Le Japon sans briller, la France… pas si mal !
Samedi au soir, le Japon était leader dans le classement des nations d’une courte tête (une médaille d’argent) d’un trio à deux médailles d’or : le Japon, la Russie et la Mongolie. Dans une deuxième journée un peu moins dense et brillante que la première, les médailles et les titres, se sont dispersés un plus largement : la France a son « Master » (voir par ailleurs), comme espéré, mais il est seul en or. C’est aussi le cas des Pays-Bas, avec deux médailles de bronze d’appoint pour cette solide équipe, et une impressionnante Kim Polling en -70 kg, qui prend sa revanche du championnat du monde sur la Colombienne Alvear, qu’elle parvient à contrer en ura-nage. L’Azerbaïdjan a le sien avec ce dimanche l’or de son irrésistible -100 kg Elmar Gasimov – il a gagné les Grands Prix de Géorgie et de Turquie – qui écarte du titre le Néerlandais Grol et le champion du monde tchèque Lukas Krpalek. Safarov, Orujov, Shikalizada, Mammadov… l’équipe azérie sera dangereuse à Bakou et à Astana. La Géorgie touche de l’or elle aussi. Non pas par Papinashvili hier, ni par le médaillé d’argent en -73 kg Tatalashvili, ni ce dimanche avec Liparteliani, ou le champion du monde Tchrikrishvili, mais par un petit nouveau qui a de quoi faire peur en -90 kg, Beka Gviniashivili, 19 ans, qui sort, en s’excusant presque, le Roi Iliadis et expédie, entre autres, le champion olympique Asley Gonzales, le tout avec un mouvement de hanche à gauche qui arrache tout. Là encore, et même un ton au-dessus des autres, la Géorgie jouera le leadership européen et mondial, au moins chez les garçons, aux prochains championnats du monde.
Harrison a nouveau 1ere au classement mondial en -78 kg
Le Master de Rabat démontre aussi que la force de frappe de l’Américaine Kayla Harrison est intacte en -78 kg, après sa tentative en -70 kg, désormais à ranger dans les archives. Depuis une défaite au Grand Prix de Jeju en Corée en novembre dernier face à Audrey Tcheumeo, la combattante de Middletown a emporté le Grand Chelem de Tokyo, les Grands Prix d’Allemagne et de Géorgie, avant de conclure par ce Master. Le style hanché et l’intelligence tactique de la championne olympique feront encore mal à Astana. Enfin la Chine est présente finalement. Pas par Ma Yingnan, battue par Annabelle Euranie en -52 kg (mais qui peut toujours être considérée comme outsider pour un titre mondial), mais avec la copieuse Yu Song en +78 kg (déjà victorieuse en 2013), qui réussit la journée dont elle rêvait en dominant aux pénalités sa rivale Ma Sisi et les deux Japonaises, Megumi Tachimoto en demie et Kanae Yamabe en finale, laquelle était pourtant magnifique jusque là avec ses ashi-guruma et ses uchi-mata. Yu Song est moins impressionnante que ses devancières, les Tong Wen, Fuming Sun et autres Yuan Hua, mais elle joue à la fois de sa puissance et de son rythme d’attaque qui lui permet de faire pénaliser ses adversaires, une tactique qu’elle a tendance à privilégier. Avec ce cocktail, elle pourrait bien ramener le titre poids lourd féminin du côté de la Chine pour la première fois depuis 2011 si les Japonaises la laissent faire.
Le Japon, encore et toujours
Malgré tout, c’est encore une fois le Japon qui sort en tête de ce rendez-vous « pré-mondial ». Sans avoir éclaboussé la concurrence et avec un seul titre pour ses féminines (la peu connue Miku Tashiro en -63 kg, pourtant déjà médaillée mondiale et championne du Japon 2015), mais avec trois « Master » en or au bout du compte, dont deux masculins. Et c’est une nouvelle fois la seule nation à y parvenir. C’est dans une finale Japon-Russie, en -81 kg gagnée au sol par le bluffant champion du Japon Takanori Nagase sur le revenant russe Ivan Nifontov – vainqueur malin avec ses sutemi et ses balayages sacrifices du champion du monde géorgien Tchrikrishvili – que se joue la première place des nations avec la Russie. À l’approche d’Astana, mais aussi des Jeux qui arriveront vite derrière, on sent que la Russie serre les boulons. Elle termine ici à une belle deuxième place avec quatre médailles dont deux en or. En plus de ses trois médailles d’or, le Japon se hisse aussi six fois en finale et… douze fois sur le podium en tout. Une indication que si tout n’est pas réglé pour la grande équipe nippone, la nation phare du judo mondial a toujours les moyens de ses ambitions.
La France en embuscade
La France ? Pas si loin que cela avec son titre ses deux finales et ses quatre médailles en bronze, pour une quatrième place derrière le Japon, la Russie et les deux médailles d’or mongoles (et deux médailles de bronze), mais devant les trois médailles de la Géorgie (1 or, 1 argent, 1 bronze), de l’Azerbaïdjan (1 or, 1 argent, 1 bronze) et des Pays-Bas (1 or, 2 bronze). Dans un événement qui n’était pas un objectif fondamental, sinon dans une stratégie d’accumulation de points, ou d’informations, et sans Buchard, Pavia, Agbegnenou et Andeol… Les quelques grands déçus, comme Cyrille Maret, notre champion du monde Loic Pietri ou la jeune Madeleine Malonga, ont une revanche à prendre sur eux-mêmes… ce qui n’est pas la pire des postures pour les rendez-vous européens et mondiaux à venir. Quant à la cohorte des combattant(e)s français battus de peu par des cadors, à la lisière du podium, ou dessus, mais prétendants encore à mieux, la préparation est à peine entamée. Rien n’est perdu, mais tout est encore à faire. Et l’opposition mondiale est déjà positionnée.
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