Pas de retard à l’allumage pour les Nippons
Deux catégories doublées, et déjà trois médailles, dont les deux titres. Et on est même passé pas loin d’une finale entièrement japonaise en -48kg. Le Japon a déjà posé une très belle main sur la table et raflé les mises. Pourtant, on ne l’attendait peut-être pas forcément à ce niveau de performance d’entrée, puisqu’il n’avait gagné aucune de ces deux médailles d’or en 2015, ni d’ailleurs en 2016 au Jeux. Quant à un doublé japonais chez les super-légers aux championnats du monde, il faut remonter à 1997, à Paris, pour en voir la trace, avec les illustres Nomura et Tamura-Tani. Cela situe ce qui vient d’être accompli ce lundi.
On attendait plutôt en -60kg le jeune Ryuju Nagayama, ultra-dominant depuis cet hiver, c’est le lutin Takato qui retouche l’or, comme en 2013, après des campagnes un peu insatisfaisantes pour un tel petit génie – deux médailles tout de même, dont une olympique. On attendait en -48kg le retour d’Ami Kondo, championne du monde 2014 à 19 ans, elle est arbitrée sévèrement contre la Mongole Munkhbat, et c’est Funa Tonaki, championne du monde juniors 2015, qui prend le relais. Eternelle puissance de feu japonaise…
Trois titres, en 2013, quatre en 2014, six en 2015… le Japon peut-il encore faire mieux en 2017 ? En tout cas, il ne pouvait pas mieux commencer.
On commence petit
Pour le reste… pas grand chose à se mettre sous la dent aujourd’hui. La catégorie des super-légères a été intéressante à suivre grâce à l’Asie qui balaye l’Europe en présentant non seulement les deux jeunes Japonaises, mais aussi la Kazakhe Galbadrakh et son ura-nage, la Mongole Munkhbat et ses terribles passages au sol, et même une Brésilienne d’origine japonaise Stefannie Arissa Koyama (elle vit et s’entraîne au Japon), qui faillit bien faire déraper le destin de Tonaki en lui marquant waza-ari. Mais la catégorie des -60kg a été plutôt faible et peu inspirée sur le plan du judo. On croise les doigts pour que ce ne soit pas la couleur générale de ces championnats du monde. On croise les doigts aussi pour que ce ne soit pas l’effet des changements dans l’arbitrage qui donne cette impression de fermeture dans les combats et de manque d’envolée. On notera au passage que la machinerie sophistiquée mise en place depuis quelques années, avec un arbitre central connecté à la table et sa caméra, a été incapable de voir et de juger un fauchage par l’intérieur porté à l’espoir italien Elios Manzi, qui ne s’en relevait pas, genou touché. Au temps des trois arbitres sans vidéo, une telle erreur aurait-elle été possible ?
Pas de médaille, mais de la dignité
La France aussi commence petit, ce qui n’est pas tout à fait une surprise pour cette journée, même si on rêve à chaque fois d’exploit. Bouillant au championnat d’Europe, Cédric Revol était sans doute un peu atteint par l’enjeu et sa prestation trop timide ne pardonnait pas contre un adversaire aussi copieux que le Kazakh Gusman Kyrgyzbayev, 18e mondial, sur lequel il allait voler en éclats, victime de son manque d’impact. Walide Khyar faisait en revanche un combat rassurant et plein contre le rusé renard de la steppe mongole Ganbat Boldbaatar, toujours sur un faux rythme, mais finalement dangereux jusqu’au bout par ses contres et sa qualité d’anticipation. Le Français semblait tenir le combat, comme au Master 2016 où il l’avait emporté contre lui, mais une erreur suffisait au Mongol pour marquer. C’est tout de même le signe que, si il manque de repères et de compétitions, il est de retour dans la course. Il y aura d’autres rendez-vous pour Walide Khyar.
Le meilleur parcours français du jour était celui de Mélanie Clément, qui gagne en autorité une nouvelle fois, même si elle est encore loin d’un podium de ce niveau. Son mérite aura été d’avoir écarté grâce à sa lucidité et sa discipline tactique – et bien coachée par Lucie Décosse – la Cubaine Melissa Hurtado Munoz, victorieuse au tour précédent de l’une des meilleures Européennes, la Hongroise Eva Csernoviczki. La frustration, c’est de la voir perdre une nouvelle fois contre la Russe Irina Dolgova, comme au championnat d’Europe, alors qu’elle l’avait battue au Grand Chelem de Paris. Bien en posture et sur les mains, il lui manque encore un peu de moyens de projeter. Et la leçon fut rude au sol alors qu’elle est d’une bonne école dans ce domaine, le Marnaval des Clerget. Malgré sa défense acharnée, elle se faisait vraiment malmener par la Mongole Munkhbat, implacable, et pire, la Russe Dolgova trouvait la solution d’un combat décisif et fermé en dégagement de jambe. Dommage. Jouer une place de trois mondiale, c’était ce que pouvait s’offrir Mélanie Clément aujourd’hui.