Les garçons terminent 5ème, le Japon fait le doublé

L’équipe de France, une jolie médaille de bronze autour du cou. Crédit : Antoine Frandeboeuf

Les filles à l’honneur

Épreuve désormais traditionnelle lors des championnats internationaux, la compétition par équipe a une nouvelle fois souri aux cadettes tricolores.
Déjà en bronze à Sofia, l’équipe coachée par Lucie Decosse réédite cette belle performance en prenant le meilleur sur la Serbie. Anaïs Mosdier (-48kg), Blandine Pont (-52kg), montée de catégorie pour l’occasion et Marine Giraud (-57kg) apportent les trois premiers points nécessaires, qui plus est de manière convaincante.
Seulement battues par le rouleau-compresseur japonais en demi-finale, les Tricolores pouvaient exulter à la manière d’Usain Bolt après l’obtention de cette nouvelle médaille par équipe composée, outre des trois jeunes filles déjà nommées, de Lydia Boudouaia (-52kg), Alexia Vega (-63kg), Dorine N’Tchampo (+63kg) et Sarah Ponty (+63kg).

Crédit : Antoine Frandeboeuf

Les garçons, eux, reviendront de Bosnie-Herzégovine sans doute frustrés, malgré un parcours très honorable. Vainqueur des Brésiliens en tableau et des Mongols en repêchage, battus par les jeunes Géorgiens coachés par le champion olympique de Pékin, Irakli Tsirekidze, en ¼ de finale, les jeunes pousses entraînés par Bruno Mure, s’inclineront face aux Ouzbeks lors du dernier combat et la défaite de Paul Devos (+81kg) face à un adversaire adepte des arrachés. Rageant.

Crédit : Antoine Frandeboeuf

Le Japon, lui, s’impose sans avoir été mis en danger, aussi bien chez les garçons que chez les filles, Genki Koga (-60kg), Mai Umekita (-48kg) et Kana Tomizawa (-52kg) jouant parfaitement leur rôle de locomotive. La Russie chez les masculins et la Croatie chez les féminines finissent en argent.

Les garçons japonais. Crédit : Antoine Frandeboeuf

Une seule médaille pour la France : Est-ce inquiétant ?

A l’heure du bilan, l’équipe de France finit donc avec une unique médaille de bronze, obtenue par Anaïs Mosdier et trois 5ème places.
Déjà 3ème aux championnats d’Europe à Sofia, la Varoise de l’ADST Judo clôt donc une saison qu’elle aura connu ascendante : en bronze au Tournoi de France à Cannes au début de l’année, vice-championne de France à Ceyrat, elle performe lors de son unique sortie internationale à Bielsko Biala (Pologne) en remportant ce tournoi. Une victoire qui lui ouvre les portes de la sélection pour Sofia où elle fera partie des trois médaillées françaises, avec Dorine N’Tchampo (-70kg, JCMB) et Sarah Ponty (+70kg, Sporting Marnaval).
Ici à Sarajevo, elle ne s’incline que contre la future vice-championne du monde hollandaise en demi-finale lors d’une journée où l’on aura pu apprécier son judo technique, basé sur morote-seoi-nage et un ko-uchi-makkikomi qui aura fait beaucoup de dégâts, le tout au sein d’un système d’attaque bien en place. Seule judokate à réussir la performance d’être médaillée aux Europe et aux Monde, la future pensionnaire du Pôle France Marseille peut désormais penser à des vacances bien méritées, le devoir accompli avec ce podium mondial mérité, à la vue de ce qu’elle aura (dé)montré sur la journée et sur ses dernières sorties.
 

