Derniers préparatifs avant le Jour J des mondiaux juniors en Slovénie

Demain, Julia Rosso combattra une dernière fois en junior. « Finir avec une médaille mondiale ? Un rêve ». Aujourd’hui, la vice-championne d’Europe 2013 encourage depuis les gradins ses copines, Amandine Buchard et Cheyenne Mounier. Dimanche dernier, la jeune marseillaise nous attendait à l’Insep pour une journée « derniers préparatifs », avant le départ pour la Slovénie.  Retour sur ce dimanche 20 octobre.

Par Sarah Sudre

«Travail au sol… Les seniors, allez affronter les juniors… Encore trois minutes… On lâche rien… Sortez-vous de la difficulté! » Les dernières consignes de la veille, de Sévérine Vandenhende, résonnent encore dans la tête de Julia, à peine éveillée.

Soucieuse ? « Non. Déterminée à en découdre avec mes derniers championnats du monde juniors ! La veille du départ, je repense à ce que m’ont dit mes coachs et ça me booste ». Un verre de jus d’orange et quelques toasts, et voilà l’espoir français des -52kg en route pour quelques courses « indispensables » ! Barres chocolatées, boissons, compotes, bonbons… « Rien de mieux pour le réconfort, après l’effort ! », se justifie t-elle en rigolant.

À vrai dire, la pensionnaire de Maisons-Alfort combattra jeudi en individuel et dimanche en équipe, et pour garder la forme, « j’ai besoin de sucre ». Quant au poids, ce n’est pas un souci. « J’ai un poids de forme de 54kg. Avec une demi-heure de vélo, je tombe en dessous des 52kg. J’ai de la chance, c’est un stress en moins, avant et pendant la compétition », avoue la judoka de 19 ans.
12H30 Vigilance. Jusqu’au jour J, les repas de la vice-championne de France séniors 2012 seront tout de même « soft ». « Un morceau de poulet, de la salade et un yaourt pour ce midi. Je dois me sentir légère surtout la veille du départ ». Prendre soin de son corps, une évidence. S’aérer l’esprit avant l’échéance tant attendue, une priorité. Et pour cela, « je passe du temps avec mes amies », notamment avec Anne-Fatou M’Bairo, sa copine de chambre à l’Insep, sa partenaire de club, « mon amie tout simplement ».
14H Ni vélo, ni footing donc, juste une promenade, « histoire de penser à autre chose même si je ne suis pas de nature angoissée ». Une maîtrise de la pression que Julia a su acquérir au fil de ses années cadettes et juniors. Après s’être classée 3e aux championnats du monde cadets, la jeune Rosso avait terminé à une 7e place « décevante » aux championnats du monde juniors, il y a deux ans, en Afrique du Sud. Demain sur les tapis slovènes, son expérience fera la différence, « je l’espère, j’ai travaillé pour ».
Un caractère et une assurance « qui ne cesse de se confirmer », d’après son entraîneur de club, Ludovic Delacotte. « Julia est en constante progression depuis trois ans. En arrivant sur Paris, elle a du prendre des repères et gérer son autonomie. Aujourd’hui, elle est épanouie grâce à une véritable prise en charge par notre club et par l’équipe de France ».
17H Discrète, l’ancienne élève de Marc Alexandre au pôle France de Marseille est presque gênée qu’un article lui soit consacré. « Je n’ai pas l’habitude que l’on parle de moi », confie t-elle, les joues rosées. Et pourtant, la judoka ne passe pas inaperçue. Son judo impressionne l’entraîneur de Maisons-Alfort : « Elle est d’une efficacité incroyable au sol. Son ne-waza est très développé à son âge. C’est une véritable force ». Un compliment qui l’a fait sourire, « j’en ai tellement bouffé du sol avec Marc Alexandre, le travail paie ». Sa générosité et sa bonne humeur touchent son amie, partenaire d’entraînement et ancienne « rivale », Amélie Guihur : « Dans le groupe, elle a un peu ce rôle de « maman » qui nous plaît bien quand on est mal. C’est la plus expérimentée, toujours à l’écoute. Sinon, Julia, c’est la « zen attitude », mais, quand elle explose, mieux vaut ne pas être à côté ! » (Rires). Sa douceur séduit son copain, Alexandre Mariac.  Quant à son travail, il est mis en valeur par sa coach Séverine Vandenhende : « Julia est rigoureuse. Elle gère correctement les liaisons debout-sol. Mais après les Europe, on a beaucoup travaillé sur les changements de rythmes car c’est son point faible. Elle était déterminée à corriger les détails. »

19H Une dernière conversation téléphonique avec sa famille, originaire de Marseille. Son père la suit partout en compétition depuis l’âge de six ans. « Il me rassure ». Aussi, un petit frère dans le foot « qui n’a fait que trois jours de judo », une maman qui trouve toujours les mots pour garder le moral… Un besoin pour cette jeune judoka de se sentir proche de sa famille, qu’elle reverra aux France 1ere Division, le 9 novembre prochain à Marseille.

22H30 La valise. Un véritable « fardeau », toujours fait au dernier moment. Kimono blanc, kimono bleu, passeport, survêtement « équipe de France ». Exceptionnellement, « je vais aussi prendre mes affaires de sudations car il faudra se remettre au poids entre jeudi et dimanche », explique t-elle. Tenue de soirée ? « Un jean et un haut habillé, mais pas de robe ! ». Le reste de la valise, c’est … de la nourriture. Et, dans son sac de voyage, on peut apercevoir un ordinateur et des livres d’études. Des devoirs ? (Rires) « Comme si j’allais les faire… N’importe quoi… C’est pour avoir bonne conscience », justifie l’élève en 2e année de Staps à l’Insep.

00H30 « Je me couche tard mais, au moins, je m’endors directement. Le lendemain, même si je dois me lever très tôt je suis toujours en forme ». Cogiter, penser à la compétition, ce ne sont pas dans ses habitudes. En revanche, s’endormir sur les derniers conseils de ses coachs, car « on fait toujours ressortir le meilleur d’un judoka avant le départ pour une compétition », expliquait Séverine Vandenhende, championne olympique à Sydney, ça c’est « un rituel ».

Quant au mot de la fin, on le laisse à Jacques Delvaux, président de Maisons-Alfort : « Merde Julia pour les championnats du monde ».