Entrées en lice de Clarisse Agbegnenou et Alpha Oumar Djalo

FÉMININES -63kg. Clarisse ou Tina ? Tina ou Clarisse ? Les -63kg ont beau être 44 cette année sur la ligne de départ, il semble difficile d’échapper au super classico des quatre dernières saisons. Jugez plutôt : finale des championnats d’Europe de Montpellier en avril 2014 ? Clarisse Agbegnenou bat Tina Trstenjak. Finale des championnats du monde d’Astana en août 2015 ? Tina Trstenjak bat Clarisse Agbegnenou. Finale des Jeux de Rio en août 2016 ? Tina Trstenjak bat Clarisse Agbegnenou. Finale du Grand Chelem de Paris en février 2017 ? Tina Trstenjak bat Clarisse Agbegnenou. Finale des championnats du monde de Budapest en août 2017 ? Clarisse Agbegnenou bat Tina Trstenjak. Finale des championnats d’Europe de Tel-Aviv en avril 2018 ? Clarisse Agbegnenou bat Tina Trstenjak… Bakou 2018 sera-t-il l’écrin de leur dixième affrontement, le quatrième consécutif sur une finale planétaire ? Le tirage a rendu l’éventualité possible. Il reste quatre combats à chacune de ces deux duettistes avant d’éventuelles retrouvailles qui font saliver d’avance et la planète judo, et les intéressées elles-mêmes.
Pour la n°1 mondiale française, exemptée de premier tour tout comme sa rivale slovène, l’entrée en matière se fera en mode vigilance, soit face à la Chinoise Yang, 62e mondiale mais demi-finaliste l’an passé, soit face la Mongole Bold, n°22 à la ranking, 3e au Grand Chelem de Düsseldorf puis au Grand Prix d’Hohhot cette année. Le reste de son demi-tableau ? Hormis l’Allemande Trajdos il y a trois ans (à Bakou, déjà), qu’elle pourrait retrouver en demies si celle-ci parvient à se dépatouiller de clientes comme l’Autrichienne Krssakova, la Britannique Schlesinger ou la Slovène Leski (entraînée par Rok Draksic et vainqueur cette saison au Grand Chelem de Düsseldorf et au Grand Prix d’Agadir), aucune des filles sur sa route ne l’a jamais battue jusqu’ici. Et il ne faut pas compter sur la Campinoise pour laisser à l’une d’elles l’once d’un espoir d’infléchir cette statistique quasi immaculée.
Les choses sont différentes pour la n°3 mondiale slovène, et ceci pour deux raisons. D’abord parce que son demi-tableau a placé sur sa route la Japonaise Tashiro, n°4 à la ranking, qui mène 5-0 dans leurs tête-à-tête et a été préférée à ses compatriotes Nabekura (n°2 mondiale, victorieuse du Grand Prix de Zagreb en juillet et des Jeux d’Asie en août) et Nouchi (n°8 mondiale, victorieuse cette année du Grand Chelem d’Ekaterinbourg et des Grands Prix de Hohhot et de Budapest !). Ensuite parce que si elle aborde ce sommet de la saison avec un ratio inhabituel pour elle de quatre tournois consécutifs sans médaille d’or, l’observateur se souviendra de son sourire aperçu dans les couloirs de Tel-Aviv au lendemain de sa médaille d’argent. Battue la veille d’un balayage « basilesque » par sa grande rivale française, la championne olympique préférait retenir tout autre chose. En marquant un waza-ari sur un mouvement d’épaule en début de combat, l’élève du madré Marjan Fabjan – arrivé seulement vendredi à Bakou en compagnie de sa protégée – réalisait alors qu’il s’agissait au passage du tout premier avantage debout qu’elle parvenait à porter à la double championne du monde depuis la finale des mondiaux d’Astana, près de trois ans et quatre grandes finales plus tôt. Méthodique comme elle et son mentor le sont, il y a fort à parier qu’une bonne partie de sa préparation estivale aura été axée autour des espoirs suscités par cette avancée-là. Les effets sur son judo ? Ils devraient être visibles quelque part entre Bakou 2018 et Tokyo 2020… à moins que l’une des 42 autres combattantes de ce dimanche n’en décide autrement.

MASCULINS -81KG. Ils sont 65 à tenter ce dimanche de succéder à l’Allemand Wieczerzak, champion du monde surprise en 2017 longtemps tracassé par une inflammation de la symphyse pubienne et qui, retombé à la 37e place mondiale, n’a repris la compétition qu’au début de l’été (7e au Grand Prix de Budapest le 11 août). Parmi les prétendants déclarés, Alpha Oumar Djalo, 7e de ses premiers championnats d’Europe en avril dernier à Tel-Aviv, aura fort à faire s’il entend redonner à cette catégorie le lustre tricolore qui était le sien du temps pas si lointain des années Loïc Pietri et Alain Schmitt. Pour ce faire, le judoka de Chilly-Mazarin, 41e à la ranking, devra se défaire du Monténégrin Gardasevic, classé 144 places derrière lui. Derrière, le Kirghize Zoloev, 3e des récents Jeux d’Asie, ou surtout le Japonais Fujiwara, champion d’Asie 2017, vainqueur cette année des Grands Chelems de Paris et d’Ekaterinbourg et 3e du récent Grand Prix de Zagreb, constituent des opposants d’un tout autre calibre. Dans ce quart de tableau, le Belge Chouchi, vice champion d’Europe à Tel-Aviv, l’Égyptien Abdelaal, quadruple champion d’Afrique, le n°2 mondial néerlandais De Wit ou le surprenant Dominicain Del Orbe Cortorreal, en pleine bourre depuis quelques mois, seront plus particulièrement à surveiller.
Du côté des autres favoris, hormis les traditionnels outsiders venus de l’arrière propres à chaque grand raout international, les Russes seront particulièrement à surveiller après leur impasse en -73kg. Le champion olympique Khalmurzaev pourrait retrouver en quarts l’Israélien Muki, champion d’Europe en titre, tandis que le double médaillé européen Lappinagov devrait croiser la route du survivant d’un bloc épique comprenant le Mongol Otgonbaatar, vainqueur au Grand Chelem de Tokyo 2017, du Brésilien né au Japon Santos, champion panaméricain 2017, du Bulgare Ivanov, quart de finaliste des Jeux, de l’Italien Esposito, 3e à Tel-Aviv, et donc du champion du monde Wieczerzak… Parmi les autres épouvantails de la catégorie, l’Iranien Mollaei, 3e en 2017 et devenu depuis n°1 mondial, et le Coréen Lee, 5e en 2015 et n°24 à la ranking, rêvent de faire au moins aussi bien que leurs compatriotes Mohammadi et An, respectivement 3e et 1er en -73kg ce samedi.