judo japonais des quinze dernières années, était à Paris pour les Jeux olympiques. Dans un costume nouveau pour lui : celui de commentateur pour le consortium japonais – dont la chaîne publique NHK – ayant acquis les droits télés des JO de Paris. Aux côtés de Takamasa Anai – l’entraîneur en chef de l’équipe de Tenri – ou Aiko Sato, championne du monde 2011 en -57kg, le double champion olympique des -73kg s’est fendu à la fin de l’épreuve de judo d’une série de tweets afin de faire son propre bilan de cet événement. Comme il l’avait fait lors de l’interview qu’il nous avait accordée après son second succès à Tokyo il y a trois ans, le génie de Tenri a, dans une phraséologie toute japonaise faite de litotes, donner un avis très tranché entre les lignes. Citons le : « Le judo s’est internationalisé et diverses techniques d’arts martiaux ont été introduites. Tous les judokas devraient passer plus de temps à se saisir les uns des autres, à essayer de lancer des techniques, à viser le ippon et à incarner un judo facile à comprendre pour tout le monde. […] Avant les Jeux olympiques de Tokyo, je me souviens que Sensei Isao Okano nous a dit de faire du judo de manière à ce que l’on sache clairement quel camp a gagné. C’est pourquoi je veux faire apprendre de manière à ce que les enfants puissent regarder et penser que c’est cool et qu’ils veuillent en faire. »
Une analyse qui exprime, à sa manière, ce que nous avions développé dans l’article intitulé « Quel arbitrage pour Paris 2024 ? » de notre numéro n°106 , à savoir que le judo est désormais devenu une discipline de pénalisation bien plus que de valorisation. Un constat réalisé autant par les passionnés et pratiquants, que par les profanes, spectateurs de notre discipline tous les quatre ans.
Un bilan – amer – qui rejoint le cortège de ceux exprimés sur les réseaux sociaux, aussi bien en France que dans d’autres pays durant ces huit jours.
Shohei Ono qui a également félicité Teddy Riner et l’Équipe de France : « Le héros français, Teddy Riner, est très fort. J’ai fait quelques randori avec lui mais j’aurais aussi aimé l’affronter en combat officiel. Félicitations à l’équipe française pour sa deuxième victoire consécutive. »