1 septembre 2013 – Rio de Janeiro (Brésil)

Les filles en bronze, les garçons battus au premier tour.

Aux championnats du monde de judo par équipes 2013, à Rio, l’équipe masculine française est éliminée d’entrée par les Géorgiens, futurs vainqueurs. Les féminines sont battues par les Brésiliennes mais arrachent la médaille de bronze aux Néerlandaises. Le titre féminin est emporté par les Japonaises devant les Brésiliennes. Les Géorgiens battent les Russes en finale masculine.

À quelques shidos près, on aurait pu titrer ce papier, « la revanche des vaincus ». En effet, c’est une belle consolation que se sont offertes des Japonaises bien piètres dans la compétition individuelle : un titre mondial par équipes face à des Brésiliennes bien décidées à parachever leur flatteuse première place au classement des nations chez les féminines. Déterminées, avec un public juvénile en délire derrière elles, et emmenées par une Rafaela Silva toute auréolée de son titre de championne du monde, la « team » brésilienne commence à être vraiment impressionnante, comme avaient pu le vérifier les Françaises, battues sur le fil (voir les détails par ailleurs). Mais les Japonaises ont su faire groupe en s’encourageant par de vibrants « ganbate ! » et affirmer leur supériorité technique.

Russie, le problème géorgien
Grands vaincus des championnats individuels, les Russes semblaient en passe de faire de même chez les garçons. Efficaces toute la journée, ils menaient 2-0 en finale face aux redoutables Géorgiens, grâce à Gadanov, vainqueur du champion olympique Shavduatashvili, et Kodzokov, auteur d’un magnifique uchi-mata ken-ken sur Kevkishvili. Le titre paraissait déjà dans la poche russe et Ezio Gamba, assis au milieu de ses athlètes, aurait eu une belle récompense à ramener de Rio. Mais les Géorgiens ne lâchent jamais rien, surtout face aux Russes, et à coups de shido, Tchrikrishvili (face à Magomedov), Liparteliani (face à Denisov), et Okroashvili (face à Mikhayline), refaisaient le retard et triomphaient finalement, au grand dépit de l’équipe russe qui aura beaucoup perdu à Rio, et notamment son titre de champion du monde par équipes, obtenu en octobre 2012 à Salvador de Bahia. Un tenant du titre tombe en finale, l’autre confirme, car les Japonaises avaient gagné elles aussi au Brésil en 2012. Gamba repart avec peut-être quelques doutes, même si le manque d’investissement russe sur cette compétition était évident. Denisov battu deux fois par Liparteliani, Nifontov battu par Tchrikrishvili, Mikhayline battu par Okroashvili, l’équipe qui perd son titre face aux Géorgiens… l’accumulation commence à être agaçante pour le maestro.

Les Français en avaient sous le pied
Pour les Français, la compétition est frustrante. On sentait l’équipe masculine solidaire et forte. Elle avait récupéré un Larose performant – vainqueur lui aussi de Shavduatashvili – Teddy Riner poussait les troupes et aurait pu faire basculer tous les points décisifs en faveur de la France… mais les Géorgiens en hors d’œuvre, c’est tout de même indigeste. Ils étaient au-dessus, toujours plus forts, plus concentrés et performants en équipe que toutes les autres nations quand la fatigue des championnats individuels pèse sur les corps et les esprits. Quant aux féminines françaises, elles vont s’en vouloir. Malgré l’entrée des « jeunesses » Duport et Receveaux, qui perdent leur combat, elles auraient dû passer les Brésiliennes, Lucie Louette avait manifestement la solution tactique pour dominer Altheman dans le combat final, après le beau retour de Clarisse Agbegnenou et de Gévrise Emane, très fortes l’une et l’autre. Tel qu’il était là, ce groupe était taillé pour tenter sa chance en finale contre les combattantes japonaises.

