Le club alsacien s’impose à l’OM Judo en finale

L’ACS Peugeot Mulhouse, vainqueur de la compétition féminine. Crédit photo : EDJ

Retour à l’Institut du Judo ce dimanche pour les équipes juniors.
Une compétition à l’ambiance souvent survoltée voire éruptive tant certains tours furent âpres, indécis et donc prenants. Et la chance, comme hier chez les cadets, d’assister à deux finales qui se jouèrent sur le dernier combat. Chez les filles, l’ACS Peugeot-Mulhouse finit victorieuse devant l’OM Judo. Et chez les garçons ? Sucy Judo, dans une finale 100% francilienne, bat le FLAM 91.
Retour sur une journée qui rappelle à quel point les « équipes » en judo sont un événement excitant à vivre et à suivre. Alors pour les amateurs, sevrés d’images aujourd’hui, voici un bilan qu’on espérera susceptible de combler, au moins partiellement, leur frustration avec pour commencer les féminines.

Le ne-waza décisif de Juliette Tarting (OM Judo)

Ce matin, quatre équipes faisaient office de prétendantes sérieuses à la victoire : ACS Peugeot Mulhouse, FLAM 91, Nice Judo et l’OM Judo.
Le sort plaçait ces trois dernières dans le second demi-tableau et offrait assez vite dans la journée un explosif FLAM 91/OM Judo. L’occasion de revoir sur le tatami Romane Dicko en action. Opposée à Chloé Nezar en +70kg, la championne de France seniors 2016 cherchait à son habitude le « pion » avec son harai-goshi désormais bien identifié. Si la Marseillaise ne tombait pas, l’activité incessante de la championne d’Europe cadette faisait monter sûrement et inexorablement les pénalités pour un hansoku-make logique.
En -52kg, montaient alors sur le tatami deux combattantes qui, avec Anaïs Mosdier, formaient un trio plein de talents qui sévit chez les cadettes (en -48kg) jusqu’à septembre 2015, Blandine Pont et Coraline Marcus-Tabellion. Deux jeunes femmes pour deux dynamiques divergentes : la première revient à la compétition après un an d’absence, suite à une rupture des ligaments croisés à Rouen lors des championnats de France 1re division. La seconde vient de finir à une très belle deuxième place à Montbéliard chez les seniors. L’avantage à Tabellion ? Le début de combat semble le laisser penser. Sur un ko-uchi-gari soudain et parfaitement le temps, Pont tombait pour un joli « koka ». La Marseillaise tentait le coup dur avec son o-soto-gari mais trouvait l’ouverture sur un redoublement de tsuri-komi-goshi ! Lancé une première fois, Marcus-Tabellion le bloquait bien mais se relâchait légèrement après alors que la Marseillaise relançait en insistant, se sentant sans doute bien placée. Le déséquilibre était trouvé…waza-ari ! Une valeur pour la victoire et le 1-1.
En -57kg, Sarah Harachi se montra, avec son attitude d’un calme olympien parfois déconcertant, d’une patiente payante. Menée rapidement d’un yuko sur un ko-uchi-gari très classique de Margaux Silvestri, la médaillée mondiale juniors 2015 trouvait sans s’affoler la faille sur un joli harai-goshi pour ippon. Ne manquait alors qu’une victoire à l’équipe de Pénélope Bonna. Qui n’arrivera pas. La faute à Pauline Barruchi, qui remplaça ce matin Romaine Rambot, pas au poids. Vainqueur à Saint-Pétersbourg, cette dernière fait partie de ces combattantes qui donnent une vraie densité, avec Clémence Emé, Yasmine Horlaville ou Manon Deketer à la catégorie des -63kg.
Une absence préjudiciable pour l’OM Judo ? Pas sur ce combat en tout cas ! Accrocheuse et guerrière, Pauline Barruchi, dans un combat très (très) intense, réussit à placer un o-goshi suivi au sol pour la victoire. Et c’est Juliette Tarting, championne de France juniors en mai à Lyon en -70kg, qui enverra l’OM en demi-finale en « piquant » Alexia Vega au sol. Le ne-waza ? Une arme que la Marseillaise avait déjà su parfaitement optimiser à Lyon pour son titre et qui conclue un ¼ digne d’une finale.

