Et Trstenjak aussi !

Pas de médaille française à Zagreb pour ce deuxième jour de Grand Prix de Croatie. Pourtant ils étaient quatre sur la ligne de départ ce samedi matin. Deux féminines en quête d’expérience et de points à la ranking, toutes les deux dans la même catégorie des -63kg, Agathe Devitry et Manon Deketer, sorties des juniors en 2017 et 2018. Après un bon premier combat contre une des filles fortes de sa génération, Manon Deketer ne pouvait rien contre la mécanique slovène, Tina Trstenjak, championne du monde et championne olympique, future médaille d’or de ce tournoi devant la Japonaise championne d’Asie et quatrième mondiale Nami Nabekura qu’elle amenait aux trois pénalités, et plutôt bien dans son tableau de marche pour tenter de venir troubler la quiétude de la Française Agbegnenou dans un mois à Tokyo. Agathe Devitry emportait aussi son premier combat sur un joli étranglement, mais baissait pavillon au second tour face à la Néerlandaise Juul Franssen, médaillée mondiale 2018. Faire mieux aurait été de l’ordre de l’exploit.

Chou blanc pour les Français

Ce n’est pas le cas en revanche pour l’équipe de France masculine qui continue, Kilian Le Blouch en -66kg mis à part, sur le mode morose des Jeux Européens. Après l’échec sec des deux -60kg vendredi, c’était au tour de Guillaume Chaine en -73kg et d’Alpha Oumar Djalo en 81kg de sortir frustrés, et dès le premier tour, de ce tournoi préparatoire. Déçu de ses Jeux Européens, Guillaume Chaine attaquait bille en tête son combat contre le Moldave Victor Sterpu, vingt ans et 36e mondial. Mais celui-ci ne se laissait pas fixer, affrontait le Français en restant mobile et déterminé et c’est finalement sur un sumi-gaeshi en bout de déplacement qu’il le prenait en défaut pour un premier waza-ari. Sous la pression, il marquait le second sur o-soto-gari. Un combat légèrement fébrile de Guillaume Chaine qui enchaîne trois premiers tours en trois compétitions après sa belle série de mars-avril. Mauvais pour la confiance bien sûr, mauvais aussi pour la compétition décisive de Tokyo. Scotché à la 26e place mondiale malgré sa victoire au Grand Prix de Géorgie, le tirage dans un mois s’annonce plus difficile à gérer qu’on pouvait l’espérer.
C’est pire pour le -81kg Alpha Oumar Djalo, qui perdait un combat trop linéaire contre le n°2 coréen Lee Sungho (à ne pas confondre avec le n°1 Lee Seungsu), 47e mondial grâce à une médaille de bronze au Grand Prix de Chine. Il finissait par prendre une dernière pénalité un peu injuste… mais il n’en demeure pas moins qu’en cinq tentatives, le n°1 français des -81kg n’a plus gagné deux combats de suite depuis sa cinquième place au Grand Prix de Géorgie en mars. Pour lui comme pour les autres, la bonne vibration enregistrée à cette période a manifestement fini de vibrer. Là encore, les signes ne sont pas favorables, mais c’est à Tokyo qu’il faudra être en rythme, pas un mois avant. À suivre donc, en croisant les doigts.

Nagase et son ashi magique

Lui n’ira pas à Tokyo. En tout cas pas en 2019.  Mais le champion du mode 2015 et médaillé olympique 2016, l’étonnant Takanori Nagase, est de retour. Blessé gravement au genou, il avait pris le temps nécessaire, laissant en 2018 la sélection au jeune Sotaro Fujiwara, finaliste à vingt ans de ces championnats du monde. C’est ce dernier qui ira à Tokyo pour tenter de faire encore mieux. Mais il lui faudra se battre très fort pour empêcher Nagase d’aller aux Jeux. Le « lézard de Nagasaki » a encore fait du Nagase. Droit et relax, presque nonchalant, lent en apparence, il patiente pour poser sa deuxième main face à des furieux qui n’ont qu’une obsession, lui sortir toute la gamme des gardes croisées, des sumi-gaeshi et des « pétages » de main pour retarder l’échéance. Et puis le Japonais toujours aussi flegmatique parvient à poser une fois et il lance un mouvement qui cloue inéluctablement son adversaire sur le dos. O-soto et o-uchi-gari, un sublime ashi-guruma tout en limpidité le plus souvent. Celui qu’il mettait en finale au Canadien Valois-Fortier, pourtant tout juste sorti vainqueur de sa demi-finale contre le champion du monde iranien, le phénoménal Saied Mollaei, était particulièrement lumineux. Vainqueur de son deuxième Grand Prix en deux semaines, Takanori Nagase, vingt-cinq ans, est revenu à son meilleur niveau. Celui d’un champion olympique potentiel.

Bleu, blanc, rouge…

Hormis le blanc et rouge du hi no maru no hata, le « drapeau au disque solaire », la couleur de ce samedi était celle du bleu qui s’ajoutait au blanc et au rouge avec l' »Union Jack« , la bannière britannique créée en 1606. C’est en effet la puissante Gemma Howell qui emportait la mise en -70kg. Revenue d’une série de blessures, cette fille de Stafford revient fort avec un ne-waza redoutable et s’impose à une autre revenante, la grande Kim Polling, Néerlandaise quadruple championne d’Europe et médaillée mondiale. Deux quasi trentenaires qui ont manqué à cette catégorie ces années dernières et vont y apporter en 2019-2020 le poids de leur expérience, de leur talent et la soif de bien finir leur carrière. Ce ne sera pas anodin. Quant à l’Angleterre, elle place aussi le léger Asley Mackenzie en finale en -60kg et deux autres féminines en bronze, la combative Chelsie Giles en -52kg et Nekoda Smythe-Davis en -57kg. L’empire britannique reprend des couleurs.