Place au troisième jour de compétition à la Humo Arena. © Paco Lozano / L’Esprit du Judo

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Les résultats du jour et les tableaux complets des six premières journées ici

Les leçons de Tashkent, épisode 5

« Hajime », le podcast de L’Esprit du Judo – qui se met en mode quotidien pendant une semaine – vous livre son analyse de cette sixième journée des championnats du monde. Malonga et Liveze rapidement hors jeu, deux nations allaient récidiver pour les ors du jour : le Brésil de l’éternelle Mayra Aguiar et l’Ouzbékistan de la pieuvre Muzaffarbek Turoboyev… C’est à écouter maintenant !

Les quatre infos du jour

15h00. -100kg : Incroyable Turoboyev !
Il ne devait plus lui rester grand chose dans le judogi lorsqu’il décida d’abattre une énième fois son interminable bras droit sur la ceinture du Canadien Kyle Reyes, parfait dans sa posture classique, pour casser la distance et tenter un ko-uchi-gari qui faisait rugir de plaisir la Humo Arena après cinq minutes de combat. Turoboyev, deux pénalités au compteur après trois minutes, aurait même pu recevoir la troisième devant l’ascendant que prenait au kumikata le Canadien, malin de son côté pour verrouiller et viser une double sanction qui pouvait le faire devenir le premier champion du monde masculin pour le Canada. L’arbitre italienne ne bronchait pas et l’instinct de survie de l’Ouzbek entrait alors en action après une minute de golden score. Avec ses deux médailles d’or, le pays hôte grimpe au troisième rang des nations, doublé d’une médaille de bronze par le Brésil porté aux sommets par Aguiar ce mardi.
Comme en 2019 à Tokyo, on retrouvera également sur la boîte le Néerlandais Korrel, astucieux pour crocheter pour waza-ari un Ilia Sulamanidze qui puisait alors dans ses dernières ressources pour tenter de l’arracher et de forcer la décision dans cette première petite finale. Zelym Kotsoiev l’accompagnera pour la première fois de sa carrière, lui qui cumulait jusque-là l’argent mondial cadets (2015) et l’or mondial juniors (2017). Joli collection pour l’Azerbaïdjanais, qui transformait son o-soto-gari en makikomi pour tromper la vigilance du Belge Toma Nikiforov peu après la mi-combat (waza-ari).


14h30. -78kg : Mayra Aguiar voit triple !
Après 2014 et 2017, Mayra Aguiar, triple médaillée de bronze olympique, s’offre une nouvelle couronne à la hauteur de sa légende encore bien vive. De la génération d’avant, celle des Kayla Harrison, Akari Ogata, Ruika Sato, Marhinde Verkerk ou encore Audrey Tcheumeo, la Brésilienne est toujours là, et l’a bien fait comprendre à la Chinoise Zhenzhao Ma, qu’elle envoyait au tapis sur l’arrière, par un coup de patte à mi-chemin entre tani-otoshi et ko-soto-gari, dès la première séquence. Pas le ippon escompté, mais un avantage que son expérience allait bonifier jusqu’au gong final. Immense Aguiar !
Auparavant, la jeune Yelyzaveta Lytvynenko avait gratifié l’assistance d’un sasae-tsuri-komi-ashi magistral pour disposer, excusez du peu, de la championne olympique Shori Hamada en une vingtaine de secondes, avant que la Polonaise Beata Pacut-Kloczko ne fasse elle aussi admirer sa science du ne-waza en triturant dans tous les sens l’Allemande Alina Boehm jusqu’à l’immobilisation après l’avoir amenée au sol en marquant un premier waza-ari sur uchi-mata. À la Polonaise le dernier mot dans ce duel opposant les deux dernières championnes d’Europe de la catégorie.