La fragilité d’une décision arbitrale

À peine le temps de souffler et c’est une demi-finale méditerranéenne entre Nice Judo et l’OM qui s’offre aux spectateurs. Une équipe féminine chez Nice Judo ? C’est nouveau…et costaud avec notamment Gaétane Deberdt (championne de France 2016 en -52kg), Chloé Dollin (championne de France 2016 en -78kg et 5e Montbéliard) et pour l’occasion Anaïs Mosdier (ADST Judo), championne de France -48kg et déjà vice-championne de France 1re division !
Combattant aujourd’hui en -52kg, cette jeune Varoise au style faussement indolent mais aux impacts très tranchants retrouvait pour un combat décisif sa meilleure adversaire chez les cadettes, Blandine Pont. Avant elles, Margaux Silvestri (OM), Maryline Louis-Sydney (Nice), Marina Olarte (OM) et Chloé Dollin (Nice) s’étaient imposées. Un combat entre deux judokates offensives et qui se connaissent par cœur. Les premières banderilles sont posées par Mosdier avec son joli morote-seoi-nage. Pont réagit avec une tentative d’o-soto-gari. Mais la première partie du combat est légèrement dominé par la Varoise. C’est à mi-combat qu’intervient le tournant du match. Sur une sortie de tapis des deux combattantes, l’arbitre décide de pénaliser la seule Mosdier. Un shido lourd de conséquences puisque rien ne changera au tableau, envoyant l’OM en finale. Une des décisions arbitrales de la journée qui fit parler. Et pas seulement les entraîneurs. Ce combat comme cette demi-finale méritaient mieux qu’un shido pour se conclure. Devaient-elles être sanctionnées toutes les deux ? Ou pas du tout ? Cette décision rappelait les sanctions distribuées à Rio, pour uniquement « faire le décalage » et sans discernement sur le déroulé et l’histoire, à chaque fois singulière, d’un combat de judo. Ce combat méritait de se décider par le judo. Dommage.

Le sens tactique de Marine Giraud

Et Mulhouse ? Avançant tranquillement mais avec assurance et ambition, l’équipe coachée par Céline Lebrun arrivait en finale sans vraiment de difficultés rencontrées lors des tours précédents. En demi-finale, les Mulhousiennes infligeaient un cinglant 5-0 aux combattantes de l’Association Judo Besançon-Dijon. Cette fraîcheur allait-elle être un avantage face à une équipe de l’OM Judo qui sortait d’un quart et d’une demi tendus, usantes, mais propices aussi à se mettre dans les meilleures conditions psychologiques ? Les deux premiers combats infirmaient l’hypothèse. Dans un combat d’une intensité incroyable, Marina Olarte gagnait d’un yuko face à Agathe Devitry. Incontestablement la « baston » du jour chez les filles : bagarre furieuse pour placer les mains et très grosse intensité de l’affrontement. Pas de calculs et un gros cœur. Chloé Nezar offrait le deuxième point à l’OM grâce à son harai-goshi. Face à une autre gauchère, Fiona Gratton, Nezar marquait deux fois : yuko puis un joli ippon. 2-0. Le titre allait-il enfin rejoindre la Canebière, le Vieux-Port et la Bonne Mère ? Noémie Brochot retardait le sacre avec un juji-gatame très opportuniste sur Blandine Pont avant que Lisa Marchese ramène les deux équipes à égalité après un combat électrisant face à Margaux Silvestri, qui varia habilement entre sutemi (yoko-tomoe-nage) et « coups de patte » (ko-soto-gake). Résultat ? Un petit shido d’avance pour la Marseillaise jusqu’à…dix secondes de la fin. Moment auquel elle se faisait à son tour sanctionner pour non-combativité. Au golden score, fatigue et peur de la faute étaient patentes. Mais alors que Marchese était proche d’une nouvelle pénalité qui aurait pu tomber, elle lançait un ko-soto-gake au niveau du genou de Silvestri qu’elle déroulait pour waza-ari ! 2-2 ! Comme la veille, la victoire se jouerait sur le dernier combat. Marine Giraud d’un côté, Pauline Barruchi de l’autre. Pour devenir l’héroïne de son équipe. Finalement, c’est la première qui aura cette joie. Car concentrée et appliquée, la Mulhousienne a su respecter un schéma tactique claire : « choper » la manche droite de Barruchi pour l’empêcher de monter son bras directeur. Une consigne qu’elle respecta scrupuleusement, sans dévier. Annihilant par la même toute tentative d’attaques fortes, Giraud prenait l’initiative et faisait sanctionner par deux fois la Marseillaise. 3-2 score final. Cris et pleurs (de joie) d’un côté. Silence et pleurs (de tristesse) de l’autre. Menée 2-0 l’ACS Peugeot Mulhouse est revenue de loin. Julia Tolofua, pouvait lâcher ses béquilles pour partager la joie de ses copines de club. L’exploit est bien là.

En bronze on retrouve très logiquement Nice Judo et FLAM 91. Les pronostiqueurs du matin avaient donc bien vu juste.