Mais pas d’or !
Aux médailles de bronze de Sarah Harachi (-57kg) et Daniel Jean (-66kg) vendredi, ce sont ajoutés ce week-end les médailles de bronze de Yasmine Horlaville (-63kg) et Nabil Zalagh (+100kg). Si l’on regarde le verre à moitié plein, on peut saluer ces « premières fois », des premières médailles en Grand Prix dont on sait l’importance, comme une étape de franchie. Nabil Zalagh mis à part, qui avait déjà atteint le bronze en 2016 au Grand Prix de Budapest, pour les trois autres, c’était une nouveauté.
Une réussite opportuniste qui a bien sûr à voir avec le médiocre niveau de ce Grand Prix, avec peu de combattants. Pour la jeune Horlaville, cinquième du championnat du monde juniors 2017 et troisième du championnat de France seniors, il ne lui aura fallu que trois combats, dont deux victorieux, pour atteindre cette médaille. Elle bat la Marocaine Mancouri Azzouzi au premier tour et l’Allemande Vivian Hermann pour la place de trois, laquelle est tout de médaillée mondiale juniors 2014 et 59e mondiale, une belle performance donc. Entre les deux, elle est dominée par Andreja Leski, une Slovène de 21 ans qui sort d’une victoire surprenante au Grand Chelem de Dusseldorf et qui confirme donc sa dynamique actuelle au point de passer dans le top 10 mondial. Quant à Nabil Zalagh, il bat un Australien sans référence, se fait contrer par l’Ukrainien Gordienko, désormais 33e mondial (et troisième ici en battant le Français Ouchani pour le bronze) avant de bien finir par une victoire sur le très modeste Slovène Dragic, mais surtout sur le « tsar », l’illustre Russe Mikhaylin, poussé dehors aux pénalités en deux minutes trente. Un combat de lourds où les pénalités tombent encore une fois beaucoup trop vite, mais le Français, plus mobile, joue bien le coup et le vieux guerrier, vice-champion olympique encore en 2012, semble désormais accuser de plus en plus nettement ses trente-huit ans.
Des médailles positives donc, et qui apporteront leur poids (en bronze) de confiance et les points à la ranking qui vont avec. En espérant que cette étape soit la première marche d’une construction à venir vers des médailles encore plus significatives.
La France quinzième nation
Au rayon du verre à moitié vide, on peut justement déplorer que cette cohorte tricolore conséquente, troisième nation pour le nombre d’inscrits, dix filles et six garçons qui étaient pour la plupart sur le podium national en novembre dernier, n’ait pas fait encore mieux que ces quatre accessits de bronze qui la situe à la quinzième place des nations, derrière le Maroc chez lui, qui récolte une médaille d’or par la Franco-marocaine Niang Assmaa (-70kg), laquelle bat au passage la finaliste mondiale Maria Perez, mais aussi la Roumanie, Porto-Rico ou l’Australie… Après Paris, Dusseldorf, Prague et Varsovie, les meilleurs nationaux français sont en train de se situer par rapport à l’opposition et la leçon du moment est assez claire. Hormis la suprême élite, le niveau national n’offre aucune garantie de réussite internationale, même chez les féminines.
Un champion olympique battu par un Géorgeo-greco-turc !
Du côté des étrangers, la palme des nations va à la Russie, qui avait déplacé trois filles et sept garçons, mais tous leaders n°1 ou 2. Malgré l’échec rapide du double vice-champion du monde Puliaev (-66kg), la Russie ramène cinq finales et trois titres, pour la super légère Dolgova, pour Kirill Denisov (-100kg) qui n’abdique pas, et pour le jumeau Khalmurzaev, Khusen (-90kg). Son frangin Khasan (-81kg), champion olympique en titre, était là aussi, mais il est surpris en finale par un Turc anonyme, qui le contre très joliment sur un uchi-mata en surpassement. Anonyme ? Si Vedat Albayrak ne semble exister que depuis janvier 2018, avec d’ailleurs une deuxième place à l’Open africain de Tunis ce mois-là, il a exactement la même photo sur son profil que le Grec Roman Moustopoulos, 24 ans, qui n’avait plus donné signe de vie (sportive) depuis la fin 2016, date à laquelle il avait obtenu le bronze au Masters. Et quand on sait que ce combattant désormais turc, qui fut médaillé mondial et champion d’Europe juniors en 2013, champion d’Europe -23 ans en 2014, est en fait le fils du grand champion géorgien Giorgi Vazagashvili… on se dit qu’on vit une drôle d’époque et que pour certains la recherche de la gloire sportive et de la reconnaissance internationale passe par des chemins tortueux. Au regard de ce combat de haut niveau, il faudra, quoi qu’il en soit, considérer le Turc Albayrak comme un candidat sérieux aux médailles dans les années à venir.