Un club formateur… sur tous les fronts

520 licenciés pour 29 000 habitants – Présidente : Aurélie Rochereau – Directeur technique sportif : Gilles Hays – Professeurs : Vincent Rochereau, 2e dan – Antoine Godard, 2e dan – Elric Toussaint, 2e dan – Budget : 140 000 euros.

A Saumur, le judo rivalise avec le sport roi de la cité militaire : l’équitation et son célèbre Cadre Noir. Clin d’œil de l’histoire, le judo a été amené à Saumur, il y a 60 ans, par un militaire, Gil Merck. Le club, tel qu’il existe aujourd’hui a été créé dans les années 90 par Guy Batard et depuis, la section s’est étendue. Avec 520 licenciés, le JCBS est d’ailleurs le club le plus important de la commune. Et pour cause, il est partout ! Pour commencer : dans les établissements scolaires de la ville. Chaque année, la section y anime des initiations. Au total, une quinzaine de classes est concernée. Un professeur est entièrement dédié à l’activité. « Cela nous permet de sensibiliser plus de 1 000 enfants par an », confie Gilles Hays, directeur technique sportif du JCBS. « Nous travaillons avec les écoles depuis toujours, l’important pour nous c’est la formation », ajoute-t-il. Cette initiative leur permet aussi de détecter de jeunes combattants. Un bon moyen pour pallier les départs. « Saumur est à cheval sur la Loire, et située entre Angers, Tours et Nantes. Nous n’avons pas d’université donc nos jeunes nous quittent après l’obtention du Bac. Ils se tournent vers des clubs plus proches de leur fac. Entre 18 et 30 ans, nous avons un creux », confirme l’entraîneur. Le Bassin Saumurois a donc décidé de miser sur la formation et d’abandonner l’élite. Depuis près de dix ans, la section n’organise plus de grands tournois et se concentre davantage sur les interclubs et rendez-vous locaux. « L’organisation des compétitions s’est compliquée avec les labels, nous n’avons plus les moyens… Nous ne voulons pas cibler tout notre budget sur une poignée de judokas, ça ne serait pas juste. Les fonds et le matériel sont à disposition du club, dans sa globalité », explique Gilles Hays. Pour preuve, le JCBS dispose de trois dojos afin de facilité l’accès à la pratique. « C’est plus facile de déplacer un professeur, plutôt que les enfants », constate le cadre technique. Le dojo Gil Merck, de 350m², fonctionne, quant à lui, en permanence en ouvrant quotidiennement de 9h à 21h30. « Taïso, jujitsu, judo… Toute la journée, des activités sont proposées pour que tout le monde puisse pratiquer. La discipline doit s’adapter au rythme de nos licenciés», détaille l’entraîneur. Rester au judo pur et simple ? La recette fonctionne. Depuis les années 90, Gilles Hays a formé plus de 200 ceintures noires. Une cinquantaine s’entraîne actuellement sur les tatamis saumurois.

© Judo Club du  Bassin Saumurois

40 licenciés en handijudo

Le JCBS ne s’arrête pas là. Depuis sa création, le club dispose d’une section handijudo qui accueille une quarantaine de combattants âgés de 10 à 45 ans. « Le judo, avec l’équitation, est le sport qui correspond le mieux aux handicapés puisqu’il développe l’acceptation du touché. Il permet aussi d’appréhender la chute et de maîtriser l’agressivité pour les personnes atteintes de déficiences mentales», détaille le professeur, également ancien responsable du sport adapté à la ligue régionale. « Pour les malvoyants, c’est un sport ludique et rassurant car grâce au kim’ ils ont un repère tactile », ajoute-t-il. Le handijudo se déroule dans les mêmes dojos que les autres cours. « Ils sont intégrés au club mais nous ne les forçons pas. Au bout de quelques années, et en fonction du handicap, certains viennent même s’inscrire directement au club sans passer par cette section spécialisée », souligne le coach. Une compétition leur est aussi réservée. Celle-ci est entièrement organisée par la section sportive du collège, composée d’une trentaine de jeunes. Ces derniers assurent aussi l’arbitrage des combats. Plus improbable, le judo a investi les écuries du Cadre Noir. Outre l’accès au dojo de l’école militaire, le JCBS assure depuis treize ans une formation auprès des écuyers. « Mes judokas avaient participé à une séance d’équitation, malgré les chutes ils remontaient directement en selle. Cela avait impressionné les responsables de l’ENE », se rappelle Gilles Hays. Au cours de leur cursus, les écuyers réalisent donc 30h de judo. « Ils s’habituent à la chute et en oublient l’appréhension. Certains mettaient du temps à se relever après leur première cascade, ce n’est plus le cas », s’amuse le professeur.

Cette diversité, Gilles Hays espère la faire perdurer au sein du JCBS. L’an dernier quatre jeunes de 18 ans ont passé leur Certificat de Qualification Professionnelle. Peu à peu, ils sont intégrés à la gestion des cours. Un bon moyen pour préparer à l’avenir. « Je compte prendre ma retraite d’ici 4 ou 5 ans, je veux laisser du monde derrière moi, passer le relais », confie le technicien. La transmission, c’est aussi ça le principe judo.