Formidable à Paris début février, prise en défaut aux pénalités par la championne d’Asie 2019 Shiho Tanaka à Tel Aviv quinze jours plus tard – avertissement sans frais – Margaux Pinot retrouve le podium sur ce Grand Chelem d’Antalya 2022 en -70kg, en concluant sur une belle clé bien nette contre l’Allemande Miriam Butkereit, numéro douze mondiale. Mais ce n’était pas pour la médaille d’or. La sélectionnée olympique, médaillée d’or en équipe, avait rencontré en effet un obstacle de taille sur sa route : sa rivale nationale Marie-Eve Gahié, championne du monde 2019, elle-même troisième à Tel Aviv et battue par la même Japonaise, mais en bronze tout de même à l’occasion. Leur dernière rencontre officielle internationale remontait au Masters 2019, pour une victoire rapide par ippon sur o-soto-gari par celle qui était alors la numéro un, en France et à la ranking mondiale, Marie-Eve Gahié. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et le rapport de force s’est inversé. Mais c’est tout de même Gahié qui sortait une nouvelle fois victorieuse de ce duel important en demi-finale entre les deux championnes de la catégorie, et par un rapide tani-otshi bien senti. Une victoire importante pour se relancer dans la course à la sélection mondiale que la « PSG girl » Gahié allait confirmer par une victoire en finale sur l’Autrichienne Bernadette Graf. Pourtant contrée – d’après la table d’arbitrage, car ce n’était pas net – sur une tentative de ura-nage pour waza-ari, la Française retournait sans inquiétude au corps-à-corps pour une grosse envolée en ko-soto / ura-nage. Elle levait des yeux embués vers le ciel et l’entraîneur sur la chaise (Christophe Massina) l’étreignait longuement. Un retour se dessine en Turquie pour Marie-Eve Gahié.
Djalo, le combat référence
Les autres Français du jour ne montent pas sur le podium. Manon Deketer (-63kg), était prise en contre au troisième tour par la n°2 Slovène, la redoutable Andreja Leski – une catégorie emportée finalement par l’Anglaise Lucy Renshall, déjà victorieuse à Bakou et à Abou Dhabi en novembre, et désormais… n°2 mondial derrière sa majesté Agbegnenou. En -73kg, Benjamin Axus ne passait pas le n°10 mondial, le Kazakh Smagulov. C’était en -81kg un combat à distance intéressant entre les Français Nicolas Chilard et Alpha Oumar Djalo. Le premier s’illustrait en marquant waza-ari au grand Belge Casse, médaillé mondial et olympique, sur un joli ko-uchi-gari. Mais il était repris dans la minute suivante par un corps-à-corps imparable et sortait du jeu. Pour son retour, le champion de France Alpha Oumar Djalo faisait un parcours très intéressant avec trois victoires, dont la dernière contre le champion du monde juniors 2021, le Géorgien Giorgi Sherazadishvili, qu’il plantait sur son bel enchaînement classique ko-uchi / o-uchi-gari. En quart de finale, Djalo parvenait à maintenir à distance et à bouger l’Ouzbek Sharaffudin Boltaboev, qui avait les pires difficultés contre lui. Mais après presque neuf minutes de combat, et alors que le Parisien, bien dans son combat, semblait sur la bonne voie pour trouver la faille, l’arbitre décidait que les makikomi du désespoir de l’Ouzbek valaient une pénalité fatale contre le Français. Malgré tout, un combat important face à ce combattant en pleine bourre avec Ilias Iliadis sur la chaise, désormais quatrième mondial. Malheureusement, le n°1 français, fatigué, n’allait pas pouvoir attraper le bronze qui aurait rendu tout cela plus manifeste, surpris par la vista étonnante de l’un des « jeunes » du jour, le Belge Abdul Malik Umayev, vingt-et-un ans, qui fondait sur lui pour un corps-à-corps décisif avant d’aller prendre le bronze. Sans doute des ajustements à faire, mais il y a des bonnes nouvelles du côté d’Alpha Oumar Djalo. À suivre, à confirmer.
La catégorie n’allait pas être emportée par le n°1 mondial Casse, ni par son rival turc Albayrak chez lui, mais par un ébouriffant Brésilien de vingt-et-un ans, Guilherme Schimidt, médaillé mondial juniors 2019 et intenable toute la journée, qui les sortait tous les deux.
Dans le même genre, la catégorie des -73kg était emportée haut la main par un… junior de dix-neuf ans, qui faisait là son premier Grand chelem, le Géorgien Giorgi Terashvili. La jeunesse attendait son heure sur fond de pandémie. elle n’a plus le temps d’attendre. Ça bouge à Antalya !