Le Japon finalement
Le Japon ajoute aujourd’hui à sa moisson en individuels une médaille d’or et une médaille de bronze en équipe. À quatre – le -90 kg Nishiyama étant blessé au genou et aucun remplaçant n’ayant été prévu – avec un lourd à éclipse, les masculins japonais sauvent le bronze. Au moins l’occasion de revoir en action l’extraordinaire -73 kg Shohei Ono, étincelant une nouvelle fois. Le Japon repart avec beaucoup de travail, mais aussi quelques très belles assurances et une première place confortable au classement des nations. De quoi être serein, malgré les manques affichés et la nouvelle déroute des féminines.

Le Brésil prend ses marques
Quant au Brésil, le pays hôte, en équipes comme en individuels, les garçons ont assez largement failli, ce qui empêche le groupe de réussir un championnat du monde historique. Mais les féminines se sont montrés à la hauteur des grandes nations pour la première fois de leur histoire. L’argent des Brésiliennes indique la montée en puissance d’un groupe jeune et qui ne cesse de s’étoffer. Elles reviendront encore plus fortes.

 

Retrouvez ci-dessous les tableaux finaux des deux tournois par équipes.

L’INTEGRALITE DE LA 7EME ET DERNIERE JOURNEE : LES EQUIPES

00h30. L’or pour les Japonaises et les Géorgiens
Fanny en individuel (1 argent et 2 bronze), les Japonaises sauvent leur championnat en remportant la finale par équipes 3-2 face aux Brésiliennes. C’est au cinquième combat que tout s’est joué, la lourde Tachimoto immobilisant Maria « Sousou » Suelen Altheman en toute fin de combat.
Chez les hommes, la Géorgie s’impose 3-2 à la Russie. En -66 kg, Alim Gadanov confirme son sursaut d’orgueil après ses championnats individuels ratés et le champion olympique Lasha Shavdatuashvili sa méforme persistante – battu au deuxième tour en individuel et trois fois sur trois aujourd’hui. Ura-nage pour yuko, puis waza-ari sur okuri ashi-barai. En -73, le Russe Kodzokov renverse la vapeur in extremis. Mené d’un waza-ari et de deux yuko par Rekhiashvili, il lance un uchi-mata flamboyant et s’en vient frapper les mains de son coach. 2-0 pour la Russie mais la Géorgie a de la ressource. En -81, le vice-champion du monde Tchrikrishvili contrôlait Sirazhudin Magomedov deux pénalités à un. 2-1 pour la Russie mais rebelote entre Lipartelliani et Denisov, soit 2-2 et la balle dans le camp des lourds pour une revanche du quart de finale d’hier entre Okruashvili et Mikhaylin. Et contre toute attente c’est le tsar russe qui cédait sur une glissade enchaînée en immobilisation par le mastodonte géorgien.

22h. Russie-Géorgie… Pour tout savoir avant la finale
Ce que les deux équipes ont fait ce matin, c’est ici, en vidéo

