Le club du JAPS 77, ivre de joie après sa victoire chez les cadets.
Crédit photo : L’Esprit du Judo

Si vous aimez le suspens, alors ce week-end de championnats de France par équipes cadets et juniors était fait pour vous. Sans dévoiler encore le cliffhanger sidérant de la finale junior masculine, l’événement fut un moment constant d’engagement, de cohésion, d’émotions — individuelle et surtout collective —, de confirmations — il y en eut beaucoup — mais aussi de quelques surprises.
Une compétition qui se positionne comme la seconde la plus importante du calendrier national cadet et junior, qui a vu, le dimanche, la présence de deux combattants juniors étrangers — le règlement le permet depuis cette année — de très haut niveau. En effet, le Montpellier Judo Olympic put compter dans ses rangs rien de moins que la championne d’Europe juniors en titre des -70kg, la Slovène Kaja Schuster. Dans l’équipe masculine, le très prometteur ukrainien Igor Tsurkan, champion d’Europe et médaillé mondial cadets 2022 en -81kg et vice-champion d’Europe juniors 2023. Une compétition dont le positionnement dans le calendrier fédéral a été discuté (il devrait être décalé une semaine plus tard 2025), du fait de la tenue d’une coupe d’Europe juniors très forte, au même moment, en Autriche (à Graz).
Avec un peu de recul, l’idée même de ces championnats au début du mois de juin se discute alors que les championnats d’Europe cadets se déroulent dans trois semaines. La peur de la blessure pour certains fut bien là, après une saison pas terminée, mais déjà très chargée.
De 2011 à 2019, cet événement fut organisé en décembre ou janvier. Serait-il incongru de réfléchir à positionner ces championnats de nouveau à cette période ?

Mais trêve d’aparté. Une semaine après la fin du Festival de Cannes, nous vous proposons une analyse de ce week-end sous forme de palmarès cannois. Pour qui la Palme d’Or ?

Palme d’Or : elle ne pouvait évidemment échapper au JC Chilly-Mazarin Morangis. Car, quel week-end du club chiroquois !
Le samedi, l’équipe féminine cadette emmenée par sa championne de France des -63kg et sélectionnée pour les championnats d’Europe, Emma Benghezal, s’est montrée la plus compacte, la plus régulière, la plus dense. Un titre offert justement par sa leader, sur un magnifique uchi-mata sukashi lors d’une finale attendue contre le DAN 79.
Deux armadas équipées pour la gagne. La preuve ? Le premier combat de la finale opposait les deux finalistes des championnats de France 2024, Léonie Minkada-Caquineau (DAN 79) et Emma Feuillet-Nguimgo (licenciée au JC Villiers-le-Bel, mais en double appartenance pour l’occasion avec le JC Chilly-Mazarin Morangis.
Une finale qui condensait les caractéristiques utiles à une victoire finale : de gros points forts, qui ne craquent pas dans les moments chauds, des athlètes qui peuvent et savent jouer le coup tactique (puisque le hikiwake est dans le règlement d’arbitrage) et une cohésion collective sans faille.
Le dimanche, l’équipe masculine junior n’était pas forcément la plus attendue, puisque les favoris du jour étaient les champions de France en titre, autrement dit l’AM Asnières. Mais vaille que vaille, ce groupe là encore très homogène, sut se sublimer tout en étant guidé par un Peter Jean, son -73kg champion de France début mars, remarquable. La finale contre les Arts martiaux de Saint-Gratien, dernière rencontre du week-end, fut un ascenseur émotionnel incroyable et, disons-le, sans doute inoubliable. Nul doute que les présents se souviendront longtemps de ce dernier combat entre Raphaël Synold (AM Saint-Gratien) et Tanguy Malidin (licencié à l’ACBB, mais combattant avec Chilly-Mazarin). Posons le cadre : le score est de 2 à 2, après la magnifique victoire de Keziah Harvent (AM Saint-Gratien) en +81kg sur un uchi-mata extraordinaire, contre un adversaire à qui il rendait plusieurs bons kilos.
Monte sur le tapis les deux -60kg, Synold et Malidin. Deux combattants qui s’étaient rencontrés lors des championnats de France individuels. Pour une victoire du premier. Le combat débute et se trouve être plutôt équilibré. Mais la puissance de Synold et le coup de mou physique de Malidin voient le premier marqué un waza-ari. Dominant, Synold, sans aucun shido à toutes les cartes en main. Mais à trente-deux secondes de la fin, Malidin ne calcule plus et va chercher le corps-à-corps et un ko-soto-gake qui surprend totalement son adversaire. Ippon ! Les émotions contraires, portées à un point incandescent, étaient alors sous nos yeux de spectateurs figés par ce scénario totalement dingue. Un doublé unique dans l’histoire des équipes jeunes : FLAM 91, en 2016, avait remporté les cadettes, mais avait terminé en argent chez les juniors masculins. Premier titre masculin depuis 1998 (et la victoire des cadets) et première médaille et premier titre féminin par équipes pour le club essonnien. Alors bravo au JC Chilly-Mazarin Morangis pour cet exploit !

