Raz de marée tricolore à Sarajevo. Par le nombre d’inscrits à ce premier Open post-JO bien sûr, puisque la France et ses clubs comptaient pas moins de soixante-quatre judokas présents dans les tableaux. La délégation la plus imposante – et de loin – sur les 305 combattants de cet évènement bosnien. Mais aussi par les résultats obtenus puisque la France termine logiquement première nation avec cinq titres, huit médailles d’argent et onze médailles de bronze. Derrière elle, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Soit un classement des nations calqué à l’identique sur le nombre décroissant d’engagés par pays.
Les deux victoires féminines françaises reviennent à Léonie Gonzalez (-52kg, ESBM Judo) et Stessie Bastareaud (+78kg, JC Chilly Mazarin Morangis). La première s’impose dans une finale 100% tricolore à Anais Mosdier (JC Maisons-Alfort) grâce à son uchi-mata de gauchère. Son arme fatale. La seconde, sur une clé de bras qui oblige la Hongroise Mercedesz Szigetvari à abandonner. Une jolie prise d’opportunité.
Chez les masculins, Maxime Merlin (-60kg, AJA Paris XX) fut le premier Français titré du week-end. Là encore dans une finale entre «frenchies», le judoka d’Alexandre Borderieux trouve rapidement la faille face à Richard Vergnes (JC Chilly Mazarin Morangis) grâce à un contre bien senti sur l’arrière. Merlin qui aura fait vraiment belle impression toute la journée avec sa variété technique. Ce dimanche, deux nouveaux titres venaient s’ajouter à l’escarcelle française avec d’abord la victoire, au final assez tranquille, de Joseph Terhec en +100kg. Désormais au club raphaëlois de l’ARAM Judo (c’est Nico Kanning qui coacha le champion de France 2019 toute la journée), Terhec dispose pour la victoire de l’Allemand Jonas Schreiber grâce à ses mouvements d’épaule. Du travail bien fait.
L’autre titre revient à Loic Pietri en -81kg. Revenu dans sa catégorie fétiche en début d’année, le champion du monde 2013 était incontestablement l’un des judokas bleu-blanc-rouge les plus attendus sur cette compétition. D’autant qu’était également présent Alpha Djalo (PSG Judo), n°1 de la catégorie durant l’olympiade qui vient de s’achever. Une confrontation attendue et qui eut lieu en demi-finale.
Un duel qui tourna rapidement à l’avantage de Pietri sur une action confuse puisque les superviseurs accordent un waza-ari au Niçois sur un yoko-guruma alors que l’arbitre du centre avait décidé d’un matte en plein milieu de l’action afin de sanctionner Pietri d’un shido pour prise aux doigts. Un avantage rapide que le triple médaillé mondial conservait jusqu’à la fin. En finale, il retrouvait un autre Français, Quentin Joubert (SGS Judo), très dynamique ce dimanche, que le judoka de l’OJ Nice éteignait pourtant en trois séquences dont un sode-tsuri-komi-goshi à une main. Une journée satisfaisante pour le triple médaillé médaillé continental ? Oui, car les sensations semblent être bien revenues. Même si il doit encore affiner quelques réglages, le dernier champion du monde masculin (exception faite de Riner), confirme ses ambitions de redevenir le n°1 Français des -81kg avec Paris 2024 en ligne de mire. Et non, car ce résultat n’aura aucune incidence sur Paris.
La sélection pour Paris, un problème de timing ?
Car impossible de déconnecter cet Open des sélections pour le Grand Chelem parisien, tombées jeudi midi.
À ce propos, la question du timing était au coeur des discussions du côté de Sarajevo.N’aurait pas été plus cohérent d’annoncer la sélection suite à cet Open ? Certains combattants et leurs clubs s’étaient engagés à Sarajevo dans cette optique : performer pour pouvoir espérer être des 50 ans du tournoi de Paris. C’était justement le cas de Loic Pietri. Ce week-end, ce dernier réalise la meilleure performance française en -81kg mais sans que cela ait finalement une quelconque influence puisque les quatre noms pour les 16 et 17 octobre ont déjà été choisis, dont deux étaient présents à Sarajevo (Alpha Djalo, finalement en bronze, et Baptiste Pierre). Il faut d’ailleurs noter que seulement deux catégories masculines sont complètes pour le Grand Chelem (-81kg et -90kg), sans qu’aucune justification n’étaye ce choix. Un questionnement qui faisait dire à un entraîneur présent en Bosnie : «si on nous avait dit la date de la sélection pour Paris, on ne nous avait en revanche pas annoncé que des places resteraient à compléter dans certaines catégories. Si nous avions su cela, nous aurions engagé certains athlètes de ces catégories…»
Quoiqu’il en soit, il faudra sans aucun doute attendre le Grand Prix de Zagreb pour connaître la sélection complète pour le Grand Chelem français. Mais certains non-sélectionnés ont marqué des points ce week-end. Il y a bien sûr Maxime Merlin (il y a deux places à prendre pour Paris en -60kg) mais aussi certains médaillés comme Julie Pierret (-78kg, La Couronne Grand-Angoulême Judo), en argent ce dimanche et qui fit montre d’une belle solidité (elle termine meilleure Française dans cette catégorie alors qu’il reste encore une place à distribuer pour Paris), Richard Vergnes, toujours aussi régulier ou Robin Corrado (-66kg, CO Sartrouville), en argent lui aussi hier. Frôlant l’élimination dès le premier combat, ce combattant au gros coeur arrive en finale grâce notamment à un ko-uchi-gake tranchant. En bronze, Pierre Dumontier (-60kg, Dojo Béglais), Kevin Azema (-66kg, JC Maisons-Alfort), Théo Riquin (-73kg, SGS Judo) et Emre Sanal (+100kg, RSC Montreuil) se donnent également le droit d’espérer.
Côté étrangers, l’Allemagne et la Grande-Bretagne repartent avec deux titres acquis grâce à leurs féminines. Hier fut la journée du voisin allemand et en particulier de sa -57kg Seija Ballhaus. Ce dimanche, c’est la perfide Albion qui se montre à son avantage avec notamment une finale des -70kg 100% britannique et la victoire de Kelly Petersen-Pollard, championne d’Europe juniors en 2019.
Prochain rendez-vous dans seulement quatre jours et toujours dans les Balkans avec le Grand Prix de Zagreb (Croatie).