23 avril 2017 – Varsovie (Pologne)
Les filles en or, les garçons… en panne
La réaction de l’équipe féminine championne d’Europe :
Equipe masculine place de troisième : France – Hongrie
La Hongrie ? Pas de médaillé masculin cette année, et pas de Kristian Toth dans l’équipe, le finaliste de l’année dernière en -90kg et médaillé mondial. En leader, le -81kg Lazlo Csoknyai, fort de sa finale au Grand Prix de Croatie 2016. Pas de quoi effrayer toute une équipe de France.
En -66kg, Alexandre Mariac apportait une nouvelle fois son envie de bien faire et ses seoi-nage précis. Un eri-seoi-nage à droite surprenait le -60kg Akos Bartha, 22 ans et 121e mondial. Suffisant pour un premier point tranquille. Loic Korval arrivait en suivant contre Frigyes Szabo, 23 ans et… 172e mondial. Mais cet inconnu au bataillon, sorti au premier tour de ces quatre dernières compétitions, deux Open continentaux, une Coupe européenne et le championnat d’Europe -23 ans, jouait sa chance à fond, notamment dans de forts passages au sol. Loic Korval dans son registre tenait le choc, mais « n’impactait » pas suffisament son adversaire, qui finissait par l’emporter au golden score d’une pénalité frustrante pour une sortie de tapis bien géré par l’adversaire, non sans réveiller les démons de la contestation chez le fougueux français qui sortait en protestant. Du coup la France et la Hongrie était à égalité, il fallait trouver les deux points manquants.
Pape Doudou Ndiaye montait à son tour sur le tapis avec appétit, mais c’est lui qui faisait face au petit et rablé Lazlo Csoknyai, 29 ans, battu en individuel au premier tour par le jeune Allemand Benjamin Muennich, « tombeur » aussi de Baptiste Pierre. Ce Hongrois, 18e mondial tout de même, mettait toute sa conviction à tenir tête au puissant Français et répliquait par des passages au sol et des mouvements d’épaule opiniâtres. Et cela allait finir par payer. Doudou Ndiaye concédait un waza-ari sur l’un deux et ne remontait pas.
Les deux leaders de l’équipe de France allaient faire leur entrée et pouvait en théorie sauver le groupe… Malheureusement, on avait pu constater déjà que pour le premier d’entre eux, le vaillant Axel Clerget, cette journée était clairement de trop. Même si il ne se dérobait pas à ses responsabilités, il n’était plus qu’à dix pour cent de ses moyens et devait s’incliner à chaque fois. Dur fin de championnat… Son adversaire hongrois ? Gabor Ver, le premier de ceux qu’il avait éliminé samedi ! Pour le championnat individuel, ce garçon de 25 ans tout juste entré dans le top50 des combattants mondiaux de la catégorie, n’avait pas pesé lourd face à la volonté d’Axel Clerget. Cette fois c’était tout différent. Malgré sa détermination, le combattant de Sucy finissait par s’envoler sur un énorme balayage, comme un minime pris en défaut par le professeur. Une souffrance qui prenait fin pour le néo vice-champion d’Europe, lequel n’avait sans doute pas mérité de se retrouver dans cette galère, après une préparation toalement tronquée par une blessure au genou, une appendicite et une chute de scooter, après aussi un magnifique parcours individuel obtenu à force de concentration, de dépassement et d’intelligence de jeu.
Une aventure 2017 qui prenait fin aussi pour le groupe masculin français sur ce gros balayage en forme de symbole, en laissant plus de questions ouvertes que de réponses fermées.
Equipe féminine finale : France – Pologne
L’équipe de Pologne, c’est justement ce groupe solide qui avait tiré les marrons du feu l’année dernière, après l’échec des Françaises face aux Russes. Alors les championnes en titre chez elle, un problème ? Franchement pas, non. Amandine Buchard infligeait son kata par deux fois, pour waza-ari et ippon à la petite Karolina Pienkowska, 23 ans, victorieuse tout de même du Grand Prix de Croatie en septembre dernier. Implacable, Hélène Receveaux étouffait les vélléités de résistance de Magdalena Kowalczyk et l’étranglait de face en sode-guruma-jime – joli ! La France menait 2-0, Margaux Pinot à suivre, une combattante qui n’avait pas donné beaucoup de signes de fragilité ces derniers jours. Finalement, c’est au golden score que la vice championne d’Europe parvenait à enrouler Karolina Talach, 24 ans et 40e mondiale, sur son seoi-nage. Les Françaises reprenaient leur titre de 2015 et 2014 et c’était mérité.