12h. Ce qu’il vous reste à vivre ce mardi (à partir de 14h heure française)
-78kg
Finale :
Mayra Aguiar (BRA) / Zhenzhao Ma (CHN)
Combats pour le bronze :
Shori Hamada (JPN) / Yelyzaveta Lytvynenko (UKR)
Beata Pacut-Kloczko (POL) / Alina Boehm (GER)
-100kg
Finale :
Kyle Reyes (CAN) / Muzaffarbek Turoboyev (UZB)
Combats pour le bronze :
Ilia Sulamanidze (GEO) / Michael Korrel (NED)
Toma Nikoforov (BEL) / Zelym Kotsoiev (AZE)

11h55. -78kg : Deux tapis, deux timings
Dans la première demi-finale, la Brésilienne Mayra Aguiar optait pour l’option « prise d’ascendant directe » en plaçant un harai-goshi rasant au bout d’une dizaine de secondes, qui lui offrait un waza-ari d’avance que l’Allemande Alina Boehm ne sera jamais en mesure de remonter. Dans la seconde, c’est en toute fin de combat que la Chinoise Zhenzhao Ma, triple vice championne d’Asie, terrassait la toute jeune Ukrainienne Yelyzaveta Lytvynenko, sacrée championne d’Europe juniors il y a moins d’un mois du haut de ses dix-huit ans, sur un ko-soto-gari rageur. Troisième affrontement à venir entre la Sud-Américaine et l’Asiatique, alors que leur face-à-face affiche une égalité 1-1 après leurs deux affrontements de 2018 (victoire d’Aguiar au troisième tour des mondiaux de Bakou, victoire de Ma en quarts au Grand Prix de Hohhot).

11h35. -100kg : Reyes/Turoboyev, qui l’eût cru?
L’immense Muzaffarbek Turoboyev, que le public français avait pu voir en action à l’AccorArena en février dernier pour sa troisième médaille en Grand Chelem, aura étouffé le champion d’Europe néerlandais Michael Korrel. En ne lâchant jamais la manche, même lorsque le Batave parvenait à ramener son bras tout contre lui, chaque tentative de makikomi s’avérait dangereuse, pour un premier waza-ari puis un second dans une forme se rapprochant davantage d’uchi-mata. L’Ouzbékistan réussit à nouveau son pari ! Pour passer à deux titres et se retrouver dauphin du Japon (qui ne fera pas mieux que du bronze par Shori Hamada qui vient d’exécuter en repêchages la tenante du titre Anna-Maria Wagner sur un magnifique o-uchi-gari avec le bras droit en poussée sur l’épaule droite adverse pour plus d’impact), à Turoboyev de parvenir à conclure en beauté cette journée face au Canadien Kyle Reyes, qui rééditait sa performance de son quart : mené, il s’engageait à fond sur son o-uchi-gari, tout en changeant de direction pour faire chuter l’Azerbaïdjanais qui tentait l’esquive et le coincer en hon-gesa-gatame.

11h15. -78kg : Le programme des demi-finales
Alina Boehm (GER) / Mayra Aguiar (BRA)
Zhenzhao Ma (CHN) / Yelyzaveta Lytvynenko (UKR)

11h. -100kg : Le programme des demi-finales
Zelym Kotsoiev (AZE) / Kyle Reyes (CAN)
Muzaffarbek Turoboyev (UZB) / Michael Korrel (NED)

10h55. -78kg : Sale temps pour les têtes couronnées
Comme en -100kg, le dossard rouge de championne du monde des -78kg changera de judogi en fin de journée, Anna-Maria Wagner ayant elle aussi failli dans la défense de son titre. La faute à qui? Sa compatriote Alina Boehm, sacrée championne d’Europe au printemps, qui a parfaitement mis sous l’éteignoir sa partenaire en forçant la double moulinette alors qu’elle avait été sanctionnée une fois de moins que Wagner. Pas spectaculaire mais diablement efficace. Le spectacle était en revanche au rendez-vous du combat suivant, lorsque que la championne olympique Shori Hamada, ressortant d’une tentative d’uchi-mata, se faisait balayer les deux jambes par la Brésilienne Mayra Aguiar, en course pour une septième médaille mondiale, voire même un troisième titre après 2014 et 2017 si tout se présente bien pour elle.

