Pas de médaille pour la France, déjà trois pour le Japon
Première journée, et déjà deux finales et trois médailles de toutes les couleurs pour le pays du Soleil Levant, annoncé en grand favori, une fois de plus, de ce championnat du monde. Pas de médaille française ce jour, ni en -60kg pour Luka Mkheidze, ni en -48kg pour Mélanie Clément.
2009 avec Frédérique Jossinet, 2014 pour Amandine Buchard. La France n’a plus emporté de médaille mondiale dans la catégorie des super-légères depuis désormais quatre championnats successifs, et même cinq si on ajoute les Jeux de 2016. C’est encore beaucoup plus loin qu’on trouve la trace d’une médaille mondiale masculine dans la catégorie correspondante en -60kg. La dernière ? 1991 avec Philippe Pradayrol ! Une catégorie qui n’a d’ailleurs guère réussie aux Français puisque la précédente datait de 1987, avec Patrick Roux, et celle qui précède encore, le grand titre – unique à ce jour – de Thierry Rey en 1979. Trois médailles en tout et pour tout.
Luka Mkheidze a tenté de donner son meilleur, mais outre qu’il était sans doute encore loin du niveau requis, c’était sa première participation à un événement de cette envergure, ce qui l’a sans doute un peu paralysé, comme l’analysait son entraîneur de club Stéphane Auduc. Il pourra sans doute se consoler un peu de cette frustration en mesurant qu’il tombe avec les honneurs face au futur vice-champion du monde, le puissant Robert Mshvidobadze, un garçon de 29 ans, déjà champion d’Europe en 2017. Bien conscient d’avoir eu son bon de sortie sur ce championnat du monde et d’avoir pris la bonne opportunité, le Russe se montrait d’ailleurs très déçu de s’incliner en finale. Il le sait, dans l’équipe de Gamba sur cette Olympiade, les places vont devenir de plus en plus chères.
Clément passe en avril, mais tombe en septembre
Mélanie Clément passe à côté de son championnat en se faisant prendre au piège des vingt ans de Marusa Stangar, une Slovène médaillée mondiale junior 2017 qui l’enroule et la fixe au sol. À 26 ans, la combattante de Marnaval, qui a déjà deux championnats d’Europe et désormais deux championnats du monde derrière elle, passe manifestement par une période plus difficile. Elle n’a notamment plus marqué un avantage debout depuis le championnat d’Europe en avril, et la dernière fois, c’était pour faire tomber… Marisa Stangar en quart de finale. CQFD…
Dommage, car deux des nations attendues, la Mongolie, troisième l’année dernière (et seconde chez les féminines) et l’Azerbaidjan à domicile, ont pour l’instant rater leur départ, de même que la Corée, qui alignait déjà deux médailles à ce stade en 2015.
Les trois coups du Japon
En classant ses trois combattants sur les podiums, prenant trois des huit médailles possibles aujourd’hui, or, argent et bronze, le Japon a, comme prévu, frapper les trois coups – et c’est le cas de la dire.
Interrogé sur les ambitions de l’équipe masculine nippone, le chef de délégation a répondu par un laconique : « tout gagner ». Le pire, c’est que c’est crédible, et bien joué d’entrée avec deux médailles, d’or et de bronze, Pour Naohisa Takato et Ryuju Nagayama. Le meilleur résultat historique post-années 70 pour les Japonais dans cette catégorie, car c’est tout simplement la première fois (depuis 1975) qu’ils classent deux combattants ensemble sur ce podium, après les victoires de Takato déjà, en 2013 et 2017.
Ce qui frappe dans cette réussite, c’est d’abord l’exceptionnel niveau affiché par le lutin de Tokai pour son troisième titre et sa quatrième médaille mondiale. Sa non-sélection en 2015 lui a fait visiblement du bien et son niveau de préparation était manifestement optimum. Pratiquement sans garde apparente, anticipant sur tout, il était totalement intouchable aujourd’hui, sinon peut-être par le second Japonais du jour, qui profita d’un genou un peu froissé et d’un coup de moins bien pendant deux minutes de Takato pour le malmener un peu et lui faire faire un soleil qui valait au public une réchappe d’exception. Certain réclamait le waza-ari pour l’appui sur la tête, mais Takato ne touchant pas le sol avec l’un des pieds ou les deux, le « pont » n’était pas caractérisé. C’est après la victoire dans ce combat qu’ils montrait le plus de joie, signe manifeste que pour lui Nagayama était le seul adversaire vraiment à sa hauteur.
Un départ fantastique, au niveau de l’exceptionnelle année 2017 où les masculins nippons avaient pris quatre titres, dont les trois premières catégories. A suivre, dès ce mercredi.
Daria trouble le jeu
Appliquée et efficace, Funa Tonaki ne gardait pourtant pas son titre acquis l’année dernière. Moins bien ? En fait non. Elle parvenait notamment à écarter sa grande rivale mongole Munkhbat –championne en 2013, finaliste en 2017 — malgré un waza-ari de retard. Mais face à elle en finale, c’était l’épouvantail ukrainien d’un mètre soixante-douze et dix-sept printemps, impossibl cadre de règles sans ramassement de jambe. D’autant que, avec ses attaques rapides et tranchantes vers l’arrière en reprise de garde, qui font un peu penser à Lucie Decosse, et des enchaînements terribles en sankaku-osae-komi, elle est, elle aussi, remarquable dans son expression technique. Malgré son concept redoutable d’attaques à répétition dès que la seconde main est posée, la championne olympique 2016 et championne du monde 2015, l’Argentine Pareto, a été totalement surclassée en demi-finale et expédiée, comme la Japonaise en finale, sur le o-uchi-gari de la classieuse jeune fille. Sur ce modèle, rien ne peut empêcher l’Ukrainienne de devenir championne olympique dans deux ans… sinon elle-même. Combien de temps peut-elle tenir dans cette catégorie ? Tout se joue là. Question subsidiaire : cette grande jeune fille coaché par sa mère sur la chaise et son père dans les tribunes ira-t-elle faire un tour aux Bahamas en novembre pour emporter les championnats du monde juniors qu’elle n’a encore pas eu le temps de faire ? Après un titre européen dans les trois catégories d’âge, un titre mondial en cadette et en senior, c’est sans doute tentant de compléter.