Equipe masculine demi-finale : France – Russie
Après les filles, les garçons ? Battre la seconde équipe russe, c’était le projet, mais évidemment plus difficile à dire qu’à faire. Autant les combattantes russes, deux fois finalistes en individuel, étaient « outsiders » par rapport à la très grosse machine française et ses deux titres européens, autant notre équipe de France masculine était, il faut l’avouer, dans la même situation de départ par rapport à la machine masculine russe, forte de ses sept médailles individuelles dont deux titres. La France avait néanmoins réussi une très belle passe d’arme contre l’Azerbaidjan et l’espoir était permis.
Cela n’allait pas durer.
La Russie se présentait avec un groupe mixte, constitué de combattants parfois du cinquième ou sixième combattant russe de la catégorie. C’était le cas en -66kg avec Abdula Abdulzhalilov, qui réussissait néanmoins un superbe sode-tsuri-komi-goshi en confusion, avec décalage du pied d’appui pour un ippon net et précis sur Alexandre Mariac. Loic Korval allait ensuite tenter de faire déjouer le n°1 russe Denis Iartciev, septième vendredi, mais son o-uchi-gari manquait un peu d’impact et le grand blond titulaire aux Jeux le contrait en hiza-guruma. Enfin le vaillant Pape Doudou Ndiaye devait renverser la table contre l’anonyme Stanislav Semenov – un garçon bien loin des leaders russes de cette catégorie, le champion olympique Khasan Khalmurzaev, le champion d’Europe Alan Khubetsov, le jeune médaillé européen Aslan Lappinagov… – mais en attaquant d’un peu trop loin sur o-uchi-gari, il se faisait contrer et donnait le troisième point à la Russie. Implacable, le groupe russe allait finir sans faute, Khusen Khalmurzaev prenant aux pénalités sa revanche sur Axel Clerget et le solide petit poids lourd Andrey Volkov s’offrant Cyrille Maret sur un yoko-guruma. 5-0, le message est passé.
Equipe féminine demi-finale : France – Russie
Revanche de l’année dernière où, à la surprise générale, les jeunes pousses russes avaient eu raison de la grande maison France. Et le duel des dames commençait plutôt mal : la leader russe, la médaillée olympique Natalia Kuzyutina, forfait sur les individuels, trouvait l’opportunité de placer un juji-gatame en amenée au sol à Amandine Buchard ! Et dans la première minute du combat entre Hélène Receveaux et la jeune Daria Mezhetckaia, la Française se faisait contrer son o-uchi-gari pour waza-ari. Rapidement épuisée par l’impact de la garde de fer de la Dijonnaise (licenciée à Orléans désormais) la Russe de 22 ans tenait jusqu’au bout… ou presque. A quinze secondes de la fin, Daria Mezhetckaia se faisait fixer sur le dos pour une tentative ratée de ura-nage. La France revenait à un point partout, mais le 0-2 était tout proche. Tant mieux car la grande adversaire de Margaux Pinot au tour suivant ne comptait pas se laisser battre facilement non plus. Daria Davydova, 1e au Grand Prix de Taskent et 2e du Grand Chelem de Tyumen en 2016 et du genre à tenir sur ses jambes. Margaux Pinot gérait bien sa garde de gauchère dangereuse et il valait mieux, car placée une fois, elle parvenait à la soulever sur uchi-mata. Mais Pinot est implacable. Sans se lasser elle déroulait son système, garde rigoureuse, attaque en seoi-nage fréquente… Il lui fallut pourtant aller, sans faiblir, jusqu’à presque quatre minutes de prolongation pour enfin faire céder la combattante russe, et conclure sur un étranglement.
Marie-Eve Gahié avait à ce moment-là l’occasion d’être très utile au team France et n’allait pas la laisser passer. Alena Prokopenko, 49e mondiale et non engagée en individuel, n’était pas de taille : en quelques secondes elle se faisait prendre sur une attaque arrière en tani-otoshi et se faisait clouer au sol. Emilie Andeol montait en boitant sur le tapis et se faisait disqualifier rapidement avec le sourire. Les Russes étaient écartées, la finale était là.
Equipe masculine quart de finale : France – Azerbaijan
On craignait le pire pour cette équipe de France volontaire et fragile, face aux diables azéris. Le combat fut effectivement terrible, mais à la fin, c’est la France qui a gagné.
