Organisés deux semaines à peine après la fin des championnats du monde, on pouvait craindre que ces championnats d’Europe -23 ans ne réunissent pas les meilleures jeunes pousses européennes. Pour au moins deux raisons : sa (trop) grande proximité du rendez-vous mondial bien sûr, mais aussi le fait que cet événement ne rapporte aucun point à la ranking list olympique, à moins de deux ans des JO. On pourrait même ajouter, même si cela va sans doute être une donnée à long terme, l’absence des judokas russes, qui faisaient souvent de ce rendez-vous le premier championnat seniors pour ses meilleurs juniors.
Un championnat continental que la France domine avec ses huit médailles dont deux titres, pour Maxime Gobert (-66kg) et Arnaud Aregba (-81kg), trois médailles d’argent pour Kaila Issoufi (-70kg), Joan-Benjamin Gaba (-73kg) et Tizie Gnamien (-81kg) et trois médailles de bronze pour Liz N’Gelebeya (-78kg), Orlando Cazorla (-66kg) et Aleksa Mitrovic (-90kg). Six médailles masculines qui placent la France en tête des nations chez les garçons coachés ce week-end par Stéphane Auduc. Les filles de Lucie Decosse terminent, elles, à une décevante huitième place.
Chez les masculins, la distribution est parfaite avec trois médailles chaque jour et de chaque métal. Chez les féminines, les deux podiums arrivent le samedi où les trois défaites connues par les combattantes tricolores engagées l’ont été à chaque fois en ne-waza. En -70kg, l’Allemande Samira Bock bat au premier tour Juliette Diollot puis Kaila Issoufi en finale grâce à son sankaku-gatame.
Si Gobert se montre toujours aussi solide, ne prenant aucun waza-ari et sachant gérer intelligemment l’avantage acquis, Aregba aura enthousiasmé avec une palette technique aussi riche qu’impactante : son morote-seoi-nage à gauche en demi-finale, lui le droitier, est un modèle du genre. La finale franco-française contre Tizie Gnamien prouve que la France possède dans cette catégorie avec Alpha Djalo (vainqueur à Zagreb), Nicolas Chilard (en or à Abou Dhabi), Arnaud Aregba (vice champion du monde juniors en août), Tizie Gnamien (cinquième à Paris en octobre) et Loic Pietri (médaillé de bronze à la coupe d’Europe seniors d’Espagne), une catégorie où la concurrence – saine et juste – ne pourra qu’être bénéfique à celui qui représentera la France dans moins de deux ans à Paris.
Une compétition très satisfaisante pour l’équipe de France et en particulier son équipe masculine puisque c’est un nouveau rendez-vous international où notre pays termine en tête. Restera cependant la déception d’une cinquième place lors de l’épreuve par équipes mixtes, où la France s’incline contre l’Allemagne en quart de finale et contre la Géorgie pour le bronze.
Ces championnats auront également confirmé l’excellente dynamique turque : deuxième lors de l’épreuve individuelle (deux titres pour la -48kg, Sila Ersin et la +78kg Hilal Ozturk), deux médailles d’argent et une médaille de bronze, le pays du président Huseyin Ozkan (champion olympique à Sydney) s’impose lors de l’épreuve par équipes ce dimanche. Première nation lors des championnats d’Europe juniors, la Turquie s’appuie sur une équipe féminine très solide.
La Hongrie complète le podium avec là encore deux titres pour la -52kg Rozya Gyertas et l’habitué des titres chez les jeunes, le +100kg Richard Sipocz, qui s’adjuge hier son septième titre européen !