Entrées en lice de Mélanie Clément et Luka Mkheidze

FEMININES -48KG. Placée dans le troisième quart d’une catégorie forte de quarante-trois combattantes, Mélanie Clément doit gagner cinq fois pour aller au bout de ses deuxièmes championnats du monde, elle qui s’était classée 7e l’an passé à Budapest puis 5e en avril dernier aux championnats d’Europe de Tel-Aviv. Exemptée de premier tour, la n°8 mondiale de 26 ans entamera sa compétition soit face à la Burundaise Kezakimana, 15 ans et 3e des championnats d’Afrique cadettes en mai dernier, soit face à la plus jeune des sœurs Stangar, Marusa, 20 ans et 17e à la ranking. Victorieuse en mars dernier du Grand Prix de Tbilissi, la Slovène avait été dominée par la Française un mois plus tard en quart de finale en Israël… Si elle franchit l’obstacle, la Bragarde pourrait ensuite croiser sur sa route l’Israélienne Minsker, avant un probable quart de finale face à la championne d’Europe en titre, la Russe Dolgova, qui n’a perdu que deux combats depuis sa cinquième place aux championnats du monde de Budapest, ou l’Argentine Pareto, 32 ans, championne du monde 2015 et championne olympique 2016. Une cliente qui connaît d’autant mieux la musique qu’elle est sérieusement de retour aux affaires après une année consacrée à la validation de son internat de médecine.
Du podium 100 % asiatique de l’édition 2017, il ne manque cette année que la Japonaise Kondo, 3e à Budapest, à qui il a été préféré sa compatriote Tonaki… tenante du titre. Celle-ci n’aura pas de trop de sa science des liaisons debout-sol pour traverser un quart où elle pourrait croiser l’Israélienne Rishony, l’Ukrainienne Cherniak ou la Serbe Nikolic, n°5 mondiale et première féminine de l’histoire de son pays médaillée européenne en avril dernier. La suite ? Une possible demie explosive face à la Mongole Munkhbat, championne du monde 2013 et 2e en 2017.
Parmi les autres favorites, les projecteurs se braqueront sur le tableau piégeux qui attend l’Ukrainienne Bilodid. À 17 ans, la championne d’Europe senior 2017 (la deuxième plus jeune de l’Histoire, à 16 ans et 192 jours !), absente en 2018 pour s’être luxée la mâchoire à l’entraînement, n’a tout simplement plus perdu un combat depuis son élimination au 3e tour il y a un an à Budapest face à la Mongole naturalisée kazakhstanaise Galbadrakh, en bronze ce jour-là. Victorieuse depuis d’une Coupe d’Europe (Celje), de trois Grands Prix (La Haye, Tunis et Zagreb, fin juillet) et de deux Grands Chelems (Paris, Düsseldorf), la fille de Gennady Bilodid, lui-même champion d’Europe 2001 et 2003, pourrait retrouver sa bourrelle de 2017 dès son troisième combat. Encore faut-il pour cela qu’elle franchisse les probables obstacles constitués par la Kosovare Krasniqi, vice championne d’Europe en titre, puis la Chinoise Xiong ou l’Italienne Milani – l’une des deux seules à l’avoir battue depuis que le prodige d’1,72m a déboulé sur le circuit senior, il y à peine dix-sept mois.

MASCULINS -60KG À quelle sauce le jeune Luka Mkheidze sera-t-il mangé ? Ce n’est pas faire injure à ce jeune talent qui a su, déjà, emporté cette sélection à l’arraché, que de l’annoncer en complet outsider. Avec sa 71e place mondiale, il est en effet bien loin des grands leaders de cette catégorie des super-légers, loin aussi des meilleurs Français à la « ranking », Walide Khyar, 20e, mais blessé, Cédric Revol, 27e, auquel il a été préféré à la suite de l’Open de Biélorussie et tous les autres, Richard Vergnes, 40e, Vincent Limare, 46e, Vincent Manquest, 63e… Outsider, c’est le moins qu’on puisse dire, donc, mais aussi sur une bonne dynamique, avec une finale décisive sur ce fameux Open et des limites dont, finalement, on ne cerne encore pas du tout les contours. Jusqu’où peut aller Mkheidze ? C’est encore difficile à dire, et on a envie de le voir s’exprimer sur un tel rendez-vous en rêvant pour lui de pouvoir surprendre, qu’il fasse un gros truc. Un championnat du monde, ce n’est pas non plus le voyage de Dorothée au pays d’Oz et il faudra un peu plus à notre représentant que le concours d’un lion peureux et d’un épouvantail pour triompher des obstacles. Il aura, classement oblige, un adverse très copieux dès le début. Après un tour de chauffe sur le Nigérien Moctar Allassane, non classé et peu performant aux championnats d’Afrique, c’est au second tour qu’il fait cette mauvaise rencontre : Robert Mshivdobaze, Russe, champion d’Europe 2017 et n°2 mondial. En cas d’exploit, les probabilités l’amènent vers un quart de finale contre l’Ouzbek Sharafuddin Lutfillaev, n°8 mondial, l’homme qui l’avait nettement battu en finale de l’Open de Biélorusse. Un sacré challenge tout de même.
Pour le titre, le Japon a frappé fort en amenant dans son groupe à la fois le champion du monde en titre et le numéro un mondial, lesquels ne sont pas un seul et même homme. Le champion du monde, c’est Naohisa Takato, l’homme qui a gagné tous ses combats depuis deux ans, tandis que le n°1 mondial est le dernier homme a avoir battu Takato, Ryuju Nagayama, vainqueur d’un Grand Prix, d’un Grand Chelem et du Master en 2018. Le dernier homme à avoir battu Nagayama ? C’est Naohisa Takato.
Malgré tout, ils sont quelques uns à prétendre passer le barrage de ces deux micro-colosses, dont les deux adversaires potentiels de notre Français, le Russe Mshvidobaze et l’Ouzbek Lutfillaev. Un Ouzbek préféré à son rival Urozboev, troisième des Jeux 2016, des championnats du monde 2017 t des Jeux d’Asie 2018. Un sacré signe. Dans le demi-tableau qui contient déjà les deux Japonais – lesquels ne se rencontreront donc pas en finale — il y a un certain Beslan Mudranov, l’autre Russe de la catégorie, dont le dernier fait d’armes et d’avoir gagné les Jeux olympiques en 2016. Un gros client.
Chez lui, Orkhan Safarov sera encore plus dangereux que d’habitude. Et quand on sait qu’il a été cinquième aux Jeux et vice-champion du monde 2017… il faut suivre la flèche, et elle est montante.