Quelques semaines après la coupe européenne cadets de Strasbourg, c’est l’Île-de-France, et la ville de Nanterre (Hauts-de-Seine) qui accueillait cette première coupe européenne juniors en France. Trois-cent-dix judokas, de quinze pays présents, avec d’importantes délégations venues d’Azerbaïdjan, Allemagne, Pays-Bas et Angleterre étaient de la partie le week-end dernier.
Une compétition qui était également le deuxième tournoi sélectif pour l’équipe de France juniors de Gilles Bonhomme et Olivier Mélicine (féminines) et Meheddi Khaldoun et Stéphanie Possamai (masculins) après l’Italie (à Lignano). À l’instar de Strasbourg, cet évènement tricolore avait pour principal intérêt de confirmer des leaderships, dans installer d’autres ou enfin de rebattre les cartes dans les catégories sans tête d’affiche.
Une configuration dans laquelle la France a tenu son rang, avec six titres, sept médailles d’argent et douze de bronze pour un total de vingt-cinq podiums. Première nation (chez les féminines et les masculins), la France n’a toutefois pas écrasé la compétition de son empreinte puisque les Néerlandais finissent à quatre titres, une deuxième place et trois médailles de bronze. L’Azerbaïdjan et l’équipe masculine d’Elkhan Mammadov (champion du monde 2013 et champion d’Europe 2017) termine à la troisième place du classement avec huit médailles (dont deux titres) et onze garçons classés sur seize engagés. Un ratio plutôt intéressant.
L’Azerbaïdjan, dont la présence très active sur le circuit européen «jeunes» depuis le début de saison est d’ailleurs frappante. Avec un budget que l’on estime conséquent, le pays d’Elnur Mammadli (champion olympique 2008 en -73kg) donne l’impression de vouloir brasser, tester et préparer les prochaines générations très tôt pour le très haut niveau seniors. La raison ? Ne pas connaître un nouveau fiasco après celui de Tokyo (aucune médaille olympique). À voir si les premiers fruits de cette politique seront récoltés en août (championnats du monde) et en septembre (championnats d’Europe).
Côté français, les six titres vont à six catégories légères ou intermédiaires. Chez les féminines, Pauline Cuq (-48kg, DAN 79), Chloé Devictor (-52kg, FLAM 91) et Melika Auchecorne (-63kg, AS Chelles Judo) montent sur la première marche du podium alors que chez les garçons se sont Enzo Jean (-60kg, Stade Bordelais Judo), Driss Masson-Jbilou (-66kg, PSG Judo) et Daniyl Zoubko (-73kg, Stade Bordelais Judo) qui remportent l’or.
Six judokas qui confirment ou prennent le leadership de leur catégorie. La très bonne opération est pour Auchecorne qui marque des points dans une catégorie sans leader affirmée. Cuq (victorieuse lors de la coupe européenne juniors de Pologne, troisième à la coupe européenne juniors d’Italie), Devictor (championne du monde en titre), Jean (en bronze à Lignano), Masson-Jbilou (deuxième en Italie) et Zoubko (vainqueur à la coupe européenne juniors du Portugal) renforcent, eux, leur position de tête de pont de leur catégorie respective.
Trois catégories ont d’ailleurs vu une finale 100% française : en -48kg, en -52kg et -66kg. En -48kg, le duel Pauline Cuq/Léa Bérès (Stade Bordelais Judo) continue, avec une troisième finale cette saison entre les deux jeunes femmes après Aix-en-Provence et les championnats de France. Une catégorie nettement dominée par ces deux judokates de Nouvelle-Aquitaine, qui devraient logiquement conduire le staff à la doubler pour les championnats du monde mi-août en Équateur. Bérès a en effet terminé en argent en Italie, en bronze lors du Grand Prix seniors du Portugal début janvier et est médaillée européenne juniors 2021. En -52kg, remake également de la finale des championnats de France entre Chloé Devictor et Alya De Carvalho (junior première année, AS Chelles Judo). Si celle-ci pensait bien tenir la victoire sur un uchi-mata pas loin du ippon, c’est finalement la protégée de Kilian Le Blouch qui s’impose aux pénalités.
Enfin en -66kg, Driss Masson-Jbilou confirme sa dynamique actuelle, battant un Maxime Moudanga (Arts Martiaux Saint-Gratien) pourtant très en verve samedi sur le tatami de Nanterre.
Si donc les légers français ont brillé, ce sont les Allemandes, Néerlandais et Azerbaïdjanais qui ont trusté les victoires dans les autres catégories : un doublé allemand en -70kg avec l’or pour Sarah Mehlau devant Samira Bock (victorieuse en Italie), un doublé néerlandais en -78kg avec le titre logique de Yael Van Heemst (vice champion d’Europe et du monde 2021) qui devance sa compatriote Lieke Derks (en or au Portugal et en Italie). Chez les masculins, Ismail Zamanov (-81kg) et Vugar Talibov (-90kg) font retentir l’hymne azerbaïdjanais deux fois de suite. Chez les +78kg et +100kg c’est encore les Pays-Bas qui tirent leur épingle du jeu, avec Carmen Dijkstra et Jules Blom, un jeune colosse de plus de deux mètres.
Enfin, mention spéciale doit être faite de la catégorie des -81kg, dont le bloc final fut d’une très bon niveau européen, grâce à l’Ukrainien Vsevolod Klymov et au Suisse Aurélien Bonferroni. Élève de Gilles Spaggiari au JC Carouge, ce judoka (de la même génération qu’Arnaud Aregba, qu’il bat nettement pour le bronze), aux mouvements d’épaule très dangereux, sera l’un des judokas continentaux à suivre cette saison. Et, sans doute, dans les années à suivre.
Prochaine échéance pour l’équipe de France juniors, la coupe européenne d’Autriche (Graz), les 4 et 5 juin prochains.
Retrouvez les résultats complets ici : https://lespritdujudo.com/coupe-europeenne-juniors-de-france-2022/