21h45. La France remporte le bronze, Louette décisive
France-Pays Bas, une baston européenne à la mode. Pas de Lucie Décosse sur le tapis aujourd’hui, pas de Kim Polling non plus côté néerlandais, mais un vrai gros match. Alors que Laëtitia Payet menait dans le premier combat (yuko) face à Birgitt Ente, cette dernière lâchait les chevaux et mettait un yuko et un waza-ari à la Française.
C’était mal engagé, plus encore après qu’Hélène Receveaux ait lâché le 2e point face à Franssen. Il fallait alors une Clarisse Agbegnenou impeccable face la médaillée mondiale Anicka Van Emden. Pas de souci pour la championne d’Europe française : son ko-uchi (waza-ari) enchaîné au sol, mettait un terme au suspense au bout de trois minutes. Puis c’était à la maîtresse tacticienne Gévrise Emane, de « retour » dans sa catégorie des -7kg, de faire parler son expérience face à la n°2 Néerlandaise derrière Kim Polling, Linda Bolder. Deux pénalités contre Gévrise, trois contre Bolder à deux secondes du terme dans un combat où la dernière cherchait beaucoup le corps à corps… sauf que Gévrise reculait sur ces dernières secondes. Shido, trois pénalités partout. Golden score et tout à refaire. La double championne du monde maîtrisait bel et bien son sujet et faisait encore pénaliser (un peu durement peut-être) Linda Bolder.
2-2, balle au centre et c’était à Lucie Louette de l’emporter face à une autre -78kg, Iris Lemmen, victorieuse de deux European Cup cette année année mais clairement en-dessous du niveau de la championne d’Europe française. En fait, Louette, après quelques séquences d’observation, allait la passer à la moulinette : waza-ari sur un enchaînement uchi-mata/harai-goshi qui déroulait Limmen, yuko sur un o-uchi-gari sec et encore yuko en contre.
Lucie Louette avait le sourire, les Bleues aussi. La France repartira de Rio avec du bronze par équipes dans les bagages. Dans l’autre match, Cuba est venu à bout de la Corée du Sud dans un 5e combat décisif également, grâce à sa championne du monde et olympique des +78kg, Idalys Ortiz.

21h30. Le résumé du France-Chine féminin

19h. Les finales
Féminines : Brésil – Japon
Masculins : Géorgie – Russie

18h45. Féminines. Repêchages. La France écrase la Chine
Laëtitia Payet au sol, Hélène Receveaux et Clarisse Abgbegnenou pour deux autres points décisifs, les Françaises ont écrasé les Chinoises 5-0 avec les victoires de Gévrise Emane et Emilie Andéol lors de ce tour de repêchages. Le bronze se jouera contre les Pays-Bas

18h30. Les demi-finales
Féminines
Brésil – Corée du Sud
Japon-Pays Bas

Masculins
Ouzbékistan-Géorgie
Russie – Corée du Sud

16h30. Féminines. Altheman malgré Louette : le Brésil écarte la France
La tâche s’annonçait compliquée, elle l’a été, même si les Françaises y ont cru jusqu’au bout. Battue d’entrée sur un seoi d’Eleudis Valentim (waza-ari), Lucile Duport laissait ce premier point au Brésil et Hélène Receveaux tombait sur un roc nommé Rafaela Silva lors du match suivant : trois yuko (contre en uchi-mata, de-ashi-barai…) et un waza-ari, la jeune Française a été complètement dépassée par la championne du monde. 0-2, mais Clarisse Agbegnenou mettait une clé à Mariana Silva et Gévrise Emane gérait Maria Portela aux pénalités pour remettre la France et le Brésil à égalité. Le main sur le coeur puis l’index sur le front, « Gé » indiquait d’ailleurs au clan français qu’il fallait y croire. Un message bien entendu par Lucie Louette pour affronter Altheman, vice championne du monde à l’issue d’une très belle saison qui l’avait d’ailleurs propulsée n°1 mondiale avant ces mondiaux. Lucie Louette a tout donné, attaquant en seoi, cherchant l’ouverture sur o-soto, mais la pression physique de la Brésilienne finissait par la faire craquer. Un mouvement en bordure était même annoncé ippon avant d’être ramené à waza-ari. Louette mettait un yuko sur seoi, n’abdiquait pas. La Française a fait son match mais c’était tout simplement trop dur. La France est battue 3-2. Elle affrontera la Chine en repêchages.

