Une médaille d’argent pour conclure. Hier, lors de l’épreuve par équipes, les Bleuets terminèrent ces championnats du monde sur une note quelque peu étrange : seulement deux rencontres (!) avec une victoire contre le Kazakhstan puis une défaite contre le Japon.
Un ultime podium au goût trouble, lié à l’un des trois enseignements de cet événement péruvien.
1) Une participation moindre
On le sait, les championnats mondiaux organisés sur le continent sud-américain attirent moins : 48 nations et 403 combattants à Lima cette année, contre 64 pays et 576 participants, l’année dernière, à Zagreb.
En 2022, Guayaquil, en Équateur, avait accueilli les championnats du monde juniors : 63 pays et un total de 373 judokas. L’année dernière, à Odivelas (Portugal), ce même événement attirait 68 pays et 541 inscrits.
Une tendance statistique amplifiée cette année par une situation stupéfiante : l’organisation de ces championnats du monde aux mêmes dates que les championnats d’Asie cadets ! Résultat ? Pas d’équipe sud-coréenne, deux judokas ouzbeks — contre vingt aux championnats asiatiques —, pas de Taiwanais ni de de Kirghizes. Autre absent de marque, Israël (quatre médailles aux championnats d’Europe tout de même) et son phénomène des -60kg, Izhak Ashpiz. L’Ukraine, à dix-neuf combattants aux Europes de Sofia — et sept médailles — se retrouvait à sept inscrits au Pérou.
Destination lointaine — et donc coûts plus élevés —, carambolage avec un autre événement de la même catégorie d’âge, qui donne une épreuve par équipes tristement insolite : six équipes (pas d’Azerbaïdjan, de Pologne, évidemment de Russie — interdite de toute participation à une compétition par équipes puisque sous bannière neutre — d’Allemagne, etc.) et deux équipes directement qualifiées pour les demi-finales, en l’occurrence la France et le Brésil. La France qui termine en argent avec à son compteur une victoire — contre le Kazakhstan — et une défaite contre le Japon.
Une finale que la France n’a pas abordée avec son plein potentiel puisque la -48kg tricolore Lalla-Dounia Lahrifi, n’était pas alignée.
Le staff n’ayant pas sélectionné de -44kg ni choisi de sélectionner une -48kg pour les équipes (une question de coûts sans doute), c’est la -40kg, Mathilde Aurel qui avait à affronter lors du sixième combat la Japonaise Aika Inoue.
Pesée à 39kg, Aurel, vice championne du monde, se battra avec ses armes et son courage, mais le Reiter de son adversaire bien plus lourde éteignait les chances françaises de revenir à trois partout.
2) C’est à la fin du bal…
Le proverbe est devenu le mantra d’Alpha Djalo : c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Un adage créé, peut-être !, pour le judo français. Comme aux JO de Rio (deux titres olympiques) ou à Paris cet été (un titre, une médaille de bronze), le dernier jour de l’épreuve individuelle a été incontestablement français : cinq médailles dont un titre, une médaille d’argent et trois de bronze !
Comme dans chaque événement mondial, l’or est une donnée indispensable pour figurer parmi le top 5.
Grâce à Lucie Rullier — et évidemment aux autres Bleuets médaillés — la France est passée de la dixième place à la quatrième place au classement des médailles. Une ultime journée brillante et bienvenue, pour atteindre un niveau plus conforme au statut du judo tricolore au niveau mondial, et alors que douze pays repartent de Lima avec un titre mondial ! Une mondialisation du judo qui fait de l’or un facteur plus que jamais fondamental dans le bilan final.
Quatrième nation donc, derrière la Russie, le Japon et l’Azerbaïdjan. Un classement bien meilleur que l’année dernière (quinzième nation avec trois médailles, dont deux d’argent pour Alyssia Poulange et Mathéo Akiana-Mongo), mais moins bon qu’en 2022 où la France avait fini première nation mondiale, avec trois titres (Yahn Motoly-Bongambé, Zacharie Dijol et Grace Mienandi Lalou), deux médailles d’argent et une de bronze. Une promotion exceptionnelle lors de laquelle, toutefois, la Russie n’était pas présente et dans une période où le judo mondial ne tournait pas encore à plein régime après l’arrêt dû au covid. Cette édition 2024 restera donc comme une excellente cuvée puisqu’il s’agit de la deuxième meilleure de l’histoire des championnats du monde cadets.
Championne du monde, Lucie Rullier devient la quatrième médaillée d’or tricolore féminine après Mienandi Lalou (+70kg), Marie-Ève Gahié (2013) et Adeline Bordat (2011), toutes deux championnes du monde également en -70kg.
Un résultat global de huit médailles individuelles dont cinq vont aux féminines et trois — de bronze — aux masculins. L’équipe féminine termine juste derrière le Japon alors que l’équipe masculine prend la onzième place.
3) La Russie, comme si de rien n’était
Absente des championnats internationaux depuis 2022, la Russie prouve, au cas où certains en doutaient, qu’elle reste plus que jamais une nation dominatrice en cadets. Rappelons encore qu’elle fut première nation européenne sans discontinuer entre 2005 et 2018 et qu’elle se situe dans le top 3 aux championnats du monde depuis leur lancement en 2009 !
Première nation aux championnats d’Europe de Sofia 2024, elle l’est aussi sur ces championnats du monde avec trois titres, trois médailles d’argent et deux de bronze. Un carton construit quasi uniquement sur son équipe masculine — une seule médaille de bronze pour les féminines russes —. En -81kg, l’équipe évoluant sous bannière neutre propose une finale entre deux de ses combattants.
Un pays au système de masse — comme la France, le Japon et le Brésil — qui ne paye donc pas son absence du circuit pendant deux ans, avec une génération — y compris féminine — dont on va entendre parler en juniors avant la fin de l’olympiade. À l’image de son -81kg, Abu-Bakr Kantaev, champion d’Europe et du monde cette année, typique du style russe fait de subtilités techniques et de liberté de corps.
Un retour par la grande porte.
Le Japon est venu à seulement dix combattants et repart avec trois médailles, dont deux titres féminins en -52kg et -63kg. L’argent est pour le -60kg. Exactement le même résultat que l’année dernière (deuxième nation derrière l’Azerbaïdjan), mais moins bien qu’en 2022 (deux titres, deux médailles de bronze) où il avait terminé à la troisième place. Un événement mondial clairement plus dans les priorités de la fédération japonaise — notamment pour des raisons financières, avec un déplacement très cher compte tenu du lieu et du niveau du yen — mais où les jeunes Nippons continuent à briller dans leur style unique.
Cerise sur le gâteau, le pays du Soleil Levant va chercher l’or par équipes, avant-hier.