10h45. -100kg : Le gros coup de Reyes
Mené par le Géorgien Ilia Sulamanidze, champion du monde juniors et médaillé en seniors l’an passé, en décollant sur un uchi-mata quasi parfait, le Canadien de vingt-neuf ans, repart sous les radars depuis les Jeux de Rio, sortait de sa poche un o-uchi-gari en bordure qu’il assénait avec d’autant plus de conviction qu’il enchaînait en immobilisation pour s’inviter en demi-finale. Il y retrouvera l’Azerbaïdjanais Zelym Kotsoiev, tombeur de la tête de série n°1, le tenant du titre Jorge Fonseca.

9h35. -78kg : Malonga sortie aussi !
Que se passe-t-il côté français ? Championne du monde 2019 et vice championne olympique, Madeleine Malonga a cédé dès son premier tour face à la Coréenne Hyunji Yoon. Une combattante certes cinquième des Jeux olympiques, celle-là même qu’elle avait battue en demi-finale des JO et qui ne lui convient guère, mais qui n’a pas montré grand chose sur ce combat, hormis une capacité à contenir la Française. Sa traditionnelle main droite forte dans le dos pour lancer sa jambe droite à l’intérieur, Madeleine Malonga débutait le combat dans un faux rythme, sur un schéma qu’elle ne parvenait pas à varier. Les deux combattantes pénalisées une première fois après quarante-cinq secondes, la jambe de « Mado » Malonga qui revenait entre celles de Yoon qui ne cherchait que le ura-nage, avant d’imposer à son tour son fort kumikata. Une étreinte comme une chape de plomb, dont peinait à sortir la Française et on attaquait le golden score à deux shidos partout après une double pénalité pour non combativité. La guerre d’usure physique allait se terminer de manière terrible pour la Française par une troisième pénalité après plus de quatre minutes de golden score. Hansokumake sans avoir jamais vraiment trouvé un moment pour exprimer le judo qu’on lui connaît.

9h25. -100kg : Liveze battu
Sans médaille masculine pour le moment, l’équipe de France -et nous aussi- aurait bien vu un exploit de Kenny Liveze aujourd’hui dans la dynamique de ses championnats du monde juniors. Las, face au Turc Sismanlar, il n’a fait que subir le combat, pénalisé trois fois, notamment la dernière sur une sortie de tapis où il manque de vigilance. Trop facile pour le Turc qui règle la question en quatre minutes sans avoir eu besoin de faire grand-chose.

8h25. -100kg : Liveze assure
Entrée en matière parfaite pour le récent champion du monde juniors : quarante secondes et Kenny Liveze lance son sumi-gaeshi pour ippon face au Syrien Adnan Khankan. Un combattant modeste, mais c’est assurément bon pour la confiance. Le prochain tour ? Ce sera face au Turc Sismanlar.

7h55. Au menu du jour: -78kg et -100kg
Bonjour à toutes et tous, avant-dernier jour de compétition individuelle ici à Tashkent. Ils est quasiment 11h et vont bientôt débarquer dans l’arène les -78kg et les -100kg. Côté tricolore, les jours pairs ayant davantage porté chance, avec le bronze d’Amandine Buchard le 7 et celui de Manon Deketer le 9, de solides espoirs reposent sur Madeleine Malonga et Kenny Liveze en ce 11 octobre. Notre analyse de leur tirage :

