La France possède décidément un vrai problème de riche dans la catégorie des -78kg. Il y a bien sûr Audrey Tcheuméo, double médaillée olympique et vice championne du monde à Doha en mai. Madeleine Malonga, finaliste du Masters début août et vice championne olympique à Tokyo. Et Fanny-Estelle Posvite, en bronze au Masters et en argent cet après-midi à Abou Dhabi. Battue seulement en finale par la rouée Italienne Alice Bellandi, n°1 mondiale, la judoka du RSC Champigny ne lâche pas l’affaire avec une huitième médaille en Grand Chelem et un troisième podium sur le circuit FIJ cette année 2023. Ce jeudi, Posvite bat les deux Allemandes du jour, Anna-Maria Wagner, finalement en bronze et Alina Boehm. Non sélectionnée pour les championnats d’Europe (Tcheuméo et Malonga seront les titulaires à Montpellier), Posvite s’accroche et joue sa carte à fond.
De l’argent et du bronze pour Léa Fontaine. Onzième mondiale, la Génofévaine remonte sur un podium de Grand Chelem après presque un an de disette (Tokyo 2022). Un sumi-gaeshi bien contrôlé jusqu’en immobilisation contre l’Italienne Erica Simonetti et voilà Fontaine dans le top 10 mondial dès la fin de semaine. Dernière chance de médaille Marc-François NGayap, pour sa première participation en Grand Chelem, termine à une intéressante cinquième place en -100kg. Monté de catégorie il y a peu, l’Asniérois se fraie un chemin jusqu’en demi-finale. Droitier, adepte des ashi-waza, le frère aîné des NGayap, battu par le Serbe Kukolj en demi-finale, se fait surprendre d’entrée dans le combat pour le bronze par le pieux autrichien Aaron Fara qui l’arrache de face. Sa spécialité ! Une attaque que le Français ne peut ni maîtriser ni esquiver. Un judoka qui méritera toutefois d’autres chances dans ce genre d’évènement.
La France qui termine donc à une médaille d’or, une d’argent et deux de bronze. Trois médailles sur quatre sont féminines, mais l’or est masculin avec Cédric Revol. Un résultat qui la met à la troisième place, derrière l’Italie et le Canada. Officiellement. Car, le paradoxe est béant : si les athlètes russes et biélorusses ont le droit de participer sous bannière neutre, leurs résultats ne sont pas, eux, comptabilisés.
Et pourtant. Tout le monde retiendra de ce Grand Chelem l’impressionnante démonstration collective russe. Aux deux titres d’hier (Madina Taimazova en -70kg et David Karapetyan en -81kg) s’ajoutent aujourd’hui ceux d’Arman Adamian en -100kg et Inal Tasoev en +100kg. Les deux champions du monde de Doha, auteurs d’une journée pleine de maîtrise. Mention spéciale à Adamian, intouchable, effrayant même d’efficacité impactante sur ses mouvements favoris (tani-otoshi et ko-uchi-gari). Le succès aurait pu être plus impressionnant encore, si Mikhail Igolnikov en -90kg, vainqueur consécutivement à Oulan-Bator et Bakou, n’avait pas été un peu naïvement battu par Vugar Talibov, vice champion du monde juniors au début du mois en huitième de finale. Avec Ramazan Abdulaev en -60kg et Makhmadbek Makhmadbekov en -73kg, l’ossature de l’équipe masculine russe qui pourrait être présente à Paris prend de plus en plus tournure. Et elle a de quoi faire peur.
L’équipe italienne féminine, avec trois titres pour Assunta Scutto, Odette Giuffrida et donc Bellandi et deux cinquièmes places – la championne du monde juniors des -57kg, Veronica Toniolo est battue par la Russe Galitskaia en tableau – confirme elle aussi sa densification en vue de Paris.
Prochaine étape, et elle sera importante, les championnats d’Europe de Montpellier. Un rendez-vous majeur de cette fin d’année.
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