Anais Mosdier en action. Crédit : Antoine Frandeboeuf

Notons aussi les trois 5ème places de Shirine Boukli (-44kg, JC Aramon), Blandine Pont (-48kg) et Lydia Boudouaia (-52kg, JC 42).
Les deux dernières avaient déjà fini à cette même place il y a un mois à Sofia, Boukli terminant elle, 7ème. Un résultat sans aucun doute frustrant mais qui montre que ces trois jeunes femmes ne sont pas loin du top niveau mondial.
Dans le détail, cette 5ème place clôt tout de même une saison extrêmement riche pour Boukli puisque cette dernière finit double championne de France (cadette et junior), alors qu’elle n’est que cadette 2ème année. Idem pour Pont, qui avait glâné à Ceyrat son 3ème titre de championne de France cadette et le bronze chez les juniors à Lyon au national, tandis qu’elle s’imposait en Espagne et finissait 2ème en Croatie, derrière l’une des grandes absentes de ces championnats du monde, la slovène Stangar.
Avec Mosdier, Pont et Coraline Marcus-Tabellion (ADJ 21), titré aux FOJE à Tbilissi, la France possède un potentiel dans la catégorie des -48kg prometteur pour la suite. On a déjà hâte de les voir évoluer en juniors.
Chez les garçons, le constat est assez cruel si on ne prend en compte que les résultats bruts :
aucun n’est classé, même si l’on remonte jusqu’à la 7ème place. Plus inquiétant peut-être, pas un seul des jeunes pousses tricolores ne remportent plus d’un combat.
Côté face, certains rencontrèrent très tôt dans la compétition de gros « clients », futurs médaillés voire champions du monde, comme Yanis Bekhtaoui (-55kg, JC Vert Galant Tac), Reda Seddouki (-60kg, FLAM91), Sofiane Ait Mohamed Amer (-81kg, JC Cheminots Lunel) ou Paul Devos (-90kg, Eure Judo), le tout dans des catégories plus denses que chez les féminines.

Ces championnats du monde marquent-ils donc un échec ?

Petit exercice de dialectique.
OUI. Si l’on aime juger d’une compétition essentiellement à l’aune de chiffres et de classements, alors oui c’est le cas. La France finit 20ème nation, devancée par des pays comme la Lettonie ou la Finlande. A Miami, la France avait finit au 5ème rang (et au 3ème pour celui du nombre de médailles) avec cinq breloques : une or (Marie-Eve Gahié), deux argent (Inès Prévot et Morgane Duchêne) et deux bronze (Sarah Harachi et Messie Katanga). Autre statistique cruelle, celle citée plus haut concernant l’incapacité des garçons à passer plus d’un tour. Difficilement acceptable pour une nation phare du judo mondial. 
NON. Contrairement à d’autres pays, la France ne fait pas de ces championnats du monde cadets une priorité en terme de résultat se focalisant plus sur la volonté de s’enrichir de l’expérience vécue et en retenir les points positifs pour être performant en juniors et en seniors.
La course à la médaille et au résultat, à un moment où les jeunes judokas sont en pleine période de croissance physique (certains n’ont que 14 ans), de structuration et d’enrichissement de leur bagage technico-tactique est une vision pouvant donner l’impression d’être à courte vue.
SYNTHESE. Si il est toujours rassurant, logique voire indispensable pour certains de figurer en bonne place au niveau des médailles quelle que soit la compétition internationale quand on parle de la France, « fille ainée » du judo de par son nombre de licenciés et de ses structures, la catégorie cadets répond à des logiques somme toute différentes, liées entre autres à des questions de maturité physique et de bagage technique. Des manques qui peuvent expliquer le résultat très moyen à Sarajevo. Mais qui n’ont rien de rédhibitoire tant on peut dire que « tout commence » à partir de cette catégorie d’âge.

Le Japon en pôle, l’Europe continent dominant

Sans surprise, le Pays du Soleil-Levant finit meilleure nation à 7 médailles (4 or, 1 argent, 2 bronze), devant la Russie (2 or, 1 argent, 6 bronze) et la Hollande (2 or et 1 argent).
Une 1ère place obtenue avec 14 combattants (7 filles, garçons). Aucune catégorie n’était doublée et il n’y avait pas de nippons en -40kg et -50kg. Les filles japonaises cartonnent avec six combattantes sur 7 dans les cinq premières. Seule la -48kg n’est pas classée, à cause d’un hansokumake critiquable. Plus que les performances d’un Koga ou d’une Tomizawa, on retiendra la volonté permanente chez les japonais de rester fidèles à un judo ouvert et d’attaque, faisant souvent craquer leurs adversaires avec une technique encore perfectible, mais très au-dessus du niveau global de ces championnats du monde.
La base « judo » est encore (toujours, a-t-on envie de dire) bien là chez les combattants nippons. Certains combattants donnant l’impression d’être des diamants bruts qui ne demandent qu’à être polis.

Genki Koga. Crédit : Antoine Frandeboeuf

Kana Tomizawa. Crédit : Antoine Frandeobeuf

Enfin, au niveau continental, l’Europe écrase la concurrence avec 10 médailles d’or sur 16 possibles.
Notons les remarquables performances de Daria Bilodid (-44kg, Ukraine) et Denislav Ivanov (-55kg, Bulgarie) qui font le doublé Europe/Monde.