Champion du monde cadets (2019) et désormais juniors (2022), Kenny Liveze (ACBB Judo), l’autre ACBB Boy, connaîtra donc sa première titularisation chez les « grands ». Un -100kg au riche palmarès dans les catégories jeunes et qui écrira ce mardi, à Tashkent, les premières lignes de son expérience internationale en seniors. Au premier tour, le jeune Tricolore (dont vous pouvez retrouver l’interview dans l’Esprit du Judo actuellement disponible) rencontrera Adnan Khankan, Syrien qui combattra sous bannière de la FIJ. Un combattant de vingt-huit ans, 175e mondial et classé septième à l’open européen de Roumanie début juillet. De quoi entrer idéalement dans sa compétition.
Mais voilà. À l’image des -81kg et -90kg, les -100kg sont une catégorie où la densité et la diversité des talents effraient. Dès les seizièmes de finale, Liveze retrouverait le Turc Mert Sismanlar, deuxième à l’open autrichien d’Oberwart il y a peu. Style rugueux et tout en corps-à-corps. En huitièmes, le niveau montera crescendo avec le jeune Géorgien, excellent pianiste à ses heures perdues, Ilia Sulamanidze. Médaillé mondial seniors 2021, cinquième au Grand Chelem de Tbilissi et en argent au Grand Prix de Croatie cette saison, cet excellent judoka est âgé d’à peine un an de plus que le Français. De la même génération (Sulamanidze fut champion du monde juniors en 2021), le vainqueur de ce possible affrontement arrivera alors en quart de finale, probablement contre la montagne israélienne, Peter Paltchik, deuxième à Paris en février et troisième à Tel Aviv et Oulan-Bator. Une course où les obstacles seront donc grandissants à chaque étape. Mais Kenny Liveze est sur une dynamique formidable et sans pression. Tout est possible !
Même sans Niyaz Ilyasov et Arman Adamian, les deux Russes de cette catégorie, le tableau proposé donne le vertige. Mention spéciale au premier quart de tableau : Jorge Fonseca (champion du monde en titre et médaillé olympique), Kentaro Iida, troisième à Paris et vainqueur en Hongrie, aussi insolent de facilité de technique qu’il peut être agaçant de désinvolture, Simeon Catharina, cinquième des championnats d’Europe, ou Daniel Eich, judoka suisse remarquable de progression, en bronze lors de l’événement continental 2022 !
Et puis ? Il y aura aussi le Belge Toma Nikiforov, le Canadien Shady El Nahas, l’Espagnol Nikoloz Sherazadishvili, le Néerlandais Michael Korrel, champion d’Europe, le revenant géorgien Varlam Liparteliani, et ceux déjà cités. Un niveau irréel où le suspens est total.

Vice championne du monde puis vice championne olympique dans la foulée, Madeleine Malonga (ES Blanc-Mesnil Judo) tentera demain d’aller chercher un second titre mondial, après celui magnifiquement obtenu il y a trois ans au Nippon Budokan de Tokyo.
Médaillée de bronze à Paris et aux championnats d’Europe, victorieuse à Oberwart, la -78kg et ses uchi-mata, tête de série n°2 demain, aura un premier tour piégeux face à la Coréenne Hyunji Yoon, cinquième à Paris, victorieuse lors du Grand Prix du Portugal en début d’année et cinquième aux JO. Malonga reste sur une victoire dans leur duel. C’était à l’AccorArena début février pour le bronze, lors d’un combat gagné aux pénalités. Puis, au choix, la Chinoise Ma Zhenzhao, troisième des Jeux d’Asie, ou la Britannique Emma Reid, cinquième aux Grands Chelems de Budapest, Paris et au Grand Prix du Portugal. Le quart possible pourrait ensuite voir la Française retrouver la Polonaise Beata Pacut, en or à Tel Aviv et cinquième au Portugal cette saison. Une cliente.
Dans la logique des choses, la demi-finale serait alors contre l’Israélienne Inbar Lanir, en argent à Oulan Bator, à Budapest puis à Zagreb. Du copieux physiquement.
Shori Hamada et Anna-Maria Wagner, les deux concurrentes de Malonga en finale des mondiaux et des JO 2021, sont dans l’autre partie de tableau. Tout comme l’Italienne Alice Bellandi, en bronze aux championnats d’Europe et au style parfaitement adapté à l’arbitrage actuel, ne cessant jamais d’être active, aux risques de fausses attaques, ou l’autre Allemande, Alina Boehm, championne d’Europe au printemps.
Hamada et son ne-waza quasiment incontrable viendront-ils à bout de l’armada européenne ? La puissance de Wagner, au style très proche de celui de Malonga, lui permettra-t-elle de faire le doublé ? Malonga mettra-t-elle tout le monde d’accord ? Mystère et suspens.