Responsable de l’équipe masculine, Baptiste Leroy évoque le Masters (4-6 août, Budapest, Hongrie), les échéances de fin de saison et le premier stage estival qui se déroulait au CREPS de Montpellier.
Quelles sont les règles de qualification pour le Masters ?
C’est assez simple : il faut être dans les trente-six meilleurs de la ranking-list mondiale. Les absents – il y en aura – ne libèrent pas de place.
À l’heure actuelle, quatorze masculins français sont qualifiés mais avec les blessures de Joan-Benjamin Gaba et Alpha Djalo, l’absence de Teddy Riner, la montée en -73kg de Reda Seddouki et l’incertitude forte concernant Maxime NGayap (blessé au poignet lors des championnats d’Europe par équipes), il devrait normalement y avoir neuf garçons à Budapest début août.
Comment s’inscrit cette compétition dans votre planification ?
Il y a quelques mois, je le trouvais – et je le trouve toujours – bien positionné puisqu’il se plaçait trois mois après les championnats du monde. Un événement en forme de « championnats du monde bis » qui permettrait à ceux qui étaient passés à côté à Doha et aux n°2-3-4 de se montrer à leur avantage. Dans cette optique, nous avons donc souhaité faire en sorte de qualifier un maximum de combattants pour ce Masters afin qu’ils puissent s’illustrer lors d’un tournoi très relevé. Toutefois, les championnats de France et les championnats d’Europe par équipes ont mobilisé beaucoup d’athlètes et ne leur ont donc pas permis de couper. Deux événements qui ont aussi engendré des blessures. Ce qui fait que nous arrivons, à Budapest, en fin de course d’une année harassante. Nous avons donc prévu une coupure après le Masters, pour recharger les batteries et avoir du jus avant l’année olympique.
Et pour la suite de l’année 2023 ?
La sélection pour les championnats d’Europe (03-05 novembre, Montpellier) sera donnée dans la foulée du Masters. La planification, elle, est faite à 80-90% jusqu’aux Jeux de Paris. Bien sûr, elle sera forcément amenée à être adaptée. Il y a encore des questions budgétaires à régler par exemple, mais on sait assez précisément où on va.
Encore une fois, notre volonté est d’annoncer les sélections tôt (pour permettre aux judokas choisis de pouvoir la digérer avant de se mettre dans un processus de préparation et d’entraînement) en choisissant le meilleur athlète. Pour deux catégories, -73kg et -90kg, un autre paramètre est à ajouter : celui qui sera le plus capable d’enchaîner compétition individuelle et par équipes. Deux catégories où il y a de la concurrence. Comme je vous l’avais dit dans une précédente interview, la proposition faite au comité de sélection sera sans doute une sélection par vagues.
Quid du début de saison au niveau national ?
Les championnats d’Europe vont avoir lieu deux semaines avant les championnats de France première division (18-19 novembre à Caen). Ma position de principe est que ceux qui veulent pouvoir être sélectionnés pour le Grand Chelem de Paris doivent faire les championnats de France, par respect vis-à-vis de cet événement et de l’équité. Mais les circonstances particulières font que, selon moi, je dispenserais les sélectionnés aux championnats d’Europe car le processus de préparation psychologique et physique pour passer des championnats d’Europe aux championnats de France est compliqué.
Quel bilan fais-tu de ce premier stage estival à Montpellier ?
Le stage s’est très bien passé, dans une ambiance studieuse. Pour les combattants qui font le Masters, on sent une forme d’autonomisation en création. Tout a été calé sur les onze jours, avec de l’individualisation, des temps de repos réguliers, de la préparation physique adaptée à chacun. Comme pour les championnats du monde de Doha, les athlètes qui sont en préparation physique avec des intervenants extérieurs au staff national ont pu suivre le programme mis en place avec eux. De même, nous avons autorisé les entraîneurs de club qui avaient des athlètes au Masters à venir sur l’intégralité du stage avec liberté totale de les prendre en technique pendant ou en dehors des temps d’entraînement. L’idée était la suivante : qu’on travaille à Montpellier sur le même processus qu’à l’Insep.
Comme le calendrier a bien fait les choses, le début de notre stage a eu lieu en même temps que le stage privé de Montpellier dirigé par Patrick Roux avec des intervenants de très grande qualité comme Hiroshi Katanashi, Frédéric Demontfaucon, Jane Bridge, etc. On a discuté avec Patrick Roux pour que, selon les thématiques abordées, un groupe six à huit judokas internationaux, à chaque fois différents, puissent suivre la séance du mardi, mercredi et jeudi matin.
Quel retour as-tu eu de ces échanges ?
J’ai été plutôt surpris de la réaction des intervenants du stage privé. A priori, je pensais que c’était nous les gagnants puisque nos athlètes allaient bénéficier d’une expertise que nous ne sommes pas en mesure de leur offrir au quotidien. Ces experts sont des chercheurs ès technique alors que nous sommes devenus plus des coachs. Là où j’ai été très heureux, c’est que les intervenants étaient enchantés car ils m’ont dit que cela avait donné une plus-value à leur stage puisque de jeunes stagiaires, des professeurs ont pu faire randori avec des athlètes de l’équipe de France. Du gagnant-gagnant (sourire).