État des lieux du judo japonais pour cette reprise
Cette coupe du Kodokan était désertée par ses jeunes cadors dorés à Rio (Naohisa Takato, Masashi Ebinuma et Shohei Ono). À défaut de ces golden boys – et des leaders de Tenri qui ont accompagné Ono dans sa suspension – le Japon scrutait le retour de sa princesse, Kaori Matsumoto. La seule championne olympique japonaise à Londres a entamé à Chiba la route qui doit la mener aux JO 2016 pour tenter un retentissant doublé. Ce championnat automnal a permis à la jeunesse japonaise de gagner quelques laisser-passer vers de plus grands rendez-vous. Misato Nakamura a aussi effectué son retour à la compétition après plus d’un an sans tournoi, tout comme Hiroaki Hiraoka ses premiers pas en moins de 66 kilos et Daiki Kamikawa a gagné de nouveau. Des noms frais vous en découvrirez quelques uns sur cette compétition qui lance la saison japonaise avant le Grand Chelem de Tokyo à la fin du mois.
MASCULINS
-60kg : 1) Shinji Kido 2)Yûma Oshima 3) Toru Shishime et Ryô Kawabata
Takato ? Non. Absent comme les autres médaillés mondiaux de Rio de Janeiro, il a laissé ses vassaux s’expliquer à Chiba. Shinji Kido remporte la catégorie pour la deuxième fois de sa carrière. Rien à signaler chez ce garçon, 75e mondial, qui n’a pas encore montré de grandes choses à l’international. Inscrit dans le tableau, Tadahiro Nomura (38 ans) a déclaré forfait quasiment la veille de la compétition. Les perspectives d’un retour en équipe nationale du triple champion olympique s’amenuisent.
-66kg : 1) Joshiro Maruyama 2) Ren Miyazaki 3) Kengo Takaichi et Yûhei Rokugô
Hiroaki Hiraoka, lutin magique mais perdant magnifique durant ses années en moins de 60 kilos (2e des JO, 2 fois vice champion du monde), a décidé de monter de catégorie. Son genou soigné et son seoi affûté, le garçon espérait bien troubler le jeu dans une catégorie déjà embouteillée au Japon avec Masashi Ebinuma et l’ancien champion du monde Junpei Morishita (sorti au premier tour). Pari raté puisqu’il sort dès son premier combat. Mais on le reverra. La victoire est revenu au jeune Joshiro Maruyama (20 ans), fils de Kenji (7e des JO 1992) et frère de Goki, l’un des moins de 81 kilos qui monte au Japon. En finale, il plante Ren Miyazaki sur un bel o soto-gari.
-73kg : 1) Keiichi Ota 2) Yasuhiro Awano 3) Hiroyuki Akimoto et Takenori Nakamura
En l’absence de Shohei Ono le magnifique, toujours suspendu, et de Riki Nakaya le jeu était particulièrement ouvert chez les moins de 73 kilos. C’est Keiichi Ota, sans référence notable, qui tire les marrons du feu en disposant du médaillé mondial 2010, Yasuhiro Awano, en finale. On notera la 3e place de Hiroyuki Akimoto, roi du monde et des retournements en 2010.
-81kg : 1) Takanori Nagase 2) Takahiro Nakai 3) Tomohiro Kawabata et Kenya Kohara
Dans cette catégorie aussi, la jeunesse a frappé. Takanori Nagase, 20 ans et vainqueur des Universiades, a validé son billet pour l’international en dominant en finale, à la décision, le dolent Takahiro Nakai. Sans doute la catégorie masculine la plus ouverte au Japon, sans leader affirmé.
-90kg : 1) Hirotaka Katô 2) Matthew Becker 3) Daiki Nishiyama et Takeshi Sugawara
Kato, c’était la mode 2012-2013. Un vainqueur du Zen Nihon débarqué de Chiba avec sa drôle de posture et ses amenés aux sols diaboliques. S’il a du mal à s’imposer aux meilleurs étrangers (3e à Moscou et Paris), il fait la loi dans les compétitions de l’archipel. Matthew Becker américano-japonais se glisse à la deuxième place devant un revenant, Daiki Nishiyama, double vice-champion du monde 2010 et 2011 derrière Ilias Iliadis.
-100kg : 1) Tatsuki Masubuchi 2) Ryosuke Takahashi 3) Shun Saito et Mizuki Otozu
Comme en moins de 81 kilos, cette catégorie n’a pas de tête plus haute que les autres au Japon. Takashi Ono, sélectionné aux Mondiaux, n’était pas engagé. Tatsuki Masubuchi remporte la compétition après une deuxième place en 2011. RAS.