Palme d’honneur : elle est pour l’AS Chelles Judo de Benjamin Gury. Championne de France cadette en décembre 2019, le groupe chellois faisait office, hier, de « dream team » : deux championnes de France avec Alya De Carvalho (-57kg) et Yelena Rezeau (-70kg). Une championne du monde en titre, en la personne de Melkia Auchecorne, impitoyable ce dimanche et une médaillée nationale, qui fut championne d’Europe et du monde cadette 2022, Grace Mienandi-Lahou (du JC Villepinte et en double appartenance). La -52kg, Lina Douidi, prêtée par le Budokan Deuil, qualifiée pour les championnats de France début mars. Un groupe construit pas à pas, couvé, formé et forgé par Benjamin Gury. De Carvalho est au club depuis les minimes, Auchecorne depuis les cadets. Hier, c’est un groupe sûr de sa force, concentré et qui combattit sans fioritures ni grosse tête qui l’emporta dans la plus pure logique. En finale, elles rencontraient le DAN 79 qui réalise la performance magistrale de faire deux finales féminines sur le week-end. Deux écuries qui, comme la veille, condensaient les invariants nécessaires à une victoire puisque le club niortais d’Anthony Mortini comptait dans ses rangs Pauline Cuq (championne de France et médaillée européenne 2023 en -48kg), Alicia Marques, championne de France 2024 en -52kg, Sandra Darbes-Takam, médaillée senior 2023 en -70kg et Léonie Minkada-Caquineau, encore cadette, mais déjà vice-championne de France juniors 2024, après avoir été championne d’Europe cadette 2023. Une finale de rêve qui se joue sans doute sur le premier combat et la victoire rapide de Rezeau sur Darbes-Takam.
Joie maîtrisée pour un groupe chellois qui ont fait leur la célèbre formule césarienne : « veni, vidi, vici ». Second titre collectif pour la structure de Seine-et-Marne (champion chez les cadettes en 2019) pour une victoire derrière laquelle le club courait depuis deux ans (argent en 2022, bronze en 2023). Et c’est mérité !

Palme du meilleur espoir : le Judo Académie Paris Sud 77
Vainqueur chez les cadets masculins, cette équipe était sans doute celle qui montra le plus d’envie et de soif du titre. Une équipe très costaude puisqu’elle comptait dans ses rangs le très intéressant +90kg Kevin Nzuzi Diasivi, champion de France cadets, double vainqueur en coupe européenne et titulaire aux championnats d’Europe bulgares à la fin du mois. Il joua son rôle de leader à la perfection avec des victoires à la fois convaincantes et importantes. Mais le héros de l’équipe fut le -60kg Ziyad El Rahba, qui combattit en -66kg toute la journée. Parce qu’il offre le point de la victoire du titre face au Judo Vaucluse Grand Avignon sur une immobilisation. Parce qu’aussi, il offre le point décisif dans un quart de finale bouillant et irrespirable face aux tenants du titre, Sainte-Geneviève Sports Judo. Avec Jibril Tazdait, lui aussi du club et vice-champion de France en -55kg, cette structure créée fin 2020 autour du JC Moissy-Cramayel et le JC Combs-la-Ville. Un club qui monte et récolte le premier magnifique fruit collectif d’une récolte déjà entamé au niveau individuel, avec, encore une fois, un Kevin Nzuzi Diasivi, jeune combattant extrêmement intéressant.

Palme du meilleur second rôle : Dojos de l’Agglomération du Niortais 79
Il ne faut voir aucune ironie dans cette récompense, mais bien plutôt une la récompense méritée d’un travail remarquable du club niortais qui aura été médaillé et/ou sacré cette saison au niveau national chez les seniors première division, les minimes, les cadets et les juniors ! Certes, les deux équipes féminines finissent le week-end en argent, mais la performance est loin d’être courante. Chelles réalise la même prouesse en 2019 et seul l’OM fait mieux sur les douze dernières années avec un titre junior et une médaille d’argent cadette en 2017. Un tour de force qui met en lumière le travail réalisé au sein de ce club de province, l’un des plus importants de la ligue Nouvelle-Aquitaine qui possède une génération féminine exceptionnelle puisque Pauline Cuq fut championne d’Europe cadette 2021. Une structure qui comptera  deux sélectionnés aux championnats d’Europe cadets à Sofia, Axel Cuq et Léonie Minkada-Caquineau. Tous deux sont des purs produits du club, tout comme Pauline Cuq, Alice Lopez et Ilona Chupeau, titulaire en -63kg dans l’équipe cadette et remplaçante en junior.

Le jury note également la fidélité du Sainte Geneviève Sports Judo à son ADN, puisque le club du président Pascal Renaut est une nouvelle fois médaillé : le bronze chez les masculins en cadets et juniors !
Un dernier mot avec la belle présence des clubs hors Île-de-France : outre le DAN 79, ils sont trois chez les cadets (l’AJBD 21-25 chez les féminines qui fait un trois à la suite après le bronze de 2022 et le titre de 2023 !, Judo Vaucluse Grand Avignon et l’Olympic Judo Nice chez les masculins), et deux chez les juniors féminines : Vendée Judo et Montpellier Judo Olympic.

Retrouvez les résultats complets ici :
https://lespritdujudo.com/championnats-de-france-cadets-par-equipes-2024-judo/
https://lespritdujudo.com/championnats-de-france-juniors-par-equipes-2024-judo/