Première journée des championnats de France 2024. Un bilan en trois points.

Des vainqueurs attendus
C’est la première et la plus éclatante leçon de ce samedi. Parmi les huit vainqueurs du jour un seul peut être considéré comme une sensation (voir plus bas). Le reste ? Des combattants leaders de leur catégorie. Hormis peut-être en -57kg où la densité est très intéressante, nombre des finalistes ont traversé la journée avec une autorité incontestable. Au-dessus. Trop fort. C’est comme on veut.
Un premier exemple ? Alyssia Poulange (SO2J Saint Ouen) et Alicia Marques (JC Orthez) en -52kg.
Deux juniors première année qui laissent la concurrence loin derrière : finalistes l’année dernière chez les cadettes déjà dans cette catégorie, finalistes également à Aix-en-Provence en décembre pour le plus gros tournoi hexagonal, elles se retrouvaient encore pour le titre national cet après-midi. Deux jeunes femmes médaillées européennes cadettes (Poulange en or, Marques en bronze) qui dominent outrageusement les -52kg, à l’instar il y a quelques années de Faiza Mokdar et Lou-Ann Masson (deux finales nationales, deux finales du tournoi de France à Cannes en deux ans) déjà en -52kg.
Si c’est Poulange qui dominait ce duel – victoire en 2023 chez les cadettes et à Aix -, Marques a fait mentir l’adage avec un succès sur un contre au golden score alors qu’il y avait deux shidos partout. Deux judokas d’un très bon calibre, avec d’excellentes bases techniques. À noter que Poulange, sélectionnée pour le Grand Prix d’Autriche la semaine prochaine, avait pris la décision de participer à ces championnats de France, alors que possibilité lui avait été donnée de ne pas les faire. Un choix tout à son honneur.
Les quatre autres exemples ?
En -48kg, en l’absence de Pauline Cuq (Dojos de l’Agglomération du Niortais 79), sélectionnée sur Linz dans six jours, c’est Pamédie Katendi Nzuzi (FLAM 91), tête de série n°1 ce samedi médaillée d’argent à la coupe d’Europe juniors de France en 2023, qui offre au club essonnien coaché par Kilian Le Blouch et Louis Masy son second titre su jour après celui de Quentin Marteau en -55kg.
En -57kg, avec une finale entre Alya De Carvalho (AS Chelles Judo) et Maylis Rozan (RC Champigny). La première fut titulaire aux championnats d’Europe et du monde juniors 2023 dans cette catégorie qu’elle venait de rejoindre. La seconde était en bronze l’année dernière ici-même, comme à Aix-en-Provence il y a quelques mois et comme à Herstal (Belgique), fin janvier, où elle battit pour le bronze…De Carvalho. Une finale remportée par la Chelloise sur un sasae-tsuri-komi-ashi après un duel extrêmement rythmé.
En -66kg, nous assistâmes aux retrouvailles entre Alexis Renard (PSG Judo) et Kylian Noël (Racing Club de France), les deux leaders de cette catégorie chez les cadets il y a deux ans. Renard avait fini en argent en 2023 et troisième à Aix alors que Kylian Noël avait lui été titulaire des championnats d’Europe et du monde juniors l’année dernière. Ce samedi Noël s’est montré le plus consistant, montant en puissance tout au long de sa journée, appliquant de plus en plus précisément les consignes données par Alain Schmitt, son entraîneur de club. Très varié techniquement et au kumikata, le Racingman fut selon nous l’homme fort de cette première journée des championnats de France juniors avec un niveau retrouvé, des schémas bien maîtrisés et pertinents, absorbés très vite et de manière pertinente comme nous l’indiquait Alain Schmitt au moment des podiums.
Un sankaku-jime désormais bien maitrisé, très en rythme, précis, Noël rend une copie très propre, dans la lignée de sa prestation aux championnats d’Europe de La Haye. En finale, il domine Renard aux pénalités. Pourtant, le judoka du PSG avait laissé une très forte impression sur les éliminatoires avec des sode-tsuri-komi-goshi aussi beaux qu’efficaces, salués à juste titre par le public très nombreux.
En -73kg enfin, Peter Jean (JC Chilly Mazarin Morangis), en bronze l’année dernière s’impose à Eliot Prève (Alliance Grésivaudan Judo), champion de France en titre et septième aux championnats du monde début octobre, sans combattre. Prève s’était en effet fait mal en demi-finale : une douleur musculaire à l’épaule droite l’empêchait de défendre son titre jusqu’au bout.

Des finales intenses
La seconde leçon de ce samedi, c’est la qualité des finales proposées. Les duels Poulange/Marques (-52kg), Ray/Guillard (-60kg), Renard/Noël (-66kg), De Carvalho/Rozan (-57kg) furent chacun à leur manière de très beaux combats de par leur intensité, leur qualité tactique, leur indécision. On pourrait même ajouter à cela la demi-finale, dantesque, entre Alya De Carvalho et Lola Berthet (Stade Bordelais Judo). Un retour à la dernière seconde de De Carvalho sur un harai makikomi faisait basculer ce combat dans une autre dimension.

La surprise Anatole Guillard
Pas de doute que le judoka des Dojos de l’Agglomération du Niortais 79 se souviendra de ce 2 mars 2024. Aujourd’hui, le pensionnaire du pôle France de Bordeaux bat Yahn Motoly-Bomgabé (champion du monde cadets 2022), Zacharie Dijol (champion du monde cadets 2022 et vice champion de France juniors 2023) et Kelvin Ray (vice champion du monde 2022, champion de France 2023) la même journée. Si voir Guillard aussi loin dans le tableau n’était pas surprenant – le garçon a tout de même gagner les tournois de Clermont-Ferrand et de Poitiers et a fini deuxième à Aix-en-Provence -, penser qu’il pourrait battre Kelvin Ray, invaincu au national dans sa catégorie d’âge depuis fin 2021 et le tournoi cadets d’Harnes, était un pari plus osé !
Et pourtant, c’est ce que le judoka des Deux-Sèvres a réussi, battant le judoka du PSG Judo aux pénalités. Plus d’envie ? Peut-être, sûrement même. Un modjo gonflé à bloc après une journée où rien ne lui résista dans un ambiance de feu !

Autre surprise, sans doute d’ailleurs plus grande encore, avec la victoire de Mathilde Aurel (Judo Lons 64) en -44kg. Une combattante qui n’est que cadette deuxième année et qui a été pesée hier soir à 38.9 kg !
Championne de France en -40kg l’année dernière, cette judoka du pôle espoirs de Poitiers participait pour la première fois à une compétition juniors… qu’elle gagne en battant Doussou Diabaté, combattante plus grande, plus âgée et avec une vraie belle posture. Un kata-guruma fera la différence en faveur d’Aurel qui domine cette année en -40kg dans sa catégorie d’âge (victoire au Super Excellence de Dijon et médaille d’argent à la coupe européenne d’Espagne il y a peu). Une judoka pour le moins étonnante !

Ce soir le FLAM 91 prend la tête avec deux titres, devant le DAN 79 (une médaille d’or, une de bronze).
Mention spéciale en forme de chapeau bas à l’Alliance Grésivaudan Judo (Isère) de Nicolas Chansseaume, Olivier Cano et Cédric Revol (sur la chaise pour Eliot Prève ce samedi) qui récolte quatre médailles ce samedi : une d’argent et trois de bronze. Ajoutés à cela deux cinquièmes places et vous avez le superbe accomplissement d’un travail de formation de qualité et régulier.