+100kg : 1) Daiki Kamikawa 2) Masaru Momose 3) Keita Iwao et Hisayoshi Harasawa
Kamikawa ! Le dernier mortel à avoir vaincu Teddy Riner est encore vivant et se débat toujours pour retrouver son niveau de 2010. Il remporte cette Coupe du Kodokan devant Masaru Momose et en l’absence de Ryu Shichinohe. « Kung-fu Panda 2 » bientôt sur vos tatamis ?
FÉMININES
-48kg : 1) Yuriko Morisaki 2) Hiromi Endo 3) Ami Kondô et Emi Yamagishi
Morisa qui ? Yuriko Morisaki. La surprise du chef de cette Coupe du Kodokan. Une inconnue, universitaire, qui a traversé tout son tableau. Jusqu’à dominer en finale Hiromi Endo, championne du monde cadette et junior, vainqueur du Masters et 5e mondiale à 20 ans. En attendant le retour de Haruna Asami au Grand Chelem de Tokyo, le Japon a peut-être trouvé une nouvelle perle chez les mini-machines avec Yuriko Morisaki.
-52kg : 1) Misato Nakamura 2) Ai Shishime 3) Eri Kakita et Natsumi Gomi
Avec Matsumoto, c’est l’autre retour marquant de cette Coupe du Kodokan. Blackboulée par la Nord-Coréenne aux JO 2013, Misato Nakamura a ruminé cet échec de longs mois. Un genou tout neuf, des vacances et le temps de reconstruire son judo. Voilà la recette de la double championne du monde pour gagner cette Coupe du Kodokan et postuler à mieux. Avec Yuki Hashimoto (3 des Mondiaux 2013) et Takumi Miyakawa, Nakamura a trouvé avec qui parler. Ces trois-là s’expliqueront au Grand Chelem de Tokyo.
-57kg : 1) Kaori Matsumoto 2) Nae Udaka 3) Christa Yamaguchi et Megumi Ishikawa
La louve est lâchée. Après un an à lécher ses plaies (coude) et digérer les sollicitations médiatiques du seul titre olympique japonais, Kaori Matsumoto est de retour avec les Mondiaux 2014 puis les JO 2016 en ligne de mire. Un essai aux championnats des entreprises (3e) et une victoire nette dimanche à Chiba où elle a planté ses crocs dans la gorge de la concurrence. Megumi Ishikawa et Nae Udaka, la meilleure nipponne du moment en l’absence d’Anzu Yamamoto, ont craqué sous les vagues d’attaques de la championne olympique 2012. « J’ai combattu à l’instinct et j’ai retrouvé mes sensations d’avant mon arrêt. Pour cela, je me suis entraînée huit heures par jour. Maintenant, je pense au Grand Chelem de Tokyo » déclara-t-elle. Où elle devrait retrouver Automne Pavia qui ne l’a jamais battue.
-63kg : 1) Natsumi Katagiri 2) Miho Minei 3) Miku Tashiro et Yuka Oosumi
Avec Kana Abe et Miki Tanaka, le Japon dispose de deux fortes filles mais pas d’armes fatales face à la nouvelle vague menée par Clarisse Agbegnenou et Yarden Gerbi. Alors on brasse. Natsumi Katagiri récolte les lauriers. Une quasi inconnue devant des petites jeunes comme Miho Minei, championne d’Asie cadettes en 2012, et Miku Tashiro, championne du monde junior 2010.
-70kg : 1) Karen Nunira 2) Chizuru Arai 3) Tomoe Ueno et Yoko Ono
C’est la fille forte du moment au Japon. Karen Nunira gagne toutes les compétitions auxquelles elle participe. Déjà lauréate des championnats universitaires et des championnats du Japon, elle remporte cette Coupe du Kodokan. L’éclosion à l’internationale de la Ghanéo-japonaise est attendue.
-78kg : 1) Tomomi Okamura 2) Miyu Hama 3) Mami Umeki et Shiori Yoshimura
Tomomi Okamura facture plusieurs places d’honneur en world Cup, Grand Prix et Grand Chelem, mais rien dans les grands championnats à cause de la concurrence d’Akari Ogata et Ryuka Sato (absentes à Chiba). Elle fait le job pour foncer vers le titre.
+78kg : 1) Sara Asahina 2) Suzuka Ichihashi 3) Miku Eboshi et Kanae Yamabe
La lycéenne Sara Asahina n’en finit plus de surprendre. Championne du monde cadettes, troisième à Tokyo la même année, ce petit gabarit continue son ascension express. A 17 ans, elle pointe déjà dans le sillage de Megumi Tachimoto. Sa victoire à la coupe du Kodokan laisse naître de beaux espoirs : « Je suis la plus jeune alors je n’ai rien à perdre avoue-t-elle. Je me bats avec le mental d’un challenger. Je veux être aux JO 2020 à Tokyo donc je regarde déjà Rio 2016 d’abord. Je veux être à Rio dans 3 ans ». Le message est passé.