Impeccable une nouvelle fois, Alexandre Mariac, face pourtant à l’un des médaillés de la veille, le vif Nijat Shikalizada. D’abord malmené, il parvenait à prendre un premier waza-ari en contrant debout un sutemi de son adversaire, et terminait sur une jolie séquence : o-uchi-gari, et sur la poussée de Shikalizada, un sutemi très opportun dans le sens du déplacement. Les Azéris n’étaient pas ravis, mais le premier point précieux était incontestablement français. Malheureusement, malgré une « guerre » de tous les instants dont il a le secret, Loic Korval ne parvenait pas à déstabiliser l’homme fort du moment, l’impétueux champion d’Europe de la catégorie, Heydat Heydarov. Cheveux de surfeur contre dreadlocks, impact contre vivacité et sens du rythme… le combat allait au bout et c’est finalement sur un seoi-inversé poussé à sa limite que l’Azéri apportait le point à son équipe. Plein de détermination, l’un des meilleurs -73kg du monde, Rustam Orujov, montait face au tonique Français Pape Doudou Ndiaye. Et c’est lui qui trouvait le premier l’ouverture pour un beau waza-ari sur eri-tai-otoshi. L’alerte commençait à être chaude. Mais progressivement, la force d’impact du jeune Français le minait, et il finissait par s’envoler sur un ura-nage aérien. La France prenait de l’avance et pouvait en finir… mais Axel Clerget n’a plus rien dans les jambes. Courageux, il tentait de faire face au copieux Mammadali Mehdiyev, mais celui-ci le secouait dans tous les sens et marquait sur des sumi-gaeshi latéraux que Clerget ne parvenait pas à anticiper. Il finissait même par se faire clouer au sol. On l’avait vu venir, on y était : la revanche de la finale de la veille entre Cyrille Maret et Elkhan Mammadov ! Opiniâtre, le Français imposait le poids de sa garde à un troll azéri têtu qui ne cédait pas. Golden score… Mammadov allait-il refaire le coup de la veille ? Il lançait une forte attaque, mais sans réussite. Quelques secondes plus tard, l’arbitre le sanctionnait pour un passage de tête sous le bras abusif. La France venait de sortir du piège azéri.
Equipe féminine premier tour : France – Pays-Bas
Trois tours secs pour Amandine Buchard, tranquille sur Julie Kemming, 20 ans, qui prenait deux waza-ari sur kata-guruma et concluait sur un féroce contre de o-uchi-gari en ura-nage. Hélène Receveaux amenait Margriet Bergstra au sol sur uchi-mata et la gardait sur le dos et Margaux Pinot se débarrassait rapidement de Sanne Vermeer sur un dégagement de jambe efficace. Marie-Eve Gahié et Hawa Sama Camara pouvait laisser filer, l’affaire était faite – avec tout de même la mauvaise surprise de la disqualification pour la journée de Camara, pour un fauchage du genou dans le mauvais axe. Place aux Russes, bourreaux des Françaises l’année dernière.
Equipe masculine premier tour : France – République Tchèque
Un premier tour très abordable a-priori – d’autant que le chef de file tchèque, le lourd Lukazs Krpalek n’était pas sur la feuille – mais qui allait montrer une équipe de France plus pleine de bonne volonté que de carburant.
Heureusement pour le cours des choses, Alexandre Mariac donnait ce qu’il faut de fraîcheur d’entrée pour mettre la victoire du côté français : un seoi-nage rapide pour waza-ari et un beau juji-gatame contre David Pulkrabek. A charge pour Guillaume Chaine d’enfoncer le clou contre Jakub Jecminek, se qu’il faisait bien dans un premeir temps avec son joli o-uchi-gari bas et circulaire, mais il se faisait prendre un peu naïvement sur un sumi-gaeshi facile, enchaîné au sol. Inlassablement énergique, Pape Doudou N’diaye retrouvait son adversaire du premier tour des individuels, Ivan Petr et gagnait une nouvelle fois, par ura-nage et uchi-mata. En chef de famille, Axel Clerget pouvait en finir… mais la santé de David Klammert, venu seulement pour l’équipe allait faire contraste avec sa propre incapacité à accélérer. Au bout de lui-même hier physiquement et nerveusement, il ne pouvait plus mettre un pied devant l’autre. Il finissait par se faire enrouler en makikomi et clouer au sol ! Tout finissait bien avec Cyrille Maret, même si lui-même semblait un peu mal sur ses appuis, manquant se lancer tout seul sur le dos en uchi-mata. Finalement, il se plaçait bien pour profiter du uchi-mata adverse en contre par un beau tai-otoshi. Ça passe, mais c’est juste. Il faudra se transcender contre l’Azerbaidjan et ses cinq médaillés de la veille !