15h45. Masculins. La Géorgie sort la France
La folie allait-elle s’emparer de l’équipe de France dans ce 1er tour digne d’une finale contre la Géorgie, comme elle avait poussé l’Allemagne sur le tapis voisin à éliminer le Brésil chez lui lors d’un dernier combat où Toelzer ipponisait Rafael Silva ? David Larose, en tout cas, lançait parfaitement ses partenaires, alors que Captain’ Riner massait les épaules de Pierre Duprat désigné pour le combat suivant. Yuko sur une attaque de jambe, puis waza-ari en contre en bordure de tapis contre le champion olympique Lasha Shavdatuashvili. Le combattant de Sainte Gen’, qui semblait un peu cuit rapidement dans le combat, se plaignant des côtes puis du genou, ne craquait pas. Un travail bien fait. La France menait 1-0. Pierre Duprat n’était pas loin de doubler la mise, mettant une grosse pression sur Tatalashvili, vice champion d’Europe des -73kg. Mais il laissait le point pour une petite pénalité, 1-1. C’était au tour de Loïc Piétri de monter sur le tapis : en face, le champion d’Europe Tchrikishvili. Un sacré match, mais le champion du monde français était, c’est logique, fatigué, et se faisait contrer son morote inversé pour waza-ari avant de prendre un uchi-mata dans la foulée. 1-2 Axel Clerget n’avait pas d’autre choix que de gagner contre le chef de file géorgien, Varlam Liparteliani, viee champion du monde hier. Et alors que les deux hommes engageaient bien la baston, le Français saisissait le pantalon. Hansokumake ! La  Géorgie venait de sortir la France. Teddy Riner déclinait le combat pour du beurre contre Okruashvili avec une tape dans la main et les Français s’avançaient tête basse pour aller saluer… Les dix combattants étaient face à face, jusqu’à ce que les arbitres demandent aux deux lourds de disputer le combat… Un peu ubuesque. Riner l’emportait deux pénalités à une, mais la France, elle, est sortie. 

15h. Féminines. La France sort la Colombie 4-1
Il fallait être concentré contre la Colombie de la championne du monde des -70kg Yuri Alvear. Côté français, Lucile Duport lançait parfaitement le wagon bleu : uchi-mata pour ippon sur la jeune Lucumi. Ce ne fut pas le même scénario pour Hélène Receveaux, alignée contre Amaris et qui se faisait ipponiser en bordure. Un partout, il ne fallait déjà plus faure d’erreur. Mais la vice championne du monde Clarisse Agbegnenou faisait le job tout comme Fanny Estelle Posvite et son o-soto-gari pour ippon sur Carabali remplaçante d’Alvear qui souffrait un doigt cassé… une combattante pas encore junior ! 3-1, l’affaire était dans le sac, d’autant qu’Emilie Andéol (+78kg), réglait Cortes (waza-ari puis ippon). C’est le Brésil de Miranda, Silva, Portela et Altheman qui attend les tricolores au prochain tour. Ça promet !

Tableaux féminins

La compo de l’équipe de France : L. Payet, L. Duport, A. Pavia, H. Receveaux, G. Emane, C. Agbegnenou, L. Décosse, F. E. Posvite, L. Louette, E. Andéol. (P. Gneto et A. Tcheuméo non retenues)

Quart A :
– Japon – Russie ;
– USA – Kazakhstan.

Quart B :
– Cuba – Mongolie ;
– Algérie – Pays-Bas.

Quart C :
– Chine – Equateur ;
– Corée du Sud – Australie.

Quart D :
– Brésil – Allemagne ;
– France – Colombie.

 

Tableaux masculins

La compo de l’équipe de France : D. Dragin, D. Larose, P. Duprat, U. Legrand, L. Piétri, A. Schmitt, A. Clerget, J.S. Bonvoisin, T. Riner. (J. Allardon et C. Maret non retenue)

Quart A :
– Russie – Colombie ;
– Cuba – Uruguay.

Quart B :
– Brésil – Allemagne ;
– Kazakhstan – Corée du Sud.

Quart C :
– Japon – Nouvelle-Zélande ;
– Ouzbékistan – Ukraine.

Quart D :
– Géorgie – France ;
– Mongolie – Algérie.

 

Coup d’envoi à partir de 9 h 00 (14 h 00 en France).